La production de parole : modèle général

Les quatre étapes de la production de mots

La parole, et plus spécifiquement la production de mots, nécessite avant que l’articulation ne soit possible d’extraire les items du lexique mental, puis d’encoder la forme qui pourra ainsi être prononcée. Ce processus se constitue donc de différentes étapes que l'on retrouve dans tous les modèles théoriques : le niveau conceptuel, la sélection du lemme, l'encodage morphologique et phonologique du mot, et au final l'encodage phonétique amenant à l'articulation. Nous allons tout de suite plus explicitement détailler ces étapes.

Le niveau conceptuel. C'est le passage d'une information à exprimer en un message constituant le concept lexical. Lorsqu'un locuteur voit l'image d'un 'cheval', il va accéder aux différentes concepts possibles, à savoir 'cheval', mais également 'équidé' ou 'animal', puisque qu’il est possible de se référer à un objet via un grand nombre de chemins. Le message exprimé est donc non-verbal, pré-linguistique.

La sélection lexicale. Ce niveau de traitement correspond à l'activation, dans le lexique mental, des termes associés aux différents concepts précédemment extraits (dans notre exemple : cheval, équidé et animal). Il va donc y avoir une coactivation de tous les lemmes correspondant d'un point de vue sémantique à l’image. A noter, que l’on appelle lemme la forme syntaxique et la signification de l’item, c'est-à-dire la classe grammaticale du mot ainsi que les diverses caractéristiques lui étant liées, tel que le genre, le nombre, etc. (ex. Bock & Levelt, 1994). Une fois les différents lemmes activés, un processus de compétition va être mis en place, qui va aboutir à la sélection d'une unique représentation en fonction des informations disponibles dans le contexte.

L’encodage morpho-phonologique et la syllabification. Une fois les lemmes sélectionnés, ils vont être transcrits en codes morpho-phonologiques que l’on appelle lexème. Cette étape correspond à la préparation de l'articulation appropriée pour le mot sélectionné dans un contexte prosodique donné. La première étape de ce processus correspond à l'extraction du code phonologique du mot du lexique mental. Puis vient le stade de la syllabification, mécanisme plus tardif ne prenant pas effet dans le lexique mental et dépendant fortement du contexte : ainsi pour le concept ‘cheval’ de départ, les locuteurs vont se préparer à la prononciation de /cheval/ si le contexte phrasique est singulier, ou de /chevaux/ si le mot se trouve lié à des marqueurs pluriels. Le produit de ce niveau de traitement va constituer les données d’entrées initialisant le processus d’encodage phonétique dont la sortie (ou output) sera l’articulation.

L’encodage phonétique et l’articulation. L’encodage phonétique, comme son nom l’indique, consiste en la représentation matérielle des sons qui constituent le langage. Ce processus va aboutir à la conversion du phonème en un son, ou signal acoustique. Il englobe donc la production du signal, son articulation, mais également tous les processus neurologiques indispensables à la construction du message audible, incluant la commande neuronale faite aux muscles.