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Les paradoxes de l’épiscopat : repli tactique

Paradoxalement, le discours épiscopal semble s'adresser davantage au monde qu'à l'Église. L'appel de Mgr Vilnet répond au souci présidentiel d’imposer l’église comme acteur incontournable du ”consensus éthique” 1266 . Le 16 décembre 1987, l'épiscopat publie une déclaration prudente en vue de l'élection présidentielle à venir. ”Ce texte est un entre-deux, qui peut décevoir par la modestie du ton”, relève les Cahiers. Il s'agit d'un réel déplacement du discours de l'Église de France dans la sphère politique 1267 .

”Elle inaugure surtout cette nouvelle forme de laïcité ouverte que de plus en plus de leaders religieux appellent de leurs vœux : sans outrepasser le cadre des lois et de leur mission, ils veulent jouer un rôle de magistrature morale et de référence en matière sociale”, relève Le Monde 1268 . Les évêques ont le souci de ne pas interférer dans les débats politiques. ”Tous les sondages notent, en effet, que si la pratique religieuse, dans la plupart des confessions, diminue, les Français attendent des autorités morales les points de repère qu'ils disent ne plus trouver dans la société civile”, poursuit Le Monde 1269 .

Au lendemain du premier tour des présidentielles cependant de nombreuses voix s'élèvent pour que les évêques dénoncent les thèses racistes du Front National qui s'installe dans le paysage politique français. Le 3 mai, le père di Falco écarte pourtant toute nouvelle intervention de l'épiscopat. A défaut, La Croix n'a d’autre choix que de publier à nouveau la déclaration du conseil permanent de décembre. Au commentaire, Yves de Gentil-Baichis s'interroge sur l'attentisme épiscopal. ”Dans la ligne du testament spirituel laissé en novembre à Lourdes par Mgr Vilnet, personne n'aurait été choqué que, dans la perspective plus ouverte, l'Église fasse entendre sa voix dans le débat sur la place des étrangers en France” 1270 . Et de citer les précédents que constituent les interventions sur le sujet des pères Decourtray, Vilnet, Delaporte, Matagrin ou Coffy.

Notes
1266.

A cet égard, la mise sous silence de la commission Justice et Paix durant l'année 1987, suite à la crise du C.C.F.D. et de ses prises de positions sur la Nouvelle-Calédonie, est révélatrice. Pierre Toulat, secrétaire de la commission, ne reprend la parole qu'en septembre 1987 à propos de la Nouvelle-Calédonie. Il reproche alors à Mgr Calvet son refus d'évoquer les termes politiques et sociaux du conflit pour en privilégier une approche doctrinale en référence à la doctrine sociale de l'Église. Dominique Chivot, ”Pierre Toulat : En ne disant rien, l'Église crée le vide”, La Croix, 10 septembre 1987

1267.

”Elle ne traite donc pas de problèmes directement politiques comme elle le fit pour la défense de l'enseignement catholique (1981) ou l'armement nucléaire (1983). Ce ne sont pas non plus des indications de comportement très précis comme la déclaration de 1982 sur ”de nouveaux modes de vie” ”, insiste les Cahiers. Pierre de Charentenay, ”Les évêques et le débat politique”, Cahiers pour croire aujourd'hui, page 4

1268.

Henri Tincq, ”Au-dessus des partis”, Le Monde, 19 décembre 1987

1269.

Ibid

1270.

Yves de Gentil-Baichis, ”Discrétion ou matraquage ?”, La Croix, 5 mai 1988