Les erreurs de substitutions

La distinction entre le lemme et le lexème, définis antérieurement, est une notion bien ancrée dans la littérature et supportée par un grand nombre d’observations. Les premières données laissant supposer la présence d'un double mécanisme lors de l'accès au lexique proviennent des erreurs de substitutions de mots dans le langage spontané. En 1973, Fromkin, établi une compilation des études portant sur les erreurs de langage. Quelques années plus tard, sur la base d'un corpus édité par le MIT-CU, Garrett (1975) fait la distinction entre deux types d'erreurs : lorsque le substitut et le mot cible ont la même signification mais ne présentent pas d'homologie de forme (e.g. Il y a un félin sur le toit. Au lieu de chat ) ; et lorsque les deux éléments n'ont aucun rapport de sens mais affichent des formes similaires (e.g. Il y a un châle sur le toit. Au lieu de chat ). Il met également en évidence le fait que le mot échangé appartient généralement à la même catégorie grammaticale que la cible et qu'il porte par là même des caractéristiques syntaxiques similaires. Selon lui, il n'y aurait pas d'erreurs mixtes (ce qui plus tard va être remis en question par Dell, 1986) : soit il y a substitution par le sens, soit par la forme. Cette observation vient soutenir l’idée que le genre et le nombre seraient conservés à travers la substitution. L’implication d’une telle conclusion, à savoir que la substitution d’un mot par un autre serait contrainte par les indices syntaxiques alors quelle ne semble pas dépendre de la forme phonologique, est celle d’un accès aux items lexicaux en deux phases : l’encodage des données sémantiques et syntaxiques d’un côté et l’encodage phonologique de l’autre.