Soutien épiscopal aux mouvements de la santé

Mgrs Fauchet, Kuehn et de Provenchères rejoignent les 120 délégués de l'action catholique des milieux sanitaires et sociaux (ACMSS) pour leur conseil national des 14-16 juin 1981. Le mouvement revendique 200 équipes à travers la France. ”Plus encore peut-être que [leur] texte, ce qui frappait l'observateur extérieur, c'est l'extraordinaire foisonnement d'initiatives et d'expériences apostoliques qui semblent aujourd'hui très peu connues dans l'Église”, relève Félix Lacambre 1355 . Ce relatif anonymat s'explique en partie par la politique isolationniste du mouvement au sein de l'Église de France. L'affiliation d'action catholique reste cependant clairement revendiquée. La présence de ces trois évêques au conseil national est l'occasion de prévenir tout abandon des intuitions de l'action catholique qui risque de se traduire par un repli identitaire : ”Beaucoup pensent qu'on ne peut pas parler de foi à tort et à travers [car] celui qui fait de l'annonce directe dans la rue peut bien paraître convaincu ; sa parole ne passe pas pour autant”. Félix Lacambre acquiesce, dans La Croix : ”Il faut vivre en acte. L'acte est aussi une parole et en tout cas une condition de la parole” 1356 .

Quelques mois après, le centre de liaison des équipes de recherche (CLER) organise, le 24 janvier 1982, une journée d'information sur les ”méthodes naturelles de régulation des naissances”, au Palais de la femme (Paris). Fondée en 1962, cette association reconnue d'utilité publique est un organisme familial chrétien. Sa vocation est de mener une réflexion et une action autour de l'amour, du couple et de l'enfant. Ceux-ci sont considérés comme valeurs essentielles au plan social et culturel. Le CLER revendique une approche de la sexualité spécifiquement chrétienne. Cette réunion du XIe arrondissement parisien est l'occasion d'échanger sur la méthode Billings, la question de la courbe thermique, la psychologie de la fécondité et des applications pratiques de la méthode sympto-thermique. L'enjeu consiste à définir des critères viables et opter un moyen de régulation des naissances acceptable du point de vue chrétien.

Jusqu'alors, mis à part les publications du centre Laennec, les colloques du centre catholique des médecins français (CCMF) et la revue Médecine de l'homme, la réflexion éthique est restée relativement marginale dans l'Église de France 1357 . La discipline bioéthique traversant l'Atlantique à la fin des années 1970, les facultés catholiques de Lille, Lyon, Toulouse, Angers et Paris tentent d'organiser des colloques sur le sujet et le centre Sèvres inaugure un département d'éthique biomédicale.

Notes
1355.

Félix Lacambre, ”Vivre la foi dans le monde de la santé”, La Croix, 17 juin 1981

1356.

Ibid

1357.

A noter l'article de Mgr Joseph Thomas sur le stress en 1987 : Joseph Thomas, ”Médicaments et bien-être”, Médecine de l'homme, septembre - octobre 1987