Concilier impératifs dogmatiques et pastoraux

Au seuil de la décennie 1980, l'épiscopat a déjà à son actif un certain nombre de document sur la question de la morale sexuelle. Précédemment le conseil permanent a engagé la responsabilité de l'épiscopat dans une déclaration du 20 juin 1973 avec en amont une note doctrinale de la commission épiscopale de la famille du 13 février 1972. Cinq ans après, une note de la commission épiscopale de la famille du 17 octobre 1977 aider les couples à voir l'essentiel. L'Église leur rappelle que le plus important est de construire le foyer et de bâtir une alliance durable. S'il y a des difficultés à propos de la maîtrise de la fécondité, il ne faut pas oublier que l'essentiel est la durée et l'unité du couple”, indique-t-il 1352 . Le 23 avril 1979, le conseil permanent condamne l'avortement par son texte ”L'accueil de l'enfant à naître”.

En dix ans, l'environnement politique, culturel et intellectuel a mué. Le conseil permanent prend conscience des limites de son discours. Mgr Boillon est alors chargé de lancer une large concertation pour mener une réflexion sur la sexualité 1353 . Soutenu dans l'entreprise par Mgr Simonneaux, l'évêque de Verdun présente le fruit de son travail le 10 juin 1981. Le secrétariat de l'épiscopat démarche les éditions du Centurion pour édition. L'ouvrage s'intitule, Sexualité et vie chrétienne, point de vue catholique. La publication est saluée avec enthousiasme par La Croix : ”La sexualité dont l'Église s'est souvent méfiée n'est pas réduite à la seule reproduction”. Le quotidien catholique insiste sur la démarche pastorale adoptée par les auteurs sur des questions aussi diverses que la sexualité précoce, la contraception ou la place de la sexualité dans la société 1354 .

Notes
1352.

Yves de Gentil-Baichis, ”Mgr Duchêne : Nous voulons aider les chrétiens face à l'avortement”, La Croix, 31 mars 1979

1353.

Deux mères de famille avec la conseillère conjugale et psychologue Monique Ribes, le médecin Françoise Mutricy, deux professeurs de théologie avec Gérard Marthon (Lille) et Xavier Thévenot (Paris), le gynécologue Pierre Cordier, un prêtre sociologue de Lille avec Pierre Jacob, une femme aumônier de lycée, Anne-Marie Wittmann. Le père Philippe Audollent intervient comme coordinateur des travaux.

1354.

Le 3 mai 1981, Mgr Duchêne adresse une longue allocution au mouvement Renaissance. Crée en 1954 puis reconnu en 1970 par la pastorale familiale, ce groupement spirituel de femmes séparées-divorcées tient alors son troisième congrès national à Dijon sur le thème ”Renaître, utopie ou réalité ?”. Le président de la commission épiscopale de la famille prône une approche pastorale résolue. ”Je sais, et l'Église, peuple de Dieu et dans sa hiérarchie, sait que la question est souvent difficile et douloureuse”, indique-t-il. DC, 1810, 21 juin 1981