Déroulement du travail

La construction de notre outil de simulation s'effectue par étapes successives : définition de l'objet d'étude et caractérisation de cet objet à l'aide des données existantes ; identification des principaux déterminants de la mobilité à longue distance et analyse de leurs évolutions ; recherche bibliographique sur les modèles macro-économiques calés sur séries temporelles et analyse de leur opérationnalité ; essais de simulation sur le cas des trafics longue distance en France. La thèse est divisée en quatre chapitres correspondant à chacune de ces étapes.

Dans un premier temps (chapitre 1), nous définissons notre objet d'étude. Notre thèse s'intitule "Modélisation à long terme de l'évolution des trafics voyageurs à longue distance", mais le terme "longue distance" peut désigner des objets d'étude très différents suivant que ce terme renvoie à l'ensemble des déplacements sortant du bassin de vie, aux seuls déplacements interrégionaux ou bien à l'ensemble des trafics empruntant les réseaux à grande vitesse. La définition des "déplacements à longue distance" peut renvoyer à une définition en termes de longueur de déplacements (le critère de longueur pouvant être un critère métrique comme un critère d'interzonalité) ou bien à une définition en termes de logiques de réseau. Ce premier chapitre vise à clarifier la (les) définitions habituelles de la longue distance et les différents marchés qui la constituent. Il vise aussi à mettre en évidence les différences de champs entre une définition conventionnelle lors d’enquêtes et les trafics sur réseaux. Nous étudions les différentes sources de données disponibles pour appréhender les déplacements à longue distance, ainsi que leur niveau de fiabilité statistique, la définition de notre objet d'étude ne pouvant être choisie indépendamment des bases de données nécessaires à sa mesure. La présentation du système d'information français en matière de déplacements à longue distance et la comparaison des évolutions des images de la longue distance proposées nous éclairent aussi sur les sources de connaissances en termes de déterminants de la mobilité et permettent de situer les champs des possibles en matière de segmentations de notre objet d'étude et de modélisation.

Dans un deuxième temps (chapitre 2), nous analysons les principaux déterminants de la mobilité à longue distance. Les déterminants de la mobilité à longue distance sont multiples et ne peuvent pas être tous pris en compte au sein d'un modèle agrégé, pour une question de mesurabilité. Il est alors nécessaire de hiérarchiser ces déterminants afin d'en conserver les principaux. Dans ce chapitre 2, nous étudions les facteurs explicatifs de la longue distance à la fois à partir de sources bibliographiques (Rouquette, 2001 ; Pochet, Schéou, 2002 ; Bonnafous, 1987 ; Klein, Claisse, 1997 ; INRETS, 1997b) et de traitements effectués par nous-mêmes sur des données opérateurs et sur l'enquête transports et communication de 1993. L’identification des déterminants s’achève par un regard historique sur l’évolution des principaux facteurs explicatifs depuis 1980. Nous présentons ainsi l’évolution des réseaux d’offre de transport ainsi que les niveaux de prix et les politiques tarifaires des principaux opérateurs de transport.

Dans un troisième temps (chapitre 3), nous analysons les différentes méthodes de modélisation des déplacements à longue distance, aussi bien les méthodes s’appuyant sur des enquêtes à une date donnée, que celles s’appuyant sur des données de trafic. Cette analyse bibliographique permet de suggérer les structures de modèles que nous utilisons dans le chapitre suivant ; elle permet aussi de mettre en lumière les avantages et les difficultés de notre approche sur le plan de l'opérationnalité, tant en termes de pertinence et de cohérence des modèles qu'en termes de fiabilité d'estimation des paramètres. Cette analyse bibliographique nous permet aussi de recenser les valeurs de certaines élasticités dans des contextes français et étrangers, ce qui fournit un certain nombre de points de comparaison pour notre propre recherche.

Enfin (chapitre 4), nous étudions différentes structures de modèles calés sur séries temporelles. Nous testons aussi bien des équations de demande directe que des architectures de partage modal. Par ailleurs, nous attachons un soin particulier à la construction des variables explicatives. Les réseaux de transport sont ainsi généralement caractérisés par des indicateurs de longueurs de réseau ou de vitesses moyennes. Or, une même variation de vitesse moyenne peut correspondre à des structures de vitesses très différentes entre origines-destinations et par voie de conséquence à des impacts différents sur le trafic. Afin d’améliorer la pertinence de la prise en compte de la vitesse ferroviaire, nous proposons un indicateur de vitesse écrêtée qui intègre les effets de structure. La construction des variables de prix soulève des problèmes analogues mais se heurte à un problème de mesurabilité. Les différentes architectures et spécifications de modèles sont analysées sous l’angle de l’opérationnalité et les élasticités obtenues sont comparées aux résultats d’autres travaux de recherche. A l’issue du travail, nous comparons les intérêts et limites de notre démarche.