3.2. Comparaison pour l’aérien

Comme l'avion n'est pertinent que pour les longues distances, il n'y a pas de différence entre ETC et statistiques transporteurs en termes de seuil de distance. Par contre il subsiste un double problème. Les voyageurs en correspondance sont comptabilisés deux fois au sein des volumes de passagers intérieur métropole (source DGAC), mais une seule fois dans l'évaluation ETC (le problème n'existant pas au niveau des PKT). Par ailleurs les préacheminements à l'international sont comptabilisés au sein des lignes domestiques françaises (source DGAC) alors qu'ils sont exclus du champ France – France de l'ETC. Or la part des préacheminements à l’international n’est pas négligeable et s’est accrue entre 1981 et 1993. D’après les enquêtes transports, les déplacements France – étranger représentaient 62% des déplacements en avion des personnes résidant en France en 1993 (Graphique 50). Cette part était de 53% en 1981 (Graphique 49). Une partie de ces déplacements, (une partie seulement), se fait avec acheminement préalable sur les lignes intérieures françaises.

Graphique 49 : Répartition du nombre de déplacements en avion des résidents français entre déplacements France-France et France-étranger en 1981 (déplacements ayant une extrémité en France)

Source : d’après enquête Transports 1981

Graphique 50 : Répartition du nombre de déplacements en avion des résidents français entre déplacements France-France et France-étranger en 1993 (déplacements ayant une extrémité en France)

Source : d’après enquête Transports 1993

Le nombre de déplacements intérieur métropole est de 11,5 millions selon les ETC 1993 contre 21,3 millions de passagers DGAC, soit un rapport quasiment de 1 à 2. Le nombre de déplacements intérieur métropole selon l’INRETS est de 17 millions de voyageurs (Tableau 8).

Tableau 8 : Comparaison des trafics DGAC, ETC et INRETS en termes de voyageurs
DGAC 1993 ETC 1993 INRETS
21,3 millions de voyageurs
sur les lignes intérieures françaises
(1,9 pour la Corse + 19,2 hors Corse)
11,5 millions de déplacements
internes à la métropole
(1,2 pour la Corse + 10,2 hors Corse)
17 millions de déplacements
internes à la métropole
(1,2 pour la Corse + 15,7 hors Corse)

Source : d’après données DGAC, ETC, INRETS

En termes de voyageurs.kilomètres l’écart entre les sources de données est tout aussi important (Tableau 9). Pour la production du nombre de voyageurs.kilomètres, nous utilisons deux estimations : la première à partir du nombre de kilomètres déclarés par les enquêtés et la deuxième à partir de la distance à vol d’oiseau. Lorsqu’on compare les kilomètres déclarés dans l’ETC93 avec le trafic passager.kilomètre de la DGAC, l’écart paraît moins flagrant que pour les estimations en nombre de déplacements. Cela est dû au fait que la distance moyenne déclarée est toujours sensiblement supérieure (750km) à la distance moyenne de vol (550km). La distance déclarée est la distance totale du déplacement, y compris les trajets terminaux. Par ailleurs il est probable que les enquêtés surestiment la distance parcourue lorsque le trajet est effectué en avion.

Tableau 9 : Comparaison des trafics DGAC et ETC en termes de voyageurs.kilomètres
DGAC ETC 93 km déclaré ETC 93 distance OD
11,7 milliards de vkm
(1,1 pour la Corse + 10,6 hors Corse)
8,6 milliards de vkm
(0,7 pour la Corse + 7,9 hors Corse)
6,7 milliards de vkm
(0,6 pour la Corse + 6,1 hors Corse)

Source : d’après données DGAC, ETC

Il est normal que les trafics DGAC soient supérieurs au nombre de déplacements de l’ETC93 et des déplacements INRETS en raison de la prise en compte des préacheminements à l’international et du double compte de passagers ayant une correspondance au cours de leur déplacement.

Selon les ETC, en plus de ces 11,5 millions de déplacements, 18,6 millions de déplacements ont été effectués entre la France et l'étranger par les résidents français. Parmi ces 18,6 millions de déplacements internationaux, 55% (10,3 millions) ont comme origine l'Ile-de-France et 7% (1,3 million) proviennent des 6 régions qui entourent l'Ile-de-France (Picardie, les deux Normandie, Champagne-Ardenne, Centre et Bourgogne). Compte tenu de la diversité des destinations au départ de Paris, il est probable que la majorité de ces personnes ont décollé directement de Paris sans subir de préacheminement sur les lignes aériennes intérieures françaises. En revanche, une partie des 7,0 millions de déplacements issus d’une région extérieure au Bassin Parisien a dû subir un préacheminement sur les lignes domestiques 10 . D'après (Morellet, Marchal, 1997), le trafic international au sein des lignes domestiques françaises était de 9% en 1992.

Les ETC estiment à 2,4 millions le nombre de déplacements aériens intérieurs, dont une certaine partie a subi une correspondance (soit à Paris, soit au niveau d’un hub de province).

Enfin une partie de l’écart entre statistiques ETC d’une part et statistiques DGAC et INRETS d’autre part peut s’expliquer par les étrangers voyageant en France.

Toutefois l’ampleur des écarts entre source ETC et source DGAC est telle qu’elle s’explique difficilement par les seules différences de définitions.

Pour compléter l’analyse des différences d’estimation, nous comparons les trafics par catégorie de liaison (Tableau 10). Les écarts de trafic entre source DGAC et source Enquête Transports sont plus réduits pour les transversales (8%) que pour les radiales (53%). Paris étant le principal hub en France, il est normal que la part des préacheminements à l’international et des doubles comptes de passagers en correspondance au sein du trafic domestique soit plus élevé sur les radiales que sur les transversales. Toutefois il est probable que les ETC sous-estiment le trafic aérien, au-delà des problèmes de doubles comptes.

Tableau 10 Comparaison par type de liaisons entre les déplacements intérieurs à la métropole des résidents français (source ETC), le trafic des lignes intérieures à la métropole (source DGAC) et le trafic INRETS
  DGAC (millions de voyageurs) ETC93 (millions de voyageurs) INRETS ETC93/DGAC INRETS / DGAC
Corse 1,9 1,2 1,2 67% 65%
Radiales hors corse 16,8 7,9 12,2 47% 73%
Transversales hors corse 2,6 2,4 3,5 92% 134%
Total intérieur métropole 21,3 11,5 17 54% 80%

Source : d’après données DGAC, ETC, INRETS

Au-delà de la comparaison pour l’année 1993, on peut comparer les évolutions de trafic entre 1981 et 1993. Le trafic DGAC sur les lignes intérieures françaises était de 11,3 millions de passagers en 1981 et 12,9 millions en 1982. Comme l'Enquête Transport 1981 s'est déroulée aux ¾ en 1981 et au ¼ en 1982, on peut estimer à 11,7 millions le nombre de passagers qui correspondent à l'année d'enquête ETC81. Or, d'après l'ETC 1981, les résidents français ont effectué 4,8 millions de déplacements internes à la France et 5,4 millions de déplacements entre la France et l’étranger.

Tableau 11 : Répartition des déplacements en avion des résidents français ayant une extrémité en France entre déplacements France-France et France-étranger.
  1981 1993 Ratio 93/81
DGAC (1) 11,7 21,4 1,83
Dépl. France-France des résidents français (source ETC) (2) 4,8 11,5 2,41
Dépl. France-étranger des résidents français (source ETC) 5,4 18,6 3,43
Total des dépl. des résidents français (source ETC) 10,2 30,1 2,95
Ratio (2)/(1) 41% 54%  

Selon les statistiques DGAC, le trafic sur les lignes intérieures françaises a ainsi progressé de +83% entre 1981 et 1993, alors que d'après les ETC les déplacements des résidents français France-France ont progressé de +141% et le trafic-étranger de +243%. Ces progressions sont dissemblables.

Notes
10.

Les grands aéroports de province disposent d’un certain nombre de dessertes vers les DOM-TOM ainsi que vers quelques grandes villes européennes. Certaines de ces grandes villes (notamment Londres ou Francfort) peuvent à leur tour servir de plates-formes de correspondance vers un grand nombre de destinations. Une part importante des déplacements ayant comme origine ou destination la province ne subit pas de préacheminement sur les lignes domestiques.