Le synode extraordinaire, épilogue conciliaire

Deux ans après la promulgation du nouveau code de droit canon, le synode extraordinaire propose une butée dans les débats qui ont animé l'après concile 535 . Cette proposition de l'archevêque de Bordeaux intervient comme en écho aux propos de Mgr Collini indiquant que toute ”ouverture sans vigilance dérape en aventure, une vigilance sans ouverture se fige en sclérose” 536 . Au-delà de l'œuvre de clarification des Pères synodaux, c'est une nouvelle étape de la réception du concile au delà du manichéisme opposant ”d'outranciers interprètes de Vatican II” que réfute Mgr Marcus 537 . Plus optimiste, l'évêque du Mans déclare dans la presse locale voir dans la convocation du synode extraordinaire une volonté du Pape d'affirmer la vigueur de l'Église conciliaire 538 .

Mgr Favreau souhaite mettre en valeur la césure doctrinale qu'introduit le concile Vatican II dans l'histoire de l'Église. Il lui apparaît aussi nécessaire de relire le dialogue qu'entretient l'Église avec le monde tandis que le synode ne peut rester sourd aux interrogations qui travaillent l'Église dans sa mission d'évangélisation et d'annonce de la parole de Dieu 539 . Cette dernière préoccupation attire d'ailleurs l'attention de Mgr Boillon qui refuse d'expliquer la crise des vocations sacerdotales et religieuses par le seul esprit du temps. Il lui apparaît impérieux que l'Église s'affronte à ses insuffisances. Le synode doit alors révéler ”les pierres d'achoppement contre lesquelles [l'Église bute]” en dépit de Vatican II 540 .

”L'évaluation ne peut se faire dans les seuls termes de progrès et de déviation” 541 , insiste le président de la conférence épiscopale qui refuse la dichotomie instituée par la controverse postconciliaire qualifiant tantôt le concile Vatican II de pastoral ou de doctrinal. ”Un concile soi-disant pastoral, sans référence à la Tradition séculaire de l'Église, ne serait qu'une conférence d'état major pour des stratégies purement humaines”, ironise-t-il 542 .

Notes
535.

Mgr Maziers, ”La route conciliaire dans la lumière de la route d'Emmaüs”, Semaine religieuse de Bordeaux, n°30, 30 août 1985

536.

Mgr Collini, ”L'héritage”, Église de Toulouse, n°13, 23 juin 1985

537.

Église de Nantes, n°13, 13 juillet, 1985

538.

Le Maine Libre, août 1985. Au Mans, le bulletin diocésain convoque divers grands témoins pour un numéro spécial Le Concile a vingt ans. Parmi eux se trouvent NN.SS. Alix, Gouet, Huyghe, Le Cordier, Maziers et Béjot. Collectif, ”Le Concile a vingt ans”, Église du Mans, n°15, 24 novembre 1985

539.

Mgr Favreau, ”Vingt ans après le concile”, Église des Hauts de Seine, n°21, 5 juillet 1985

540.

Mgr Boillon, ”Vingt ans après le concile”, Église de Verdun, n°14, 12 juillet 1985

541.

Mgr Vilnet, ”Le concile, chance de l'Église affrontée à la modernité”, La Croix, 3 octobre 1985

542.

Ibid