Le nombre de classes de genre

Lorsqu’un système de genre est présent, il est possible de noter une variabilité du nombre de classes le composant (Corbett, 1991).

Ainsi en latin, en russe ou en allemand, la catégorisation implique trois sous catégories : les noms peuvent être soit masculin, soit féminin, mais également neutre (Cf. tableau 1).

Tableau 1 : Exemples de langues à trois genres : masculin, féminin et neutre
  féminin masculin neutre
Allemand Wand [mur] Tisch [table] Fenster [fenêtre]
Latin rosa [rose] dominus [maître] templum [temple]

Très proches de l’allemand, d’autres langues germaniques tels que les systèmes danois, norvégien ou hollandais, originairement à trois genres (i.e. masculin, féminin et neutre) ne possèdent actuellement plus que deux genres : commun d’un côté , résultant de la fusion des classes masculine et féminine, neutre de l’autre côté (Cf. tableau 2).

Tableau 2 : Exemples de langues à deux genres : commun et neutre
  commun neutre
Hollandais tafel [table] huis [maison]
Norvégien skogen [forêt] treet [arbre]

Dérivées du latin, la plus part des langues romanes, tels que l’espagnol, l’italien ou le français, ont éliminé le genre neutre pour ne baser leur classification des substantifs que sur deux catégories : les masculins et les féminins (Cf. tableau 3).

Tableau 3 : Exemples de langues à deux genres : masculin et féminin
  féminin masculin
Italien tavola [table] sole [soleil]
Espagnol tabla [table] sol [soleil]
Français table soleil

Mais la subdivision en deux classes n’est pas spécifique aux langues romanes et germaniques. L'arabe distingue lui aussi deux genres : le masculin et le féminin.Un autre exemple que l’on peut donner est le cas du kollami. Appartenant aux langues dravidiennes, famille composée d’une trentaine de dialectes originaires de l’Inde, cette langue partitionne les noms entre ceux faisant référence aux humains mâles (masculin) et tous les autres (non masculin).

Enfin, d’autres langues comportent un nombre beaucoup plus important de classes sémantiques pouvant être considérées comme des sortes de genres. Ce dernier n'est donc pas obligatoirement fondé sur le sexe, il peut aussi être organisé selon la morphologie des mots, ou selon les caractéristiques propres des objets ou être vivants, telles que leur forme, texture ou couleur. En diyirbal, langue aborigène d'Australie, la division s’effectue en quatre catégories : (1) les noms représentant les humains mâles et les animés non humains ; (2) les humains femelles ; (3) les noms attribués à la nourriture autre que la viande ; (4) tous les autres mots. Le swahili (de la famille des langues bantoues, parlé dans l’est africain), pour sa part, comprend douze ou dix-huit classes nominales selon les traits employés : la classe des êtres humains, des êtres vivants, des plantes, etc.

Etudier le genre grammatical en psycholinguistique est à l’origine relativement complexe puisque le nombre de classes diverge d’une langue l’autre. La question que l’on peut dorénavant se poser est la suivante : sur quelle base s’effectue l’assignation d’un mot dans une classe déterminée de genre ?

Pour plus de simplicité nous ne parlerons dans les parties suivantes que des langues indo-européennes (famille regroupant environ un millier de langues telles que les langues celtiques, romanes, germaniques ou même slaves, etc.).