Le genre grammatical 

Nous allons au cours de cette partie introduire le concept de genre grammatical. L’exposé de ses principales caractéristiques nous amènera à considérer son importance et son omniprésence dans le système langagier français, ainsi que les retombées capitales de son étude dans le cadre plus général de l’accès au lexique.

Définition

Dans la plus part des systèmes langagiers, le genre grammatical constitue une façon classique de catégoriser les mots (noms, verbes, adjectifs, etc.) contenus dans notre lexique mental. La présence d’un tel type de classification reposant sur la divisions des noms en classes dites nominales est déterminé sur la base de caractéristiques précises (Hockett, 1958) : (1) tous les noms doivent appartenir à l’une des classes de genre définies et (2) seul un faible nombre d’entre eux peuvent être intégrés dans plusieurs classes à la fois (i.e. ce qui est communément appelé en français les ‘épicènes’, c'est-à-dire des mots référant soit à un item féminin ou masculin, tel que un/une élève, un/une enfant).

Cependant, ce mode de classification n’est pas universel. Ainsi de nombreuses langues indo-européennes n’ont pas de classes de genre à proprement parler comme c’est le cas pour le basque, le chinois, le turc, le malgache (langue officielle de Madagascar) ou le hongrois. Plus spécifique en substance, l’anglais possède un vestige de système de genre dit naturel reposant sur la nature des pronoms mais pas de genre grammatical véritable. Par exemple, she[elle] va faire référence à un humain de genre naturel féminin, he[il] va être attribué à une personne de sexe masculin, alors que it est adjoint à tous les autres noms, qu’il s’agisse d’animé ou d’inanimés. Le système des pronoms anaphoriques 1 en finnois s'articule sur une opposition entre humain et non humain (-HUM) (hän/se), qui recouvre assez exactement ce qui se passe en anglais (he-she/it).

De plus, certains points vont être sujets à variation et ce en fonction de la langue étudiée : le nombre de genres, les critères permettant la répartition des mots dans les différentes classes (i.e. règles d’assignation) et les règles d’accord.

Notes
1.

Les pronoms anaphoriques font référence non pas à des personnes appartenant à la situation présente, mais au contexte, c'est-à-dire aux animés, inanimés ou situations présents dans le contexte immédiat. Par exemple : cette photo, il doit absolument la faire développer !