Les synodes diocésains : évaluation et introspection ecclésiale

Le 18 septembre 1987, Mgr Panafieu annonce l'ouverture d'un synode diocésain. La décision intervient après un long mûrissement qui trouve son origine dans le succès d'un rassemblement diocésain réunissant 12 000 personnes en 1982. ”Nous avons décidé de ne pas faire une lourde et vaste enquête, mais plutôt de permettre à des chrétiens pratiquants ou non de s'exprimer et de se rencontrer. […] La démarche n'est donc pas purement sociologique car nous avons souhaité qu'il y ait une étape d'intériorisation pendant ce Carême et jusqu'à la Pentecôte 1988” 1547 . Le 4 octobre, les catholiques du diocèse sont interpellés autour de trois thèmes : Église qu'attendons-nous de toi ? ; une Église attentive à toutes les situations, vivre la solidarité avec les plus démunis ; vivre la communion. ”On a voulu faire prendre conscience aux chrétiens de leur dignité et la force qui est en eux”, indique le père Gontier, supérieur du séminaire diocésain, en charge de recenser les réponses à ces interpellations.

Tandis que s'achève le 4 octobre 1987, cinq jours de concertation avec les laïcs de son diocèse du Maine-et-Loire, Mgr Orchampt se réjouit de constater que ”chez tous ceux qui se sont exprimés, il n'y a pas dissociation entre leur appartenance à l'Église et au monde. Même si certains groupes ont de la peine à revenir à la source, vu leur polarisation sur des actions urgentes pour l'homme, même si d'autres donnent tellement de place à leur vie avec le Seigneur qu'ils tendent à oublier le reste” 1548 . Nous pourrions ainsi distinguer vulgairement les débats faisant la part belle à l'appréhension de l'Église selon un aspect doctrinal dans l'esprit de la constitution conciliaire Lumen gentium ou sous son aspect pastoral selon Gaudium et Spes.

Confronté à un catholicisme identitaire, le quotidien La Croix ne tarde pas à prendre le parti des évêques engagés dans le processus de consultations synodales. ”Tout se passe comme si, après avoir pris la mesure du faible taux de pratique religieuse, la communauté catholique, loin de se décourager, retrouvait un nouveau dynamisme”, s'enthousiasme Yves de Gentil-Baichis 1549 . Convaincus de la nécessité de sortir d'une trop grande discrétion, les évêques français réussissent à ressaisir dans le processus synodal une tendance de l'Église de France qui voit ”les déperditions de vitalité pour cause de querelles d'orientations” réduites 1550 . L'utopie missionnaire constitue l'un des ressorts des consultations diocésaines.

Ainsi, Mgr Hardy la présente-t-il comme un impératif. ”Dans ce monde qui change, il fallait qu'on renouvelle notre effort missionnaire”, insiste-t-il à l'heure de convoquer l'assemblée synodale du diocèse de Beauvais 1551 . A Grenoble, Mgr Dufaux insiste pour que les groupes et communautés intégrées au processus synodal interpellent les chrétiens en marge ou en dehors de l'Église. ”Le synode n'aura d'impact dans l'opinion que s'il parvient à rassembler les forces vives de l'Église dans le contexte de l'opinion publique. S'il n'y parvient pas, il ne sera jamais sur orbite”, indique-t-il lors d'une conférence de presse organisée le 15 septembre 1988 1552 .

Notes
1547.

Yves de Gentil-Baichis, ”Un chemin de conversion de l'Église”, La Croix, 15 février 1988

1548.

Vincent Berthet, ”L'Église est vraiment l'affaire de tous”, La Croix, 13 octobre 1987

1549.

Yves de Gentil-Baichis , ”Diocèses, une vitalité nouvelle”, La Croix, 4 mars 1988

1550.

Ibid

1551.

Louis de Courcy, ”Les chrétiens de l'Oise ouverts au monde”, La Croix, 11 mai 1988

1552.

Louis de Courcy, ”Préparons le troisième millénaire”, La Croix, 17 septembre 1988