Mgr Decourtray ou la tentation irénique

Albert Decourtray est né le 9 avril 1923 à Wattignies (Nord). Etudiant de l'université catholique de Lille, il rejoint Rome pour poursuivre son cursus universitaire dans l'enceinte de l'université grégorienne et l'institut biblique pontifical. Il est ordonné prêtre à Lille le 28 juin 1947. Il réintègre son diocèse docteur en théologie avec une thèse sur ”Foi et raison chez Malebranche”, et licencié ès sciences bibliques. Nommé vicaire à Halluin (Saint-Hilaire) en 1951, il devient, l'année suivante, directeur du grand séminaire de Lille. ”Au grand séminaire de Lille, les cours de théologie du jeune professeur Decourtray sont regardés avec une certaine circonspection par les services du nonce apostolique. Nous sommes dans les années 1950, en plein tour de vis romain”, indique rétrospectivement Bernard Stephan 1702 .

De retour du concile, le cardinal Liénart le nomme conseiller du groupe des prêtres-ouvriers de la région Nord-Pas-de-Calais. En 1966, il est nommé archidiacre de Roubaix-Tourcoing, vicaire général du diocèse de Lille. Le 3 juillet 1971, Mgr Decourtray reçoit l'ordination épiscopale en la cathédrale de Lille. Il est alors nommé auxiliaire de Mgr Brousse, évêque de Dijon. Ce dernier démissionne trois ans après. Paul VI lui désigne alors le père Decourtray comme successeur. Il intègre le conseil permanent de l'épiscopat lors de son renouvellement à l'assemblée plénière de 1973 et y restera jusqu'en 1979. A partir de cette date, l'évêque de Dijon est élu président de la commission épiscopale des milieux indépendants avant de devenir prélat de la Mission de France en 1981.

Son intérêt pour la matière intellectuelle et politique durant son épiscopat dijonnais suggère une certaine affinité de pensée avec Mgr Matagrin dont il reprend une partie de la réflexion socio-politique à la veille des élections présidentielles de 1981 dans L'Église en Côte-d'Or. ”Il y a en effet une pensée, une logique et des points de repère qui, s'ils ne sont pas toujours faciles à définir avec précision et laissent la place à un réel pluralisme, limitent néanmoins le champ d'une pratique chrétienne cohérente de la politique” 1703 . Dimension essentielle de l'expérience communautaire, la politique ne doit cependant pas être sacralisée. Cette même année, le Pape accepte la démission du cardinal Renard. Le 7 septembre 1981, le nonce apostolique annonce au père Decourtray que le Pape souhaite le voir remplacer ce ”grand spirituel”, selon Stan Rougier 1704 . Après une semaine de réflexion, le cardinal Decourtray accepte sa mission le 15 septembre 1705 .

En dépit du décalage de générations, les deux hommes qui se succèdent se connaissent bien. L'un et l'autre ont côtoyé le petit séminaire d'Haubourdin. ”Je me souviens de l'intelligence et de la simplicité de cet élève du petit séminaire où j'étais professeur de philosophie ! Par la suite il fut aussi à l'aise dans les tâches de vicaire en milieu ouvrier que dans la charge de professeur ou d'archidiacre”, déclare le cardinal Renard lors de sa dernière conférence de presse 1706 . A cette occasion, le parcours du père Decourtray est salué comme ”riche d'études ecclésiales et d'expériences pastorales”.

Celui-ci est alors à mettre au service d'un des diocèses les plus complexes de France. Organisé en trois territoires distincts, le diocèse de Lyon réunit la ville de Lyon, le reste du département - ou ”Rhône vert” - et la région de Roanne. La partie rurale est très contrastée entre d'une part les vignobles du Beaujolais largement déchristianisés et les monts du lyonnais culturellement ancrés dans un catholicisme pratiquant. Géographiquement, le diocèse de Lyon s'insère avec les diocèses de Grenoble, Valence, Viviers et Saint-Etienne, dans la zone interdiocésaine de Vienne.

Le père Decourtray va à la rencontre d'un corps diocésain particulièrement éprouvé par l'expérience vécue avec son prédécesseur 1707 . Lyon conserve alors un souvenir vivace de la crise de son presbyterium intervenue en 1970. Confronté au refus de Mgr Renard d'associer à ses travaux laïcs et religieux, le conseil de presbyterium avait alors cessé d'exercer ses fonctions. Cette forte identité du clergé lyonnais se double d'une responsabilisation particulièrement avancée du laïcat conformément au souhait de Mgr Villot. Le diocèse de Lyon forme de nombreux laïcs : 400 environ à l'institut de pastoral d'études religieuses et 600 au centre lyonnais d'études religieuses et pastorales. Lorsqu'il prend ses fonctions le 5 novembre 1981, le père Decourtray jouit auprès d'eux d'un a priori favorable. L'expérience dijonnaise du nouveau primat des Gaules parle en sa faveur, avec à son actif, la création en Côte d'Or d'une commission diocésaine chargée de l'action et de l'orientation des permanents laïcs.

Il existe en outre une quinzaine d'équipes d'animation paroissiale dont près de la moitié a été investie officiellement par l'évêque d'une mission collégiale. Le diocèse de Lyon est également l'un des centres les plus dynamiques de la catéchèse française. Les centres de réflexion de l'Arbresle (dominicains), du Châtelard (jésuites), de la Neylière (maristes) ou de Valpré (assomptionnistes) assurent un rayonnement intellectuel non négligeable au diocèse. Autre élément d'un dynamisme contrasté : Lyon abrite le Chemin neuf, l'une des communautés charismatiques les plus en vue au début des années 1980. Avec le père Decourtray, le diocèse de Lyon se trouve en présence d'une forte personnalité et consensuelle. Fort de son élection à la vice-présidence de la conférence épiscopale, le primat des Gaules est sollicité par André Sève pour un entretien dans les colonnes de La Croix 1708 . L'événement marque une adhésion forte du quotidien catholique à la personnalité du père Decourtray.

Affirmant, ”je suis un homme de terrain pas de programme”, en se présentant aux Lyonnais, Mgr Decourtray s'impose comme un ”homme de dialogue” auprès des observateurs et chroniqueurs religieux. Partageant sa première veillée pascale avec les chrétiens des Minguettes en 1982, médiateur lors que la grève de la faim de Toumi Djaidja, organisateur de la marche des beurs, entouré de militants de SOS racisme, l'archevêque de Lyon a le souci du consensus. L'archevêque de Lyon n'est d'ailleurs pas exempt d'irénisme comme en atteste son appréciation des nouvelles perspectives missionnaires dégagées par l'assemblée plénière de 1981. Le jugement de Mgr Decourtray sur les traditions pratiquante et militante de l'Église est des plus balancé 1709 :

‘Les deux sont inséparables. Quand j'écoute André Depierre, prêtre-ouvrier à Montreuil depuis trente ans, je suis en pleine tradition. Quand je médite Thérèse de Lisieux ou Elisabeth de la Trinité, je suis au cœur de la mission. L'eucharistie est au centre de ce mouvement de diastole et de systole, de rassemblement et de dispersion. Un Peyriguère, un de Foucauld montrent que la régulation de la vie apostolique se fait par l'intérieur. Elle est de l'ordre de la foi. Si l'on oublie un pôle, toute la vie est déséquilibrée. Tension, oui. Coupure, non.’

Particulièrement marqué par l'action du père Christian Delorme auprès de l'immigration de l'agglomération lyonnaise, Mgr Decourtray accorde une attention particulière au mouvement antiraciste. Les incidents qui éclatent en banlieue lyonnaise achèvent de convaincre le primat des Gaules de l'acuité du problème. Le 21 mars 1983, le quartier lyonnais de Mommousseau est le théâtre d'affrontements prolongés entre prêt de 200 CRS et des jeunes. Le 27 mars 1983, Mgr Decourtray cosigne avec les pères Vlassios, pour l'église orthodoxe, et Zacharian, pour l'église apostolique arménienne, et le pasteur Wagner, pour la fédération protestante, un communiqué pour la semaine sainte 1710 . Le texte vise alors les projets de loi sur l'immigration. ”Il est vrai aussi qu'il ne faut pas confondre prévention avec laxisme, Mais de toutes manières, les jeunes nés en France resteront en France” 1711 .

Le lendemain, onze jeunes Maghrébins des Minguettes engagent une grève de la faim. Leur rendant visite, Mgr Decourtray est sollicité pour être l'un des quatre médiateurs dans le conflit. ”La confiance a été perdue entre certaines masses. Il y a un engrenage de la peur qu'il faut briser par le dialogue”. De retour de Pologne quelques semaines après, Mgr Decourtray intervient à la suite de nouveaux incidents aux Minguettes. Dans une déclaration du 29 juin 1983, l'archevêque affirme sa solidarité avec l'action du père Delorme dénoncée par le syndicat CGC de la police. Les banlieues lyonnaises recèlent les germes d'un engagement de l'archevêque de Lyon dans l'espace public proche de celui de la ”génération morale” qu'identifie Remy Rieffel dans son étude du monde intellectuel français. Particulièrement soucieux du sort des minorités, l'archevêque de Lyon s'impose comme une figure de la political correctness hexagonale 1712 .

Le 18 mars 1985, l'archevêque de Lyon est l'hôte de l'émission politique du service public télévisuel, L'Heure de vérité. Albert du Roy, Alain Duhamel et Robert Solé sont à la question. Près de dix millions de téléspectateurs se trouvent devant leur écran de télévision. Dès le lendemain, La Croix lui consacre un portrait en quatrième de couverture 1713 . ”Le souci pédagogique de la réponse concrète a sans doute nui au caractère complet de l'argumentation. Sur ces sujets qui sont au croisement des préoccupations éthiques et spirituelles de l'homme, l'énoncé du bien et du mal, même assorti d'un sourire désarmant, ne suffit pas toujours à emporter une conviction”, relève La Croix 1714 .

Au mois de mai 1985, le vice-président de la conférence épiscopale est élevé au rang de cardinal après quatre ans passé sur la colline de Fourvière. Le grand public découvre une figure largement acquise à la presse chrétienne. Le 23 juin 1986, le cardinal rend visite à Nasser Jaïr et Djida Tazdaït, grévistes de la faim dans la banlieue lyonnaise. On ne ”bâtit pas sur le soupçon et sur le flou juridique une nouvelle organisation sociale”, martèle-t-il. Enthousiaste, Pierre Pierrard implore le cardinal de résister aux assauts de ceux qui le pastiche en ”évêque rouge” 1715 . Cette même année, le cardinal publie 22 entretiens avec André Sève dans lequel il tente de définir les contours de la fonction épiscopale 1716  :

‘Être évêque aujourd'hui, c'est devoir parler du sida, du Tiers-Monde, de la place de la femme dans l'Église. C'est prendre position dans l'affaire du carmel d'Auschwitz, lors du procès Barbie, à l'occasion d'un voyage apostolique de Jean-Paul II. C'est d'élever le ton chaque fois que la société risque d'écraser les plus faibles et d'exclure les plus démunis. Interventions, rencontres, célébrations, le pasteur se doit d'être constamment sur la brèche, attentif à l'événement, soucieux des enjeux.’

Mgr Decourtray s’impose alors sur la scène médiatique et s’expose à la critique 1717 . ”Courageux, mais trop instinctif 1718 , mystique, pas assez intellectuel” 1719 , tels sont les reproches qu'adressent une partie du clergé et du laïcat progressiste à l'archevêque de Lyon tandis que paraissent ces entretiens. De fait, il se trouve en bute avec son presbyterium à l’occasion de la venue du Pape à Ars 1720 . Telles difficultés rencontrées avec son clergé sont certainement le fait de la rugosité des prêtres lyonnais. Reste que le cardinal semble sujet au dérapage médiatique. En août 1987, il annonce un voyage au Liban avec Yves Montand. Très vite cependant, ”le projet a une couleur trop exclusivement maronite aux yeux de beaucoup”, indique Bernard Stephan 1721 . Les remous suscités par l'annonce l'amène à faire marche arrière.

La tenue du procès Barbie dans la capitale des Gaules révèle par ailleurs une pensée, un tempérament et un style. ”Élevé dans la haine de l'Allemand”, Mgr Decourtray doit ainsi appréhender la mémoire de la seconde guerre mondiale à nouveaux frais en arrivant à Lyon. Dès le lendemain de son installation à Fourvière, il va se recueillir à Saint-Genis-Laval, à Montluc, sur les lieux de la souffrance juive et de la Résistance. L'annonce de la tenue du procès Barbie à Lyon provoque le père Decourtray à approfondir sa réflexion sur la Shoah. Il prend alors la parole devant le conseil permanent au cours de sa réunion du 10 février 1983. Le conseil permanent reprend alors à son compte cette déclaration 1722 . Le 8 avril 1984, Mgr Decourtray adresse un message aux juifs de France en plein affaire Barbie. Et tandis que se manifestent les auteurs de thèses révisionnistes, Mgr Decourtray consacre la Shoah comme pierre angulaire de la pensée de l'intellectuel et du catholique contemporain. ”Je ne crois pas qu'un adulte puisse aller jusqu'au bout de la véritable espérance théologale s'il refuse de penser aux quarante quatre enfants d'Izieu déportés et brûlés comme le furent environ un million d'autres dans les camps nazis de la mort !” 1723 .

Il semble cependant que ce soit la médiation de l’épiscopat français dans l’affaire du carmel d’Auschwitz qui soit décisive dans l’itinéraire du prélat. Ainsi, celui-ci développe-t-il une conscience historique que lui confère la charge épiscopale 1724 . C’est à cette occasion qu’il rencontre un homme et une pensée vigoureuse fondée sur un itinéraire atypique. Mgr Decourtray accompagne le cardinal Lustiger sur les lieux symboliques de la Shoah, Auschwitz. ”Complètement bouleversé, je n'ai plus cessé d'y penser, confiera-t-il. C'est grâce à Jean-Marie Lustiger que j'ai découvert, de l'intérieur, l'horreur de la perversion du nazisme” 1725 .

Reste que le primat des Gaules marque un écart avec le pessimisme marqué de la pensée du père Lustiger. Largement ancrée dans l'aire occidentale, son analyse historique s’approprie la problématique de l'enchantement du monde lorsqu'il évoque l'émergence du progrès comme dépassement de l'abrupte constitué par Nagasaki, le Goulag et Auschwitz lors de la fête de Jeanne d'Arc en 1987 1726 . Reste que l’optimisme affiché au concile doit être soumis à la critique. ”La vision grandiose d'une montée de l'histoire humaine vers le point Oméga qui unifie l'œuvre philosophique et spirituelle du père Teilhard de Chardin se retrouve dans plus d'une page de la constitution conciliaire sur l'Église dans le monde de ce temps” 1727 . Et le cardinal d'évoquer l'installation du scepticisme comme façonnant les esprits du temps du fait de l'éclatement des sphères publiques et religieuses en espaces composites, parfois concurrents 1728 :

‘Quant aux chrétiens, chez qui le concile avait fait passer comme un souffle de printemps, et qui voyaient poindre le jour de leur réconciliation entre frères séparés, signe d'une nouvelle vitalité capable de transformer le monde et de hâter la venue du Règne définitif de leur Seigneur, les voilà affrontés à des divisions inédites, celles dont Saint-Nicolas-du-Chardonnet et Port-Marly, par exemple, sont le symbole.’

Lors de l’assemblée plénière 1987, le cardinal Decourtray quitte la vice-présidence pour la présidence de la conférence épiscopale. La Croix évoque la consécration d'un ”homme capable de vibrer avec ses contemporains”. Pour Yves de Gentil-Baichis, ”il est important que ce poste de leader de l'Église de France soit occupé par un homme dont l'humanisme reste vivace et qui ne se croit pas obligé de parler la langue de bois” 1729 . Le quotidien catholique doit cependant concéder que ”son élection n'a pas été aussi facile que l'avait prévue la presse” 1730 .

Au vrai, cette élection présidentielle constitue la plus difficile depuis la création de la conférence épiscopale. Le caractère volubile et imprévisible au plan médiatique du père Decourtray est clairement en cause. ”Alors on a mis à mes côtés un homme froid, peut-être, mais solide et compétent”, commente avec humour le nouveau président 1731 . Son colistier n'est autre que le père Joseph Duval, archevêque de Rouen depuis 1981. Celui-ci offre un profil épiscopal relativement classique 1732 . Son élection répond à un souci d'équilibre 1733 :

‘D'après ce que disent les autres, nous sommes, le cardinal Decourtray et moi, complémentaires. Le cardinal Decourtray serait du genre ”radar” qui a besoin à côté de lui d'un ”évêque-boussole” pour assurer la continuité. Les évêques me sentent proche d'eux ; ils me reconnaissent des qualités de proximité et d'écoute. Six ans au conseil permanent, trois ans comme président de la commission pour l'unité des chrétiens : j'ai l'habitude des rouages…’

Les travaux de l'assemblée se ressentent du climat relativement tourmenté suscité par la publication de Donum vitae. La passation de pouvoir entre Mgr Vilnet et son vice-président paralyse les évêques qui ne produisent aucun texte significatif cette année là. Clôturant la session lourdaise, le cardinal Decourtray ne feint pas d'ignorer l'inquiétude du collège épiscopal. Il lui faut alors rassurer. L'humour constitue sa meilleure arme : ”Que croisse l'Église et que je diminue, tel est, je le crois sincèrement, en ce qu'il a de plus profond, mon désir”, glisse-t-il dans son discours de clôture 1734 . Le président évoque, par ailleurs, à grands traits, la manière dont il appréhende sa nouvelle fonction 1735 :

‘Le président n'a pas d'autre pouvoir que celui de servir le pouvoir pastoral des évêques qui l'ont mandaté et l'esprit collégial de leur conférence.
C'est ce à quoi je m'efforcerai d'être fidèle comme mes prédécesseurs. Je le ferai sans abdiquer ma personnalité, tout en tenant compte, cela va de soi, du devoir de plus grande réserve auquel est tenu quelqu'un dont la parole engage ceux qui en ont fait leur président. Il me semble que dans la situation présente, tellement marquée par les médias, l'indispensable confiance de mes pairs est à ce prix.’

”Insaisissable, inclassable, ne détestant pas cette façon d'apparaître à contre-courant”, ainsi que le relève Henri Tincq 1736 , Albert Decourtray ”incarne ce courant humaniste et social du catholicisme français, qui remonte au XIXe siècle, s'épanouit avec les abbés démocrates et les prêtres-ouvriers et toute la théologie missionnaire de l'entre-deux guerres”, toujours selon Le Monde. Soucieux du respect de la double tradition catholique du XIXe siècle et du concile, le cardinal Decourtray développe une affinité pastorale avec Jean-Paul II 1737 . Rome ne tarde d’ailleurs pas à le solliciter pour intégrer la congrégation pour la doctrine de la foi. A Lyon, son souci de synthèse l’amène à faire bonne place au dynamisme de la communauté du Chemin neuf. Ainsi sollicite-t-il Dominique Ferry 1738 , berger de la communauté pour devenir son attaché de presse et homme de confiance en septembre 1989 1739 .

Le style Decourtray et ce souci du compromis est largement contesté par son clergé. Toujours en septembre 1989, le conseil du presbyterium vote un texte de ”recommandation” au cardinal. Celui-ci rappelle que ”Vatican II est toujours d'actualité”. ”Manière de signifier qu'il ne faudrait pas prendre les enfants du concile pour des canards boiteux”, commente Libération 1740 . Il s’agit alors de sanctionner le caractère versatile du cardinal dont l’exercice médiatique est particulièrement surveillé à partir de l’année 1988.

Or, le 5 janvier 1990, le Figaro publie un entretien avec le père Decourtray au cours duquel, le président de la conférence épiscopale affirme que ”des pasteurs avaient fait preuve d'une certaine connivence avec le marxisme”. Témoignage chrétien, divers mouvements d'action catholique et un certain nombre de catholiques s'indignent alors. Trois mois après l'ouverture de la crise, le Figaro revient sur l'événement et suggère un parallèle entre la situation de Mgr Decourtray et celle de Mgr Matagrin au lendemain de son éditorial du 7 janvier 1976 dans Église de Grenoble par lequel l'évêque de Grenoble affirmait que ”le communisme est un remède pire que le mal” capitaliste. ”C'est qu'il y a, comme on sait, des sujets ”tabous” dans l'Église de France et la relation avec le marxisme en est un. […] Mgr Matagrin, alors évêque de Grenoble fut pris à partie avec une rare violence par les mêmes qui viennent (avec succès) d'assiéger Mgr Decourtray pour lui demander de se dédire”, écrit Jean Bourdarias 1741 .

Or c'est précisément en se souvenant de cet épisode douloureux de 1976 que Mgr Matagrin adresse à Mgr Decourtray un de ses interviews publié par La Vie catholique sur le sens d'une intervention de l'Église en matière sociale et sur les conséquences de la chute du mur de Berlin. ”Albert Decourtray m'a répondu qu'il n'était plus en état de me lire ; c'était trop compliqué pour lui. Ce qui était un peu grave, car il venait de prononcer une parole dont il ne pouvait plus soutenir l'argumentation”. Pour Mgr Matagrin, l'incident provoqué par le père Decourtray est révélateur des insuffisances de l'épiscopat français. ”A quelques exceptions près, les évêques français n'avaient pas la culture philosophique nécessaire pour appréhender ces problèmes là. Ils ne connaissaient ni Hegel, ni Feuerbach, ni Marx, ni les marxismes” 1742 . L'affaiblissement tendanciel du bagage intellectuel des évêques retient l'attention du Monde dans l'article qu'il consacre à l'étude de Grémion et Levillain, Les lieutenants de Dieu. ”Au recul de l'élitisme social et familial semble correspondre aussi correspondre une moindre exigence de formation universitaire” 1743 .

Ces faiblesses intellectuelles de l'épiscopat français favorise son éclipse face à un courant ultramontain particulièrement triomphant 1744 . ”Pour ce qui est du Figaro, on nous permettra de rappeler qu'il n'a pas attendu janvier 1990 et l'effondrement du système communiste pour rappeler, sous la plume de Joseph Vandrisse, la position prophétique et inchangée de Rome sur cette question. Dans une série d'articles parus en avril 1977, il rappelait la perversité du spirituel sur le politique, ce qui était à l'opposé de certaines prises de position de l'Église de France” 1745 . Quelques semaines après et en signe d'apaisement, le primat des Gaules préside la messe au congrès de la jeunesse ouvrière chrétienne réuni en mai 1990. Quelques mois après la polémique, Mgr Decourtray quitte la présidence de la conférence épiscopale. Son départ précipité marque l'échec d'un modèle intellectuel chez les évêques.

Notes
1702.

Bernard Stephan, ”Albert Decourtray, homme des carrefours”, op. cit.

1703.

Mgr Decourtray, ”Le scepticisme en matière politique grandit vite et rapidement”, La Croix, 10 avril 1981

1704.

Stan Rougier, ”Un évêque grand spirituel”, La Croix, 2 mai 1983

1705.

A la veille de son départ de Dijon, le nouveau primat des Gaules évoque la maturation de son choix:

J'étais pris de panique. L'importance du diocèse de Lyon m'effrayait tout autant que mon départ de Dijon. Je suis très attaché à ce diocèse. Aux gens que j'y ai rencontrés. A mon travail pour lequel en dix ans j'avais trouvé un rythme. Cela me donnait une sorte de sérénité. D'où mon appréhension à affronter un diocèse énorme, inconnu et redoutable.

Brigitte Delziani, ”Après la nomination de Mgr Decourtray comme archevêque de Lyon”, La Croix, 7 novembre 1981

1706.

Pierre Hycques, ”Le Deo gratias du cardinal Renard”, La Croix, 7 novembre 1981

1707.

Lui-même endurci par son expérience épiscopale à Versailles.

1708.

André Sève, ”Et si nous parlions de Dieu… Mgr Decourtray ?”, La Croix, 10 & 11 octobre 1982

1709.

Félix Lacambre, ”Qui êtes-vous Père Decourtray ?”, La Croix, 6 novembre 1981

1710.

DC, 1852, 15 mai 1983, p. 547

1711.

Snop, n°497, 30 mars 1983

1712.

Le 20 février 1985, l'archevêque secoue l'opinion au beau milieu d'une célébration de mercredi des cendres à la cathédrale Saint-Jean, débordant de monde : ”Nous en avons assez de voir grandir la haine contre les immigrés, clame-t-il. Nous en avons assez des idéologies qui la justifient et d'un parti dont les thèses sont incompatibles avec l'enseignement de l'Église”.

1713.

Henri Tincq, ”La foi et les colères souriantes de Mgr Decourtray”, La Croix, 19 mars 1985

1714.

Henri Tincq, ”Une force tranquille”, La Croix, 20 mars 1985

1715.

Pierre Pierrard, ”Pour Albert Decourtray”, La Croix, 22 juillet 1986

1716.

Cardinal Decourtray, 22 entretiens avec André Sève, Paris, Le Centurion, 1986, 286 pages

1717.

Le 4 sept 1986, Mgr Decourtray est fait officier de la Légion d'honneur. Il reçoit sa décoration des mains de Mgr Boillon, ancien évêque de Verdun. Le 25 septembre 1986, il est l'invité de l'émission télévisé de TF1 ”Questions à domicile”. La Croix ne manque pas rendre compte des échanges noués entre les journalistes Anne Sinclair, Pierre-Luc Séguillon et le primat des Gaules. Dominique Quinio, ”Le cardinal Decourtray ”conservateur de l'avenir””, La Croix, 27 septembre 1986

Alors que l'hebdomadaire Le Point plébiscite le Premier ministre espagnol, Felipe Gonzales et L'Express, Édouard Balladur, comme homme de l'année 1986, La Croix établit à son tour son palmarès. Le quotidien catholique distingue alors le primat des Gaules. Le voyage papal, la visite aux grévistes de la faim et sa consécration cathodique à l'occasion de l'émission Questions à domicile du 25 septembre 1986 font de Mgr Decourtray, un personnage incontournable de la France des années 1980. Yves de Gentil-Baichis, ”Douceur, humour et convictions”, La Croix, 1er et 2 janvier 1987

1718.

Le qualificatif revient de manière récurrente dans les portraits que dresse la presse de l’époque. ”Il agit et parle de manière instinctive, quitte à faire machine en arrière, comme on l'a vu à propos de la visite au Vatican de M. Waldheim, quand, sous l'avalanche de lettres de fidèles choqués par son attitude jugée désobligeante pour le Pape, il a publiquement présenté des excuses”, peut-on lire dans Le Monde. Henri Tincq, ”Mgr Decourtray élu président de l'épiscopat français Un cardinal aux avant-postes”, Le Monde, 9 novembre 1987

1719.

Henri Tincq, ”Le métier d'évêque”, Le Monde, 14 février 1986

1720.

Lors de la réunion du conseil presbytéral du 28 avril 1986, plusieurs prêtres lyonnais expriment leurs réserves quant à l'opportunité de la venue du Pape à Ars, regrettant que ”le voyage du Pape soit davantage un pèlerinage auprès du curé d'Ars et du père Chevrier qu'un véritable dialogue avec les mouvements laïcs et religieux”. Henri Tincq, ”Un face-à-face entre Jean-Paul II et le clergé français”, Le Monde, 27 septembre 1986

Et de poursuivre, dans un document rendu public le lendemain de la réunion du presbyterium : ”Il est clair qu'il ne s'agit pas aujourd'hui de reproduire ce qu'ont vécu des deux prêtres. Revivre en 1986 leur message, c'est servir le même Évangile dans un monde qui a changé”. Les 250 prêtres du presbyterium contestent alors la référence au curé d'Ars dans la lettre pontificale aux prêtres du jeudi Saint. A Rome le 28 mai 1986 pour une réunion du conseil pontifical pour les laïcs, Mgr Decourtray est invité à déjeuner à la table de Jean-Paul II. A cette occasion, l'archevêque de Lyon remet le dossier de préparation à sa visite pastorale faisant état des réserves de certains membres du presbyterium. ”J'ai fait part au Saint-Père de l'ardeur avec laquelle nous préparons sa visite. Je l'ai assuré que, contrairement à certaines rumeurs, les prêtres du diocèse de Lyon, réunis récemment en conseil presbytéral, ont manifesté à cette occasion une véritable unanimité dans la volonté d'aider l'évêque à faire de cette visite sans précédent un grand événement spirituel et apostolique pour toute la France de Dieu”. Joseph Vandrisse, ”L'archevêque de Lyon chez Jean-Paul II”, Le Figaro, 29 mai 1986

1721.

Bernard Stephan, ”Albert Decourtray, homme des carrefours”, op. cit.

1722.

Le 1er avril 1983, la presse révèle que le père Robert Boyer (s.j.) est désigné avocat commis d'office pour assister le bâtonnier de Lyon dans la constitution du dossier de Klaus Barbie. Relevant l'attachement de l'Église au droit de la défense, l'archevêque de Lyon n'en cache pas pour autant son trouble le 14 juin 1983 :

Nous sommes appelés actuellement à d'impérieuses prises de conscience, allant jusqu'à la repentance. Il y aurait donc quelque chose de contradictoire à ce que l'Église, dans un tel contexte, apparaisse comme défendant cet homme qui, par ailleurs, n'a pas reconnu publiquement ses forfaits. La présence d'un prêtre dans l'instruction, comme dans le procès, risque, par les ambiguïtés redoutables qu'elle comporte, d'alimenter le puissant et inquiétant courant contemporain de banalisation du nazisme auquel les chrétiens ne sauraient consentir.

Aussi, ai-je pris la décision de le faire savoir publiquement, en accord avec le président de la conférence épiscopale française et avec le provincial de France des Jésuites.

Snop, n°506, 15 juin 1983

1723.

Mgr Decourtray , ”Jeanne d'Arc”, Snop, n°674, 17 juin 1987

1724.

Au lendemain de la mort du cardinal Decourtray, Théo Klein s'adresse au disparu dans une tribune au Monde. Il évoque alors l'affaire du carmel d'Auschwitz. ”Vous avez été parfait, c'est-à-dire simple, courageux, libre, parfois désespéré par les autres, mais maintenant, droite et ferme, l'exigence de nos accords. Nous nous sommes beaucoup écrit et souvent rencontrés alors. Même si la négociation a été dure et souvent au bord de la rupture, jamais, sur l'essentiel, je ne vous ai senti hésitant. L'impatience devant l'incompréhension de certains et leur fermeture d'esprit étaient tempérées de ce sourire, de cette ironie du regard qui était votre seule concession au doute”. Théo Klein, ”Un homme juste et intègre”, Le Monde, 23 septembre 1994

1725.

Henri Tincq, ”Mgr Decourtray, mystique engagé”, Le Monde, 19 septembre 1994

1726.

Citant, Jean-Paul II déclarant, ”nous osons nous demander s'il n'était pas nécessaire, selon les indiscernables volontés de Dieu, que se produise le schisme (protestant) afin que l'Église soit conduite sur la voie de la réflexion et du renouveau”, le père René Berthier intervenant sur Europe 1 prolonge le raisonnement : ”on pourrait dire que le protestantisme nous a obligé à redécouvrir la tolérance évangélique. Et de même, ne pourrait-on dire que les manques de réactions fortes contre le nazisme nous ont obligés de redécouvrir les droits de l'homme ? ”. René Berthier, ”A propos du procès Barbie - du nazisme - de la torture”, Snop, n°673, 3 juin 1987

1727.

Mgr Decourtray , ”Jeanne d'Arc”, op. cit.

1728.

Ibid

1729.

Yves de Gentil-Baichis, ”Un homme capable de vibrer avec ses contemporains”, La Croix, 8 & 9 novembre 1987

1730.

Yves de Gentil-Baichis, ”De l'humour à la gravité”, La Croix, 10 novembre 1987

1731.

Yves de Gentil-Baichis, ”De l'humour à la gravité”, La Croix, 10 novembre 1987

1732.

Neveu du cardinal Léon-Etienne Duval, ancien archevêque d'Alger, il est né à Chênex (74), le 11 octobre 1928, troisième d'une famille agricole savoyarde de dix enfants, grande pourvoyeuse en vocation avec Jean, Etienne et Joseph tous devenus prêtres. Ordonné le 8 juin 1952, le père Duval peut être caractérisé d'évêque ”militant”, selon la typologie Grémion & Levillain. Licencié de droit civil, le jeune séminariste obtient une licence en droit canonique au terme d'une formation ecclésiastique qui le mène du grand séminaire d'Annecy à l'université grégorienne de Rome. ”Soucieux de l'intelligence de la foi, surtout dans le domaine de la vie morale, il connaît assez le droit pour le faire servir à une pastorale aussi éloignée de l'immobilisme que de l'improvisation et de la fantaisie”, dit de lui Mgr Renard. ( Bernard Le Léannec, ”Mgr Joseph Duval, un évêque dans la ligne de François de Sales”, La Croix, 8 & 9 novembre 1987. Ces propos sont également attribués à Mgr Sauvage par la notice de Michel Kubler au lendemain de son accession à la présidence de la conférence épiscopale. Michel Kubler, ”Mgr Duval, un patron assuré pour l'épiscopat”, La Croix, 9 novembre 1990). Cette formation intellectuelle s'enracine dans une expérience professorale de treize ans au grand séminaire d'Annecy. Joseph Duval y enseigne le droit canonique et la théologie morale entre 1963 et 1967. Par la suite, les responsabilités d'économe et de supérieur - il succède alors au père Coffy nommé évêque d'Albi et consacré le 23 avril 1967 - (1967-1971) du séminaire aiguise un sens de la rigueur déjà affirmé. Nommé vicaire épiscopal, chargé de la préparation au sacerdoce en 1971, son expérience paroissiale est brève à la tête de la paroisse Saint-Jorioz. Après trois ans de service à la cure, Paul VI le nomme évêque auxiliaire auprès du cardinal Gouyon, archevêque de Rennes. Signe d'orthodoxie, Mgr Duval est déplacé à Rouen en 1978 comme coadjuteur de Mgr Pailler. Président du comité canonique de la conférence épiscopale depuis un an, le père Duval est alors élu par les évêques de sa région apostolique pour les représenter au conseil permanent. Il sera réélu en 1982. Relativement discret au sein de l'instance de gouvernement et à la présidence de la commission pour l'unité des chrétiens, le père Duval effectue néanmoins un travail efficace dans la réception du nouveau code de droit canon.

1733.

Dominique Quinio, ”L'unité dans les différences”, La Croix, 10 novembre 1987

1734.

Anonyme, ”Que croisse l'Église et que je diminue”, La Croix, 11 & 12 novembre 1987

1735.

Ibid

1736.

Le 28 mai 1988, Mgr Decourtray donne une conférence en la cathédrale de Saint-Flour sur le thème ”Où va l'Église de France ?” L'occasion de rappeler pour le cardinal que l'Église échappe dans son fonctionnement à toute maîtrise intellectuelle et pratique. Pour lui, l'Église est travaillée par des mouvements de fond organisés selon des logiques en tension telles que : enfouissement / visibilité, écoute / affirmation, vie / enseignement, foi / religion. A travers les diverses étapes de son itinéraire, Mgr Decourtray inscrit l'évolution de l'Église de France contemporaine dans une histoire qui court de la fin des années 1930 d'une Église triomphante à un renouveau du religieux des années 1980 en passant par l'expérience de l'enfouissement des décennies 1950, 1960 et 1970. Mgr Decourtray, ”Où va l'Église de France ?”, Église de Lyon, n°13, 17 juin 1988.

1737.

Henri Tincq, ”Mgr Decourtray, mystique engagé”, Le Monde, 19 septembre 1994

1738.

Secrétaire général du groupe Hachette en 1973, il fut, de 1974 à 1976, directeur général de France Editions et Publications, qui éditait alors France-Soir, Elle, le Journal du dimanche et France-Dimanche. Successivement président de plusieurs sociétés du groupe, et notamment de Télé 7 Jours, chargé de mission pour la télématique à la direction générale d'Hachette, conseiller du PDG d'Europe I (1982), et président du Nouvel Economiste (1982-1983), il était président d'Affichage Giraudy. Ancien patron de presse devenu ”berger” de la communauté, Dominique Ferry est ordonné diacre permanent le 26 mars1989.

1739.

”M. Dominique Ferry attaché de presse de Mgr Decourtray”, Le Monde, 18 septembre 1989

1740.

François Reynaert, ”Les cathos de Lyon sur les chemins du synode”, Libération, 4 juin 1990

1741.

Jean Bourdarias, ”L'Église de France face au marxisme”, Le Figaro, 1er mars 1990

1742.

Mgr Matagrin, Le chêne et la futaie, Paris, Bayard, 2000, page 356

1743.

Henri Tincq, ”Des évêques sans façon”, Le Monde, 3 septembre 1986. Henri Tincq souligne ainsi que 54 évêques n'ont pas de diplôme universitaire de théologie ; 22 seulement ont une licence complète en cette matière et 9 en droit canon.

1744.

Il faut attendre 1992 pour qu'André Frossard publie Le parti de Dieu. Véritable profession de foi ultramontaine, cet ouvrage fustige l'épiscopat français sur un mode pamphlétaire. Président de Pax Christi, évêque de Poitiers, Mgr Rozier s'insurge. ”On trouve, dans cet ouvrage, des propos sur l'Eucharistie qui sont littéralement, même sur le mode suggestif, un véritable sacrilège. Rushdie n'a pas fait mieux par rapport à l'Islam. […] La visée qui sous-tend le texte est manifestement de faire jouer le rapport - et la différence - entre les évêques de France et l'enseignement du Pape Jean-Paul II”, relève Mgr Rozier qui renvoie alors André Frossard : ”N'est pas Pascal qui veut pour s'autoriser et se risquer à écrire des Provinciales”. Mgr Rozier, ”L'art de prendre à partie”, Témoignage chrétien,

1745.

Jean Bourdarias, ”L'Église de France face au marxisme”, Le Figaro, 1er mars 1990