Individualisme en miettes et fin de l'utopie communautaire

La cellule ”recherche et études religieuses” créée en 1978 au sein du groupe de Bayard Presse ⁶¹⁵ sollicite le sociologue Jean-Marie Donegani, chercheur au CNRS et maître de conférences à l'institut d'études politiques de Paris et le père Guy Lescanne, psychosociologue. Il s'agit de traiter les données d'une enquête menée auprès des catholiques français. Les deux spécialistes suggèrent alors de dégager sept idéaux-types pour définir le catholique français comme le consommateur, l'exilé, l'engagé, le fidèle, le fraternel, l'indifférent et le culturel. La Croix titre alors en première page : ”Catholicisme : le temps du moi-je”. ”La démarche religieuse de nombreux Français comprend une forte dimension subjective : chacun adhère à la foi librement dans le cadre d'une recherche d'harmonie avec soi-même, avec les autres et avec Dieu”, relève Yves de Gentil-Baichis ⁶¹⁶ .

Pris dans la tension de ses définitions individualistes ou communautaires, le catholicisme français se cherche une identité. En novembre 1987, Henri Bourgeois s'interroge, pour la revue Etudes,sur ce désir du catholique de ”retrouver des bases”, ”d'unifier”, de ”découvrir l'essentiel” ⁶¹⁷ . Interpellé par l'analyse du théologien lyonnais, Yves de Gentil-Baichis lui consacre un long article dans La Croix. ”Ce désir de retrouver une identité forte peut porter des signes d'espérance. Certes, il peut aboutir à une crispation sur des formules reçues, mais aussi déboucher sur des élaborations novatrices du message chrétien” ⁶¹⁸ . Au milieu du gué, le catholicisme français doit se garder d'emprunter des ” voies sans issue”. ”La cohérence de la foi est inséparable de la cohésion ecclésiale”, insiste le journaliste.