Les deux enquêtes permettent de connaître la nature de la mobilité à longue distance en termes de motifs, de répartition en termes de classe de distance et de repérer les différents segments de la longue distance. Par ailleurs ces enquêtes permettent de comprendre les déterminants de la mobilité à longue distance car elles fournissent des éléments d'information sur les individus enquêtés.
Toutefois la mobilité longue distance est une mobilité difficile à enquêter, ce qui entraîne un certain niveau d'incertitude sur les résultats obtenus. Les échantillons enquêtés pour la longue distance sont faibles : 15000 individus - 40000 déplacements observés en 1993 (encore moins en 1981), sachant que les individus ne sont interrogés sur leur mobilité que pendant 3 mois. Pour une période de l'année donnée, moins de 4000 personnes ont ainsi été interrogées, ce qui est peu, surtout compte tenu de la rareté des déplacements (la moitié de l'échantillon n'a effectué aucun déplacement au cours de la période d'enquête), de la multiplicité des dimensions de redressement à prendre en compte. L'enquête de 1993 a l'avantage de mieux appréhender les plus mobiles. L'enquête de 1982 portait sur un échantillon 3 fois plus réduit, construit avec des probabilité égales. On se heurte aussi à des effets mémoire. En 1993, on a interrogé les gens sur leur mobilité des 3 mois précédant la visite de l'enquêteur. Or la mémoire des enquêtés est sélective. On a laissé aux enquêtés quelques jours pour se remémorer au mieux leurs déplacements à l'aide d'un aide mémoire ; toutefois, il est probable que certains déplacements effectués plusieurs semaines avant la date d'enquête ont été oubliés. Inversement, il existe un phénomène d'effet de bord : des déplacements marquants effectués 4 mois auparavant, mais dont les enquêtés ne se souvenaient plus exactement de la date, ont été malencontreusement fixés en limite de période rétrospective, 3 mois avant la date d'enquête (INRETS, 1997). Le redressement de 1993 a pris en compte de façon explicite ces problèmes de mémoire à travers un coefficient correcteur "oublis" (INRETSc, 1997). Néanmoins aucun redressement n'est parfait, et il n'est pas impossible que des déformations de structures persistent. En 1981, le procédé d'enquête était différent : 1 mois en rétrospective, 2 mois en carnet de bord, mais le problème des effets mémoire demeure. Les déplacements des absents de longue durée sont exclus (par convention dans l'enquête de 1981/82, par construction du tirage au sort dans l'enquête 1993/94). Or les absents de longue durée sont souvent des individus à forte mobilité longue distance. Leur non prise en compte au moment de l'enquête conduit à une sous – estimation de la mobilité, mais aussi, peut-être, à une déformation de la structure de la mobilité. En effet, il est possible que les déplacements des absents de longue durée aient un profil différent de l'échantillon enquêté. Toutefois, il nous est impossible d'évaluer l'impact de la non prise en compte de ces absents longue durée. Enfin certains types de déplacements sont peut-être sous-évalués (étudiants, déplacements des militaires du contingent), ce qui peut affecter plus spécifiquement la mobilité de certains modes comme le train.
Par ailleurs, les méthodologies d'enquêtes ont évolué entre 1982 et 1993, ce qui rend délicate l'interprétation des évolutions. Les volets longue distance n'ont pas été réalisés de la même façon en 1981 et en 1993. Dans les deux cas, la période d'enquête a été de 3 mois 7 . Mais ces 3 mois n'ont pas été enquêtés de la même manière. En 1981, l'enquêteur interrogeait l'enquêté sur ses déplacements du mois précédant la visite, laissait un carnet de bord pour les 2 mois après puis revenait rendre une visite à l'enquêté au bout des 2 mois pour relire avec lui le carnet et le compléter le cas échéant. L'effet mémoire ne joue pas de la même façon dans un cas et dans l'autre. En 1981, l'effet mémoire était plus faible qu'en 1993 et n'a pas été corrigé. En 1993, l'effet mémoire a été corrigé pour tenir compte à la fois des oublis et des effets de bord. Même si on peut penser que chaque enquête donne une image à peu près correcte de la mobilité longue distance en ordre de grandeur, il est probable que le changement de méthodologie d'enquête a entraîné un biais lorsqu'on cherche à étudier les évolutions. Au-delà des problèmes d'effets mémoire, il est probable que le changement de méthodologie d'enquête a influencé le niveau de prise en compte des "absents de longue durée". La méthode de redressement a aussi varié entre 1981 et 1993. En 1981, l'effet saisonnalité était corrigé en pondérant les vagues d'enquête. En 1993, la correction a été élaborée de façon plus fine. En 1993, le redressement sur le plan spatial a été lui aussi mieux travaillé. Ces améliorations du redressement de l'enquête rendent délicate une comparaison entre 1981 et 1993.
En 1993, la durée de relevé devait être de 6 mois, 3 mois rétrospectifs, 3 mois à remplir en continu et à retourner postalement par l'enquêté. Toutefois, seuls 60% des questionnaires à remplir en continu ont été retournés et il est impossible de connaître la raison de ce non retour. Est-ce parce que les enquêtés n'ont réalisé aucun déplacement ? Ou au contraire parce qu'ils en ont trop faits et se sont lassés en remplissant le questionnaire ? (INRETS, 1997). Faute de pouvoir répondre à cette question, il s'est avéré impossible de redresser de façon fiable ce deuxième volet de l'enquête et ce questionnaire n'a pas été exploité. L'enquête de 1993 est donc une enquête de 3 mois entièrement rétrospective.