IV. Conclusion

Les déplacements à longue distance constituent un objet à géométrie variable suivant la définition retenue. La longue distance est généralement définie par opposition à la mobilité locale comme ensemble des déplacements à plus de 100km du domicile. Toutefois cette masse de déplacements recouvre plusieurs marchés : les déplacements interrégionaux concernés par le développement des réseaux à grande vitesse, le marché des déplacements infrarégionaux et le marché des déplacements internationaux d’échange et de transit. Le marché des déplacements interrégionaux constitue le segment central de notre analyse. Toutefois le contour exact de la définition retenue dépend des sources de données à disposition et doit répondre aux critères d’opérationnalité.

Les données relatives aux déplacements à longue distance en France sont multiples mais hétéroclites. Nous disposons de séries chronologiques de volumes de trafic issues des statistiques opérateurs. Toutefois l’information n’est disponible pour l’ensemble des trois modes train, avion, voiture qu’à un niveau national. Pour chaque mode pris séparément nous disposons de données plus fines spatialement : trafics par tronçon autoroutier, volumes de passagers par liaison aéroport, matrices gares à gares SNCF. Toutefois ces données ne sont pas facilement comparables : pour le ferroviaire il s’agit de matrices origines-destinations, ce qui n’est pas le cas des deux autres modes. Par ailleurs pour le ferroviaire ces données origines-destinations ne sont disponibles que sur 5 ans. Outre les séries chronologiques opérateurs nous disposons de données d’enquêtes. Les Enquêtes Transport-Communications de 1981 et 1993 fournissent une image des déplacements à plus de 100km à vol d’oiseau des résidents français. D’autres enquêtes fournissent des renseignements complémentaires sur certains segments des déplacements à longue distance. Les Enquêtes Vacances de l’INSEE nous éclairent sur les séjours pour motif loisir de 4 nuits et plus. Le panel Suivi de la Demande Touristique nous renseigne sur les séjours d’au moins une nuit hors du domicile.

Le champ des déplacements couverts varie suivant le type de données considéré. Les Enquêtes Transports et Communication couvrent les déplacements de plus de 100km à vol d’oiseau. Les données de flux opérateurs recouvrent différents types de trafic, aussi bien du trafic local que du trafic interrégional ou du trafic international en transit. Les évolutions des déplacements à longue distance diffèrent sensiblement suivant que l’on considère l’Enquête Transports et Communications ou les flux opérateurs. Ces différences d’évolution proviennent de la différence de définition, en partie aussi des différences de méthodologies d’enquêtes et des incertitudes liées à la faiblesse de la taille des échantillons.

Deux approches différentes des déplacements à longue distance sont envisageables : une approche en termes de mobilité à travers les enquêtes et une approche en termes de flux de trafic sur le réseau. L’approche mobilité permet de considérer des segments de déplacements définis en termes de seuil de distance. Nous pouvons par exemple choisir d’appeler longue distance l’ensemble des déplacements de plus de 100km dont à la fois l’origine et la destination se situent en France. Dans l’approche par les logiques de flux nous retenons l’ensemble des flux circulant sur le réseau à grande vitesse : trafic sur le réseau des autoroutes concédées, trafic intérieur France, trafic sur les lignes aériennes intérieur métropole.

Pour une analyse qualitative de la longue distance il est utile de croiser les informations issues de l’ensemble des sources de données à notre disposition. Ces sources de données se révèlent en effet complémentaires. Les données chronologiques opérateurs permettent d’analyser la dynamique des déplacements à longue distance. Toutefois nous ne disposons pas d’informations permettant de segmenter les volumes de déplacements à longue distance par type de marché. Les enquêtes permettent de pallier ce manque et mieux comprendre certains déterminants socio-économiques de la longue distance. Pour un essai de modélisation de l’évolution des déplacements, il apparaît en revanche délicat de combiner les deux types de données. L’approche mobilité impose de s’appuyer sur les données chronologiques opérateurs.

Dans le chapitre suivant nous analysons les déterminants des déplacements à longue distance à travers l’ensemble des sources de données à notre disposition ainsi qu’à partir des sources bibliographiques. Nous présentons aussi les évolutions des principaux facteurs de la mobilité à longue distance au cours des vingt dernières années. Les chapitres suivants sont consacrés à des aspects modélisation : analyse bibliographique des différentes méthodes de modélisation (chapitre 3) puis essai de simulation à partir de séries chronologiques (chapitre 4). La qualité des données et l’homogénéité dans le temps des séries chronologiques constituent un élément crucial de validité du calage des paramètres, ce qui explique les redressements effectués.