Le modèle LOGOGEN

Le premier modèle apparaissant dans la littérature est celui de Morton (1964, 1969, 1970, 1979) appelé logogen. Une définition des logogènes serait les unités activées lorsque les mots sont détectés par le système visuel. Un logogène correspondrait alors à l’ensemble des informations associées à une représentation lexicale, comme sa structure phonétique, mais aussi ses caractéristiques syntaxiques et sémantiques. Ces unités seraient activées lorsque la somme des activations venant de diverses sources d'informations dépasserait un seuil spécifique à chacune d’entre elles. La valeur de ce seuil varierait selon la fréquence des mots : plus le mot présente une fréquence d’occurrence élevée dans la langue, plus son seuil d’activation est bas. De plus, une fois sélectionné, le niveau d’activation du logogène va décroître lentement, ce qui permet d’expliquer la réduction du temps nécessaire pour reconnaître un mot déjà vu et traité.

Dans sa version initiale ou pre-logogen établie en 1964, Morton rend compte de l’agencement modulaire des processus cognitifs impliqués dans le langage. Ce modèle se caractérise par l’intervention de quatre facteurs qui vont agir soit individuellement, soit dépendamment les uns des autres sur le mécanisme de d’activation : (1) l’input sensoriel visuel déclanchant, c'est-à-dire le stimulus entrant dans le système visuel ; (2) le déclencheur sensoriel acoustique qui va lui-même entrer par les voix auditives ; (3) le contexte phrasique et (4) la sélection consciente. A noter, que dans ce type de modèle, n’importe quelle information peut pré-activer le logogène avant que ce dernier n’ait atteint son seuil d’activation et donc avant que sa sélection ne soit effective. Ainsi le contexte peut intervenir avant les informations sensorielles sur la récupération de la représentation lexicale.

Après révision de son premier modèle, Morton (1979) propose le modèle final dit logogen présenté sous la forme de la figure 6. Le dictionnaire mental positionné centralement est remplacé par le système logogène et les modules responsables des effets de contexte et de sélection consciente ont été fusionnés en un unique ensemble cognitif.

L’accès au lexique est vu comme un processus passif et interactif faisant usage d'informations aussi bien ascendantes (i.e. issues des processus bottom-up, telles que les informations relatives à la structure orthographique du stimulus) que descendantes (i.e. générées par les processus top-down comme c’est le cas pour les informations contextuelles). L’accès au lexique est donc direct et se produit simultanément pour tous les mots grâce à une activation en parallèle des différents logogènes. Cependant le fonctionnement précis du modèle reste relativement flou, en particulier sur la manière dont les diverses informations sont intégrées au cours du temps. Ainsi, ce modèle n’établit pas de distinction entre l’accès à la forme orthographique et l’accès au sens d’un mot, contrairement au modèle sériel, comme celui de Forster.

Figure 6 : Modèle redessiné de Morton (1979 ; issu de Derek J. Smith, Copyright © 2002).
Figure 6 : Modèle redessiné de Morton (1979 ; issu de Derek J. Smith, Copyright © 2002).