Lourdes 1985, fragile équilibre théologique

A quelques jours de l'ouverture de l'assemblée plénière, Mgr Vilnet revient sur la controverse des Pierres vivantes dans une interview à La Croix. Le recours à l'histoire est une nouvelle échappatoire pour esquiver la polémique. Reste que la perspective historique n'épuise pas la question catéchétique qui recèle, avant tout, des enjeux théologiques déterminants notamment concernant la définition de l'Église dans ses deux dimensions enseignante et enseignée 499 .

‘A propos des publications catéchétiques, c'est une question fort ancienne qui est revenue à la surface : comment concilier la transmission de la foi en son intégralité et les chemins de l'appropriation de cette foi par des personnes et des groupes en leur diversité ? Dans les polémiques de ces dernières années, bien des artisans de la catéchèses ont été troublés par une sorte de soupçon systématique. Mais eux-mêmes savent qu'on ne se libérera jamais totalement de cette question. Il faut continuer à l'assumer loyalement et sereinement dans une double fidélité à Dieu et fidélité à l'homme.’

Lors de la réunion à Lourdes de l'épiscopat réuni à huis clos en octobre 1985, le président Vilnet associe étroitement le dossier de la catéchèse à la préparation du synode romain. Au terme d'un débat relativement bref et consensuel, les évêques français rappellent le caractère incontournable de Vatican II. Point de contact avec la modernité, le concile invite, selon le père Vilnet, l'Église à forger cette conviction que ”seul l'Évangile peut aider notre culture à redevenir une civilisation d'amour, où les personnes passent avant les choses, l'éthique avant la technique, le pardon avant la justice”, rapporte Yves de Gentil-Baichis 500 .

L'assemblée plénière adopte, à une large majorité (80 oui et 12 non), le principe d'un ouvrage pour adulte sous la forme d'un exposé complet de la foi 501 . Les pères Vilnet et Gilson sauvent cependant l'essentiel : en dépit d'une forte minorité d'opposition, l'assemblée plénière conserve le texte de référence par 80 voix contre 27 votes négatifs et quatre votes blancs. A l'heure de la clôture, le 30 octobre, le président peut donc affirmer fermement qu'il ”n'est pas question de remettre en cause les principes conducteurs que nous nous sommes donnés en 1979”, indique-t-il 502  :

‘En pensant à tous ceux qui dépensent le meilleur d'eux-mêmes dans la catéchèse des enfants et des jeunes, nous refusons le climat de polémique, qui, persistant, en viendrait à décourager beaucoup d'entre eux. Jusque dans nos divergences d'appréciation, que s'instaure enfin le parti pris de bienveillance et le minimum de sérénité sans lesquels il serait toujours plus difficile d'annoncer la Bonne Nouvelle”, précise le président de la conférence épiscopale à l'adresse de l'assemblée épiscopale.’
Notes
499.

Mgr Vilnet, ”Le concile, chance de l'Église pour affronter la modernité”, La Croix, 3 octobre 1985

500.

Yves de Gentil-Baichis, ”Vatican II à revivre”, La Croix, 27 & 28 octobre 1985

501.

Yves de Gentil-Baichis, ”Éveiller la foi dans le cœur des enfants”, La Croix, 29 octobre 1985

502.

Bernard Le Léannec, ”Mgr Vilnet : la politique doit retrouver sa noblesse”, La Croix, 31 octobre 1985