Mgr Decourtray, l'évêque des Minguettes

En juin, Nasser Jaïr et Djida Tazdaït entament une grève de la faim pour protester contre le projet de loi de Charles Pasqua. Deux dispositions législatives sont alors dénoncées : le non-renouvellement automatique des cartes de séjour de dix ans et l'expulsion administrative des immigrés en situation irrégulière. C’est dans ce contexte politique tendu que, le 23 juin 1986, Mgr Decourtray va à leur rencontre pour leur deuxième semaine de jeun. Au terme de sa visite, le primat des Gaules fait une déclaration à la presse. ”Depuis quinze ans que je suis évêque, j'ai souvent parlé au nom des handicapés. Aujourd'hui, les jeunes arabes sont les handicapés de l'espérance” ¹²²³ . L'activisme du cardinal Decourtray relayé par les prises de parole de l'archevêque de Paris finit par imposer les évêques comme acteurs du débat ¹²²⁴ .

A l'approche des élections, la commission Justice et Paix publie le 12 février 1986 un communiqué rappelant l'impératif que constitue le respect des droits de l'homme pour l'Etat français ¹²²⁵ . S'appuyant sur le texte ”Construire un avenir commun”, de mai 1985, la commission s'oppose à toute réforme du code de la nationalité tendant à remettre en cause le droit du sol. Elle dénonce également toute ”discrimination sociale ou même raciale” dans l'attribution des aides de l'Etat - notamment les allocations familiales. Concernant la politique d'immigration, la commission rappelle qu'il ”revient à la justice et non pas à la police ou à l'administration de décider de reconduire un étranger à la frontière” ¹²²⁶ .