2.1.1. Nature des enquêtes et comparabilité

Les enquêtes transports se sont déroulées du 1er février 1981 au 31 mars 1982 pour l’ET81, du 3 mai 1993 au 30 avril 1994 avec arrêt de 3 semaines en août pour l’ET93. Les deux enquêtes recensent les voyages qui ont amené les enquêtés à plus de 100km de leur domicile en distance déclarée (ou à plus de 80km à vol d'oiseau). Tous les déplacements effectués au cours de ces voyages sont recensés. S'il n'y a pas de destination fixe, on tient compte des lieux où il y a eu hébergement d'au moins une nuit ; on prend alors en compte les déplacements effectués à plus de 80km des lieux ainsi recensés. Les déplacements des absents de longue durée sont exclus (par convention dans l'enquête de 1981/82, par construction du tirage au sort dans l'enquête 1993/94). Les déplacements professionnels des pilotes de ligne, stewards, chauffeurs routiers, personnes exerçant leur profession dans un moyen de transport sont bien sûr également exclus.

Si la définition du déplacement longue distance est identique en 1981 et 1993, les champs des deux enquêtes ne sont pas identiques. L'enquête de 1981 ne prend pas en compte les déplacements domicile-travail ; celle de 1993 ne s’intéresse qu’aux individus de plus de 6 ans. L'enquête de 1981 concerne les déplacements France-France et France-étranger des personnes résidant sur le territoire métropolitain ; celle de 1993 y ajoute les déplacements étranger-étranger.

Par ailleurs il existe des différences de méthodologie d'enquêtes. En 1981, l’enquêteur interroge l'enquêté de façon rétrospective sur les déplacements longue distance effectués pendant le mois précédant la date d’enquête. Un aide-mémoire est laissé à la personne enquêtée afin qu’elle puisse noter les déplacements des 2 mois à venir. Il est relevé par l’enquêteur lors d’une visite ultérieure. En 1993, le relevé comprend un relevé rétrospectif de 3 mois et un relevé direct de 3 mois grâce à un questionnaire voyage remis aux individus enquêtés et que ceux-ci devaient retourner par la poste à l’INSEE. La période totale d'enquête aurait donc dû être de 6 mois. Toutefois, le taux de retour du relevé direct n’a été que de 60%. Il est impossible de savoir pourquoi les enquêtés n'ont pas retourné les questionnaires : est-ce parce qu'ils n'avaient pas effectué de déplacements  ? Ou au contraire parce qu'ils en avaient trop faits et s'étaient lassés dans le remplissage du questionnaire ? Comme il est difficile de partir de l'hypothèse d'un retour uniforme des questionnaires et qu'il est impossible de redresser les questionnaires envoyés pour tenir compte de ces non réponses, il est difficile d'exploiter ce questionnaire ou du moins de le concaténer avec le relevé rétrospectif. En pratique seul le relevé rétrospectif des déplacements est exploitable. En 1993, la période d'observation est donc de 3 mois comme en 1981. Toutefois, à la différence de 1981, la totalité de ces 3 mois sont en rétrospectif, ce qui entraîne des phénomènes d'oublis de voyages un peu anciens. La pondération de l'enquête 1993 a toutefois été bâtie en tenant compte de ces phénomènes d'oublis à travers l'élaboration d'un coefficient correcteur.

Le plan de sondage et le redressement ont aussi varié d'une enquête à l'autre. En 1981/1982, tous les individus du ménage ont une probabilité égale d'être interrogés (tirage kish). La pondération utilisée pour les déplacements est une pondération au niveau du ménage. En 1993, les personnes les plus mobiles sont sur-représentées afin de multiplier les observations. "Un tirage à plusieurs degrés a été effectué dans le recensement de 1990 et parmi les logements neufs construits depuis. (…) Les ménages multimotorisés ont été sur-représentés car ce sont ces derniers qui sont les plus mobiles (sauf à Paris où l'on n'a pas modulé les probabilités de tirage puisque l'on sait que la forte densité constitue un frein à la motorisation). (…) L'individu B a été désigné parmi les personnes éligibles par un tirage à probabilités inégales pour B (la personne la plus mobile a deux chances sur trois d'être éligible)." La pondération utilisée pour les déplacements est une pondération au niveau individus.

Pour assurer la représentativité des échantillons, le redressement de l'enquête 1993 a été effectué selon une démarche en deux étapes : correction des non réponses puis correction des erreurs d'échantillonnnage. Les erreurs d'échantillonnage sont corrigées par un calage sur marges avec comme variables de redressement prises en compte : des variables socio-démographiques (PCS de l'individu, âge croisé avec le sexe, taille du ménage), la zone de résidence 6 , la région de résidence, une variable temporelle. L'enquête de 1981 a été redressée de façon à ce que la structure de l'échantillon corresponde à celle de la population française tout au moins sur certains critères dont on connaît les marges de façon exogène. Les critères de redressement utilisés sont : des critères socio-démographiques (âge du chef de ménage, un code combinant le sexe et l'âge de l'individu, la catégorie socio-professionnelle du chef de ménage), la "zone de résidence" et la "catégorie de commune", la vague d'enquête (afin d'éliminer une partie des effets de saisonnalité).

Notes
6.

C'est le croisement des strates de bassins : ZPIU de Paris, grandes ZPIU (plus de 300.000 habitants en 1990), ZPIU moyennes, petites ZPIU (moins de 50.000 habitants en 1990) avec 3 zones concentriques : la ville-centre, la banlieue, le milieu péri-urbain ; à tout cela se rajoute le rural profond hors ZPIU