Conclusion

Au terme de cet itinéraire historique, il semble que la décennie 1980 marque l’épilogue d’un certain épiscopat français. L’échec de la présidence Decourtray condamne le projet français d’un exercice collégial de l’épiscopat. Au bilan de cette dernière présidence, il apparaît que le style déployé par le primat des Gaules porte un coup fatal aux aspirations de ses prédécesseurs. Là où les pères Etchegaray et Vilnet se sont appliqués à un dialogue sincère mais serré avec Rome, le cardinal Decourtray préfére déjuger ceux qu’il représente plutôt que de risquer la crise. Le départ prématuré du père Matagrin reste l’illustration la plus significative du désarroi d’une génération épiscopale née au concile. Décalage générationnel ? Sans doute. Il n’en reste pas moins que l’épiscopat français perd autant en cohérence qu’en lisibilité.

La publication en 1989 de l’ouvrage collectif Les évêques et l’Eglise : un problème par les éditions du Cerf pourrait être le symptôme d’une crise avancée 2005 . Les théologiens Henri Bourgeois, Henri Denis et Maurice Jourjon, illustres représentants de l’école lyonnaise, s’inquiètent alors de l’inanité de l’épiscopat français. Nominations épiscopales et statut des conférences épiscopales font le cœur du sujet. La déclaration de Cologne est passée par-là. Le texte est court, incisif. Les auteurs déplorent une personnalisation outrancière de la fonction épiscopale. Rome est pointée du doigt pour son application a minimade la théologie conciliaire de l’épiscopat 2006 .

Pour les auteurs, dix ans de pontificat écoulés méritent bilan. Le leur est très critique. Le soupçon est ancré historiquement. Dès 1979, les Informations catholiques internationales titrent sobrement sur ”un nouveau gouvernement pour l’église” à la veille du consistoire du 5 au 9 novembre 2007 . A Témoignage Chrétien, Albert Longchamp est plus explicite : l’exhumation de la tradition consistoriale, après quatre siècles de sommeil profond, laisse présager un gouvernement par cooptation 2008 . Dix ans après, force est de constater que le ”synode romain ordinaire”  a les faveurs du souverain pontife. Seul le synode extraordinaire de 1985 aura réuni les présidents des conférences épiscopales 2009 . C’est ici que le débat autour des nominations épiscopales prend sens 2010 .

Dans cette problématique, l’individuation de la fonction épiscopale intervient de façon marginale. Elle ne peut cependant être passée sous silence dans la mesure où elle révèle une personnalité épiscopale en la personne de Mgr Gaillot. A vingt temps de distance des évènements, la tâche de l’historien est délicate quant à savoir si les acteurs fondent la petite ou la grande histoire. Dans le cas de l’évêque d’Evreux, nous ne trancherons pas. Reste à constater la capacité de l’espace médiatique à générer puis remiser des figures publiques. Il ne fait pas de doute que le phénomène Gaillot s’inscrit dans cette dynamique. ”Avec lui, c'est un peu du temps des copains, un petit air soixante-huitard qui se met à souffler sur l'épiscopat français” relève Le Monde 2011 . La frivolité du commentaire traduit sans doute un désenchantement vis-à-vis de l’institution.

Les débats nourris autour de la personnalité du père Gaillot révèlent également l’incapacité de l’épiscopat à arbitrer collégialement les conflits. L’accord signé le 15 février 1989 entre l’évêque réfractaire et son président en est une illustration. Ce texte en huit points réaffirme la nécessité de la solidarité épiscopale et romaine 2012 . La solennité ne fait cependant pas illusion. ”à plus long terme, on risque de s’apercevoir que les ingrédients qui entrent dans le curieux protocole imaginé par NN. SS. Decourtray et Gaillot sont, pour le moins, hétérogènes, voire carrément explosifs”, commente L’actualité religieuse dans le monde 2013 . Et le père Gaillot d’annoncer la constitution d’un groupe d’évêques ”pour examiner les questions posées par notre société” 2014 . Cette annonce ne semble pas destinée à apaiser la crise ouverte au lendemain de l’assemblée de Lourdes 1988 au terme de laquelle l’évêque d’Evreux rompt une nouvelle fois la règle du huis clos.

Les sources de légitimité du discours épiscopal se déplacent. La parole collégiale n’est plus la règle. Des individualités émergent au sein de l’épiscopat. Mgr Gaillot incarne un mouvement d’épiscopalisation médiatique 2015 . Controversée, sa personnalité provoque les catholiques français à prendre partie 2016 . A quelques années de distance, l’historien du temps présent dispose essentiellement de sources journalistiques. Le risque est grand de se laisser tromper par l’effet de mode médiatique. Reste que certaines de nos sources parviennent elles-mêmes à mettre à distance le phénomène médiatique. Ainsi Monique Hébrard pointe-t-elle dans La Croix le déroulement laborieux du synode ébroïcien. L’enveloppe médiatique de la pastorale épiscopale n’est qu’un voile. Elle apparaît même dérisoire à certains égards 2017  :

‘Les fortes pressions des représentants du monde ouvrier et peut-être aussi le poids moral d'un évêque (au demeurant très discret durant les travaux) symbole de l'engagement avec les pauvres et les sans voix, ont produit beaucoup de textes sur l'engagement des chrétiens dans le monde. De plus, par respect de la liberté d'expression, on a livré aux délégués non pas une synthèse déjà travaillée, mais un catalogue de vœux pieux, d'expériences, et une quantité de suggestions de créations de structures dont certaines existent déjà.’

Outre l’individuation de l’épiscopat, les années 1980 composent la décennie gestante de son ”ex culturation”. Danièle Hervieu-Léger décrit ce phénomène comme ”déliaison de l’affinité élective que l’histoire a établi en profondeur entre les représentations partagées des Français (la ”culture” qui leur est commune) et la culture catholique” 2018 . L’Eglise et son personnel dirigeant ne suscitent guère le débat. Le texte de ”Gagner la paix” fait figure de morceau de bravoure. Il date de 1983… En 1980, Robert Solé consacrait un long article à la tenue de l'épiscopat au lendemain du 10 mai 1981 2019 . A ce moment, l’ensemble des journalistes s’interrogent encore pour savoir si ”l’église est une démocratie ?” 2020 . Dix ans après, la presse généraliste s’est détournée de l’épiscopat. Les comptes-rendus des assemblées plénières se réduisent comme peau de chagrin dans la presse confessionnelle 2021 . Confiné dans le huis clos, l’épiscopat semble renoncer à informer la sphère publique – en tout cas impuissant à susciter le débat 2022 .

Son implication dans le débat sur la laïcité des années 1989-1990 ne saurait faire illusion. La commémoration du Bicentenaire de la Révolution révèle le mouvement d’exculturation que décrit Danièle Hervieu-Léger. L’épiscopat tarde tant à réagir à l’affaire Touvier que le trouble est jeté 2023 . L’Eglise de France a-t-elle la capacité de s’inscrire dans l’histoire française contemporaine ? Il faut attendre le positionnement clair de La Croix 2024 et l’interpellation d’intellectuels catholiques tels l’historien Bernard Comte pour que le silence soit brisé 2025 .

Plus fondamentalement, la première partie du pontificat de Jean-Paul II est une période de gestation intellectuelle pour l’épiscopat. Provoqué à renouveler son discours, celui-ci échoue à se forger une identité aussi cohérente que l’épiscopat des Marty, Etchegaray ou Matagrin. Les sensibilités aux seins de l’épiscopat sont diverses. Le retrait progressif de la génération conciliaire doublé de l’émergence de personnalités épiscopales particulières rend difficile la lecture de l’épiscopat des années 1980. Les méthodes de travail collégiales de l’épiscopat des années 1960 et 1970 donnaient corps à une génération épiscopale déterminée. En 1982, le document ”Pour de nouveaux modes de vie” laisse entrevoir l’espoir d’une parole épiscopale collégiale. L’année d’après, ”Gagner la paix” marque un tournant radical. Outre la contestation de Mgr Gaillot, le dernier document épiscopal débattu sur la place publique est l’œuvre de seulement deux personnes – Mgr Jullien et le père Defois. Il faudra attendre Mgr Rouet à la tête de la commission sociale pour voir émerger des méthodes de travail plus collectives.

Outre cette individuation du magistère épiscopal, il apparaît de plus en plus difficile aux évêques de France de procéder à une réévaluation de leur discours. La forte personnalité du pape Jean-Paul II leur est fatale. L’échec de l’épiscopat français au synode romain de 1985 est celui d’une génération. Mgrs Marty et Matagrin ne peuvent que constater le recul de leur lecture du concile. Plus Jean-Paul II s’affirme dans le siège de Pierre, plus la cohabitation institutionnelle apparaît difficile à l’échelle de l’Eglise universelle entre Rome et les représentants de l’Eglise de France. Dans ce contexte, l’Eglise américaine apparaît des plus hardies dans son dialogue avec le centre romain. A Paris, le père Vilnet résiste mal à la volonté papale d’imposer la Nouvelle évangélisation. La difficile élection du père Decourtray à la tête de l’épiscopat marque cette tension entre les deux lignes missionnaires romaine et française. Une fois élu, le primat des Gaules, épaulé par son homologue parisien, tranchera en faveur du souverain pontife.

C’est d’ailleurs au plan pastoral que l’échec épiscopal est patent 2026 . Les nouvelles perspectives missionnaires sont emportées avec perte et fracas dans la tempête Pierres vivantes. La duplicité bienveillante déployée par le Vatican à l’adresse des conservateurs achève de saper le travail épiscopal. ”L'Église de 1988 en France ressemble ainsi à un vaste puzzle” dont les évêques ne sont plus en mesure d’assurer collégialement la cohérence 2027 . La nouvelle évangélisation triomphe de la traditionnelle mission. L’épiscopat français se retire à petits pas tandis que la réalisation du schisme lefebvriste impose le traditionalisme comme marqueur normatif puissant dans le catholicisme français. Le cardinal Marcel Lefebvre tient sans doute sa revanche sur l’épiscopat au moment où la génération conciliaire prend sa retraite.

L’échec de Mgr Decourtray à consolider l’œuvre collégiale de Mgr Vilnet balise clairement la fin de notre période. A l’inverse, le choix de prendre l’avènement de Jean-Paul II comme origine peut apparaître plus discutable dans la mesure où il nous est difficile d’évoquer une ”génération Jean-Paul II” de l’épiscopat ainsi que ses détracteurs voudraient nous en convaincre. La difficulté à cerner cet épiscopat des années 1980 réside sans doute dans cet évidement tendanciel de la collégialité épiscopale au profit d’un gouvernement éclaté de l’église en France. Il s’explique peut-être également par l’absence d’événement fondateur comparable à l’expérience conciliaire des Mgrs Maziers, Marty, Etchegaray ou Matagrin 2028 . L’échec de l’épiscopat français que nous avons étudié consisterait finalement en son incapacité à se forger une identité.

Les efforts du père Vilnet pour réhabiliter l’épiscopat dans son magistère intellectuel sont vains. Le président de la conférence épiscopale tentera bien de défricher de nouveaux terrains pour un épanouissement de l’enseignement social de l’Eglise : relations internationales, économie, éthique… Le strict balisage des débats par Rome stérilise tout débat et dépossède l’épiscopat de son statut enseignant. Toute tentative de réconciliation avec la modernité semble sévèrement hypothéquée. C’est pourtant au creux de celle-ci que l’épiscopat français semble trouver des espaces de liberté. Ainsi, l’émergence de la religion musulmane place-t-elle l’Eglise de France et ses cadres face à leurs responsabilités pour la régulation du pacte laïc négocié un siècle plus tôt. C’est au nom de cette légitimité historique que l’épiscopat français s’engage dans une réflexion sur l’immigration. La figure de l’immigré semble réactiver le modèle missionnaire traditionnel chez les évêques français.

Le phénomène reste cependant marginal et les célébrations du Bicentenaire de la Révolution lèvent toute ambiguïté. Résoudre le conflit opposant l’Eglise à la modernité n’est plus une priorité missionnaire pour l’épiscopat français. Cette aporie marque l’échec de la génération conciliaire. Une nouvelle fois, le départ de Mgr Matagrin au seuil du synode grenoblois est symptomatique. Le processus de consultation est verrouillé tant au niveau de l’Eglise universelle que de l’Eglise locale. Le dialogue avec la modernité laisse place à l’évitement. Les témoignages individuels des évêques supplantent les prises de positions collectives de l’épiscopat. A quinze ans de distance de notre objet d’étude, l’émergence de Mgr Barbarin est la dernière illustration de cette thèse consacrant la fin d’une collégialité dont la pratique reste risquée pour un dialogue serré avec la modernité. Le 25 décembre 2004, Le Monde hébergeait un portrait du nouvel évêque de Lyon 2029 . Celui-ci semblait se prêter volontiers au jeu du photographe. Mgr Barbarin posait en jogging pour des étirements matinaux sur une passerelle de la capitale des Gaules, la mitre troquée pour un bonnet de sportif. La basilique de Fourvière trônait en arrière plan pour faire bonne mesure. Doit-on y voir une réconciliation de l’épiscopat avec une certaine modernité ou une simple reconquête des médias ? Tel un contournement, la valorisation de personnalités épiscopales serait-elle une manière de relever un défi culturel resté sans réponse collective ?

Notes
2005.

Henri Bourgeois, Henri Denis & Maurice Jourjon, Les évêques et l’Église : un problème, Cerf, Paris, 1989, 126 pages

2006.

Il n’en faut pas plus à Golias pour proposer son premier ”Livre blanc sur les évêques de France” en août 1990 (”Livre blanc sur les évêques de France”, Golias, 23, août-septembre 1990). Deux mois plus tôt, la revue lyonnaise a lancé son Trombinoscope pour épiscopes (Golias, 22, juin-juillet 1990).

2007.

Nous reprenons ici le titre qui fait la une du numéro de décembre 1979. Jean-Pierre Manigne & Giancarlo Zizola, ”Vers un nouveau gouvernement central de l’église”, ICI, 545, décembre 1979. Il est assez significatif de relever l’importante place accordée à l’actualité épiscopale en France avec des articles consacrés à ”l’épiscopat entre deux papes” et ”Orléans : un diocèse à conquérir” pour son nouvel évêque, le père Lustiger.

2008.

”Côté conférences épiscopales, même question : que va devenir le Synode, dont l’autorité morale est déjà bien limitée ? On vient de s’en apercevoir dans le document récent sur la catéchèse qui porte davantage la marque de Jean-Paul II que de tout le travail des délégués synodaux de 1977”. Albert Longchamp, ”La réunion des cardinaux à Rome : Une innovation ? Plutôt un retour au passé”, Témoignage chrétien, 1843, 5 novembre 1979. Au terme de la réunion romaine, le jésuite modère son propos : ”à côté de la curie, du synode des évêques, des conférences épiscopales, une décentralisation du pouvoir s’amorce ainsi. Préparant la voie à des décisions plus collégiales et mieux adaptées aux réalités nationales ou locales. Cette perspective, dont les résultats concrets ne sont visibles qu’à long terme, n’autorise pas les joyeux enthousiasmes. Mais elle n’interdit pas l’optimisme modéré”. Albert Longchamp, ”Vœux et chuchotements”, Témoignage chrétien, 1845, 19 novembre 1979.

2009.

Réunissant les présidents des conférences épiscopales, ils assurent une représentativité des épiscopats. A l’inverse, le synode ordinaire privilégie la cooptation avec désignation vaticane des pères synodaux.

2010.

Le numéro que consacre Golias au dix ans du cardinal Lustiger à Paris, en février 1991, est à cet égard éloquent. Lire notamment ”Le système Lustiger”, Golias, 25, février-avril 1991, pp. 93-97.

2011.

L'évêque d'Evreux publie alors un livre entretien avec Gwendoline Jarczyk : Ils m'ont donné tant de bonheur, Desclée de Brouwer, Paris, 1986, 152 pages. Le Monde commente l’ouvrage en ces termes :

On peut regretter que Mgr Gaillot ne puisse aller jusqu'au bout de ses explications sur la cohabitation des deux écoles, son refus de la défense nucléaire, son souhait de l'ordination d'hommes mariés. Et qu'il en dise plus sur des formules toutes faites : ”Il faut briser le mythe de l'unanimité des évêques”. Ou : ”Il ne suffit pas de restaurer la maison, il est urgent d'habiter celle des autres”. On reste un peu sur sa faim.

2012.

Henri Tincq, ”Les confessions de deux évêques français”, Le Monde, 12 août 1986

Mgrs Decourtray & Gaillot, ”Déclaration commune du cardinal Decourtray, président de la conférence des évêques de France, et de Mgr Gaillot, évêque d'Evreux”, Snop, 742, 24 février 1989

2013.

L’article 2 évoque ”accord et docilité à l’égard du magistère du Saint-père. Enseignement avec l’Église, de ce que le pape Jean-Paul II enseigne dans ses encycliques et ses exhortations apostoliques. Adhésion en particulier à la doctrine de l’Église concernant la justice sociale et la paix dans le monde, la vie familiale et la moralité sexuelle”. Jean-Pierre Manigne, ”Gaillot-Decourtray : Un compromis explosif”, L’actualité religieuse dans le monde, 15 mars 1989

2014.

Jean-Pierre Manigne, ”Gaillot-Decourtray : Un compromis explosif”, L’actualité religieuse dans le monde, 15 mars 1989. Seul le nom de Mgr Lacrampe est à cette occasion évoqué. Peut-être, une histoire future disposera-t-elle des ressources documentaires suffisantes pour recomposer ses trajectoires épiscopales croisées au gré d’affinités électives aléatoires.

2015.

Terme notamment utilisé par le père Henri Madelin.

2016.

”Au nom de quoi, de qui, lui reprocherait-on d'imaginer et de proposer des formes de ministères - y compris hors célibat - qui pourraient prendre en compte et en charge la désertification spirituelle de son diocèse, de tant d'autres diocèses ? Un évêque, dit-on, n'est pas un prophète. Il ne peut pas être non plus un simple gestionnaire”, écrit, le 4 avril, Pierre Pierrard (Pierre Pierrard, ”Être évêque à Evreux”, La Croix, 4 avril 1989). En septembre, trois ouvrages sont consacrés à Mgr Gaillot, dont Mgr Gaillot, Monseigneur des autres, Seuil, Paris, 1989, 190 pages. ”Si l'enfant sage de Saint-Dizier est devenu l'évêque turbulent d'Evreux, ce n'est pas par plaisir iconoclaste ou par instabilité psychologique, mais par conviction missionnaire”, note Bruno Chenu (Bruno Chenu, ”L'évêque des autres”, La Croix, 22 septembre 1989), tandis qu’il est l’invité des émissions télévisées phare telles Sept sur Sept le 24 septembre et Apostrophes le 22 septembre 1989.

2017.

Monique Hébrard, ”L'itinéraire cahotant du synode d'Evreux”, La Croix, 8 décembre 1990

2018.

Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d’un monde, Bayard, Paris, 2003, page 97

2019.

Robert Solé, ”L’Église dans la France socialiste : des évêques décrispés”, Le Monde, 2 décembre 1983

2020.

Il n’est guère que l'association ”Initiatives, droits et libertés dans les Églises” pour dénoncer une ”atteinte au pluralisme et à la clarté des débats dans l'Église” lorsque le serveur Minitel de la conférence épiscopale est interdit à l’évêque d’Evreux. Anonyme, ”Mgr Gaillot envisage d'autres minitels…”, La Croix, 19 janvier 1989

2021.

A cet égard, la consultation des Etudes est précieuse au chercheur.

2022.

Quinze ans après, les positions de Mgr Simon sur l’héritage religieux de l’Europe sont interprétées comme personnelles. Or celui-ci intervient dans Le Monde au titre de représentant français à la COMECE.

2023.

Dans son commentaire à La Croix, Emile Poulat dénonce la frilosité de l'Église confrontée à l'impératif de lever le voile sur les pans obscurs de son histoire. L'affaire Touvier révèle et renouvelle le débat sur la place de l'intelligence et de ses acteurs dans l'Église :

Tout ce passé qui remonte sous forme accusatrice ou inquisitrice montre une fois de plus l'Église et les catholiques de France divisés à son sujet, gênés par leur histoire si chargée de luttes intestines, de crises éprouvantes, d'événements imprévus. J'en parle d'expérience, n'ayant guère été soutenu dans mes travaux et plus souvent dissuadé. Cette attitude n'est pas sans rapport ni conséquence avec la manière dont elle et eux entendent se situer ”dans le monde de ce temps”, à la fois Etat de droit et régime d'opinion peu disposés à leur faire des cadeaux.

Emile Poulat, ”Sombre histoire”, La Croix, 31 mai 1989

Très vite, Noël Copin réunit l'écrivain Alain Finkielkraut, l'historien Bernard Comte, la ministre Simone Veil, l'ancien déporté Jean Moussé (s.j.) et Henri Noguères, auteur d'une histoire de la Résistance et avocat des parties civiles au procès Barbie pour une table ronde autour de l’affaire Touvier. Le fruit de cette réflexion menée rue Bayard est publié le 13 juillet 1989 en page centrale du quotidien catholique. ”Il faudra qu'il y ait enfin un débat entre les chrétiens : quels sont les motifs d'une aide qui peut scandaliser ? La conscience chrétienne sera amenée à faire la distinction entre ce qui relève de la charité et ce qui est naïveté ou complicité”, avance alors Bernard Comte pour qui ce procès s'il n'est pas celui de l'Église ”concerne la conscience chrétienne”. Pour l'historien lyonnais, il ne fait pas de doute que ”adhérer à la milice ressortait d'un choix idéologique qui prend sa source, entre autres, dans une certaine manière d'être chrétien”. Noël Copin, Yves de Gentil-Baichis, Marie-Françoise Masson & Dominique Quinio, ”Procès Touvier : les Français face à leur mémoire”, La Croix, 13, 14 & 15 juillet 1989.

2024.

Le 1er juin 1989, on peut y lire ce commentaire :”On pouvait craindre que l'arrestation du chef de la milice lyonnaise ne soit l'occasion d'instruire un procès à l'encontre de l'Église de France. C'est bel et bien ce qui risquerait de se produire s'il n'est prononcé dans les délais les plus brefs une parole officielle donnant la preuve que la hiérarchie souhaite apporter toute sa contribution au dossier Paul Touvier”. Louis de Courcy, ”Le silence de la hiérarchie”, 1er juin 1989

2025.

Le 30 mai 1989, celui-ci rend publique une déclaration par laquelle il exhorte le primat des Gaules à rompre le silence : ”Les responsables catholiques ne peuvent se contenter de dire que Touvier ou Mgr Duquaire ne sont pas ”l'Église”, qu'il y a des chrétiens résistants et des évêques protecteurs des juifs, que le droit d'asile est traditionnel, etc. On attend des prises de position claires, en reconnaissant les erreurs, les ambiguïtés ou les perversions, et en cherchant à corriger ce qu'il en reste”. Louis de Courcy, ”Le silence de la hiérarchie”, 1er juin 1989.

Mgr Decourtray ouvre les archives de l’archevêché à une commission présidée par l’historien René Rémond. ”Une fois épuisés les inévitables défoulements anticléricaux et mis en pleine lumière les faits tels qu'ils sont, on se préoccupe tout de même d'autre chose… Les faits sont les faits, ils sont ou ils ne sont pas. Et leur sens s'éclaire dans un contexte et une durée. Pour ma part, je n'ai jamais vu, entendu ou lu Paul Touvier. En revanche, j'ai bien connu Mgr Duquaire et j'ai dit tout ce que j'ai fait au juge Grelier, venu me voir l'an dernier, à Lyon, dans le cadre de l'enquête” (Jean Périlhon, ”Mgr Decourtray ouvre ses archives”, La Croix, 10 juin 1989). Dans Église d'Avignon, Mgr Bouchex appuie la décision de son homologue lyonnais. ”Nous aurons à faire œuvre de loyauté et de courage pour regarder en face certaines périodes de notre passé, comme du passé et du présent d'autres pays”, écrit-il. (La Croix, 17 juin 1989)

2026.

Voir Gaston Piétri dans Le Monde du 26 octobre 1988.

2027.

”Le modèle dominant y est celui d'un catholicisme de classes moyennes, soucieux plus de certitudes que de débat, de compréhension personnelle de leur foi que d'engagement missionnaire. Hier, les laïcs faisaient du militantisme en usine. Aujourd'hui, ils baptisent et enseignent des enfants dont les parents ont tout oublié de leur passé chrétien. C'est une autre relation avec l'incroyance, mais n'est-ce pas aussi, disent-ils, de ”l'évangélisation” ?”, commente Le Monde. Henri Tincq, ”Une Église de docteurs et de mystiques”, Le Monde, 6 octobre 1988

2028.

Luc Perrin, ”Approche du rôle des évêques” in Vatican II commence… Approches francophones, Leuven bibliotheek van de faculteit der Godgeleerdheid, 1993, Louvain-la-Neuve, pp. 119-132. Restera à restituer les trajectoires personnelles d’évêques tels que Mgrs Vilnet, Gilson ou Matagrin qui auront fait les frais de tels bouleversements.

2029.

Henri Tincq commente : ”Féru de marathon, d’astronomie et de Tintin, le primat des Gaules incarne un nouveau style prélat. Fonçeur et sans complexe, sachant utiliser la communication, le marketing ou la politique lyonnaise”. Henri Tincq, ”Philippe Barbarin, archevêque de choc”, Le Monde, 25 décembre 2004.