Introduction générale

Un des rôles majeurs de la psycholinguistique est d’étudier les processus impliqués dans la reconnaissance des mots, c'est-à-dire de définir les mécanismes cognitifs sous-tendant l’identification d’items visuels et auditifs en tant que mots. Une des branches de ce domaine correspond à préciser la façon dont s’effectue l’accès au lexique. Cette notion fait référence à l’ensemble des représentations correspondant aux unités détentrices de sens de la langue. Ce lexique interne serait organisé sur le modèle d’un dictionnaire, c’est à dire bâti autour d’une liste ordonnée d’entrées lexicales dont chacune d’entre elles véhiculerait les informations essentielles à leur identification, compréhension et à leur utilisation.

Figure 1 : Schéma tiré de Perfetti et Hart (2001).
Figure 1 : Schéma tiré de Perfetti et Hart (2001). Ce schéma représente les représentations lexicales des trois constituants du mot gate [porte] : ORthographique (OR), PHonologique (PH) et SEmantico-syntaxique (SE).

Chaque unité lexicale serait caractérisée par trois types d’informations spécifiques : sa forme phonologique, sa forme morphosyntaxique comprenant entre autres, la catégorie grammaticale, le genre grammatical ou le nombre du mot et enfin sa signification (voir figure.1).

Une façon d’aborder la problématique de la manière dont s’opère l’accès aux représentations stockées dans le lexique, serait de déterminer la nature des informations inhérentes à un mot (e.g. les signaux phonologiques, son sens, ses caractéristiques grammaticales) qui vont être analysées et mises à disposition du système afin que puisse s’effectuer sa sélection parmi l’ensemble des items composant le lexique. Dans cette perspective, nous avons décidé d’axer notre étude sur la dimension de genre grammatical des noms.

D’un point de vue général, nous allons au cours de cette introduction donner les principaux arguments nous ayant conduit à utiliser le genre comme outil expérimental. Après avoir défini ce qui fait du genre grammatical un système syntaxique spécifique et utile aux processus de compréhension et de production, nous nous attarderons sur la façon dont s’effectue l’assignement (i.e. définition des indices induisant la catégorisation d’un mot dans telle ou telle classe de genre) et l’accord en genre (i.e. les règles régissant l’articulation des mots les uns par rapport aux autres dans une phrase). Pour terminer avec ce chapitre, nous présenterons la ligne de conduite non exhaustive suivie lors de cette thèse ainsi, que les différents protocoles mis en place.