Le modèle MROM

Il s’agit d’une variante de l’activation interactive de McClelland & Rumelhart. Construit afin d’expliquer les mécanismes sous-tendant la tâche de décision lexicale (protocole amplement employé pour la mise en place des modèles ci-dessus énoncés) ce modèle computationnel appelé MROM pour Multiple Read Out Model fut proposé par Grainger et Jacob (1996).

Selon ces auteurs, la vitesse avec laquelle les sujets donnent une réponse est soumise à l’influence de trois critères principaux. Les deux premiers jouent un rôle sur les réponses positives, alors que le troisième fait varier les réponses négatives : (1) le niveau d’activation permettant d’identifier une unique représentation lexicale ; (2) le degré d’activation global de tous les mots associés également activés ; et (3) le délai temporel variant selon les caractéristiques des items expérimentaux (i.e. mots et pseudo-mots) et selon la consigne.

Il va donc y avoir présence d’inhibitions latérales compétitives qui expliqueraient l’effet de fréquence : cette inhibition serait plus forte pour les mots de faible fréquence, ce qui augmenterait le temps nécessaire à leur récupération.

L’étude de ces principaux modèles d’accès au lexique en compréhension a amené entre autres à la conclusion que le temps nécessaire pour accéder à un item stocké dans le lexique est très sensible à tout un ensemble de facteurs associés au mot, tel que sa fréquence d’occurrence (i.e. l’estimation du nombre de fois où apparaît un item dans un large corpus de mots), sa longueur (Hudson & Bergman, 1985 ; O’Regan & Jacobs, 1992) ou encore le nombre de voisins orthographiques qu’il possède (i.e. l’ensemble de tous les items de même longueur partageant toutes les lettres sauf une à la même position que la cible : ‘ocre’ possède un unique voisin orthographique ‘ogre’, tandis que ‘secteur’ en est pourvu de quatre : lecteur, vecteur, senteur et recteur ). Par exemple, tant par un paradigme de décision lexicale (Grainger, 1990 ; Morrison & Ellis, 1995 ; Stone & Van Orden, 1993), que par une tâche de dénomination (Balota & Chumbley, 1985 ; Ferrand, 2000 ; Monsell, Doyle & Haggard, 1989), un grand nombre d’études ont mis en évidence une augmentation de la rapidité et de la justesse des réponses pour les mots fréquents par rapport aux temps compilés pour des mots peu fréquents.

Une volumineuse littérature c’est intéressée aux effets du contexte sémantique morphosyntaxique ou syntaxique sur les mécanismes de reconnaissance des mots, mais par contre très peu se sont encore focalisées sur la composante de genre grammatical. Pourtant si l’on considère le genre grammatical comme étant une caractéristique inhérente à un nom donné, alors connaître les processus intervenant lors de son extraction permettrait d’avoir un aperçu plus précis des procédures mises en œuvre lors de l’accès aux représentations lexicales.

Les principales questions que le travail de thèse visera à explorer dans le chapitre 2 sont donc les suivantes : quel sont les événements cognitifs mis en jeu lors du traitement du genre ? Quel est son rôle dans la compréhension du langage ? A quel moment du processus d’accès au lexique va-t-il intervenir ?