1.2.1. Intérêt et limites des données d’enquêtes

Les Enquêtes Transports et Communications permettent d'appréhender la nature des déplacements à longue distance (motifs de déplacement, durées de voyage, tailles de groupe), et apportent des éléments d’information précieux, notamment sur le profil des individus se déplaçant à longue distance. De toutes les enquêtes disponibles, les Enquêtes Transports et Communication sont celles qui couvrent le champ de mobilité le plus vaste. Toutefois nous bénéficions d'enquêtes complémentaires sur des segments particuliers de la longue distance. L'INSEE réalise tous les cinq ans des enquêtes vacances dans le cadre de ses enquêtes de conjonctures, selon une méthodologie identique d'une enquête à l'autre (Rouquette, 2001). Depuis 1991, le panel SDT (Suivi de la Demande Touristique) fournit un éclairage sur les voyages professionnels d'au moins une nuit hors du domicile (SES, 2000). Par ailleurs toutes les mises en service de TGV ont été accompagnées d'enquêtes (enquêtes avant – après du LET réalisées autour du TGV Sud-Est et du TGV Atlantique, enquête sur données de panel autour du TGV Nord).

Ces différentes enquêtes sont précieuses car elles apportent des éléments d’information que ne produisent pas les données de flux de trafic : nature des déplacements à longue distance en termes de motifs, durées de voyages, et tailles de groupe, déterminants socio-démographiques de la mobilité.

Ces enquêtes présentent toutefois des inconvénients. Les échantillons sont parfois trop réduits pour produire des résultats spatialisés statistiquement fiables à une échelle spatiale fine. Par ailleurs, les prix ne sont généralement pas enquêtés, ce qui rend impossible les analyses sur ce plan. Enfin, les enquêtes réalisées à un instant t présentent une photographie des différences de comportement entre catégories d'individus à une date donnée mais une analyse trop hâtive de ces différences peut conduire à des interprétations fallacieuses (Bonnel, 2004). Pour analyser les déterminants du niveau de mobilité et du partage modal, il est nécessaire de décorréler les variables explicatives entre elles pour mettre en évidence la hiérarchie de ces principaux facteurs. Toutefois, cette approche statique nous permet seulement d'avoir une vision à une date donnée des facteurs de différenciations intercatégorielles des niveaux de mobilité. Pour comprendre les facteurs d'évolution dynamiques du niveau de la mobilité et du partage modal, il est nécessaire de compléter cette approche par l'analyse d'informations dynamiques, sous peine de se heurter à des interprétations fallacieuses (Bonnel, 2004). Ainsi les ménages les plus âgés ont des taux de départs en vacances plus réduits que la moyenne de la population (même à niveau de revenu égal), mais il n'est pas possible de savoir si cette sous-mobilité vient d'un effet d'âge ou d'un effet de génération. S'il s'agit d'un effet d'âge, le vieillissement de la population devrait entraîner une baisse du niveau de départ en vacances. S'il s'agit d'un effet de génération, le taux de départ en vacances des seniors risque de tendre vers celui du reste de la population, on devrait assister à une hausse du niveau de départ en vacances de la population, toutes choses égales par ailleurs. L'observation de plusieurs enquêtes successives permettrait de décorréler effets d'âge et effets de génération. Toutefois il n’existe que deux enquêtes transports et communications, et compte-tenu des différences de méthodologie (cf chapitre 1), il paraît délicat de comparer les deux. Les enquêtes vacances et le panel SDT fournissent de l’information dynamique précieuse ; toutefois ces enquêtes portent sur un champ restreint de la mobilité : séjours de loisirs d’au moins 4 nuits pour les enquêtes vacances, séjours d’au moins 1 nuit pour le panel SDT (et à l’exclusion des motifs professionnels jusqu’à une date récente).