Résultats

Sur les 21 sujets, les données de l'un d'entre eux ont été perdues en raison d'un problème d'enregistrement, et les essais de deux autres n'ont pas été pris en compte à cause d'un taux d'erreurs supérieur à 15%. Les outliers (temps supérieurs à 1500ms ou inférieurs à 300ms) correspondaient à 2.2% des données, tandis que le taux d'erreurs de catégorisation se montait à 4.8%. Comme précédemment, les moyennes des temps de réaction corrects et les taux d'erreurs par conditions ont été pondérées par la ligne de base (i.e. les données issues de la décision lexicale). Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 26.

Plusieurs analyses de variance, par sujet (F1) et par item (F2), ont été menées sur les temps de réactions et sur les taux d'erreurs corrigés en fonction du premier Phonème (voyelle Vs consonne), du Genre des mots (masculin vs féminin) et de la Tâche (expérience 2Poss Vs expérience 3).

De façon assez surprenante, les latences augmentent significativement lorsque le nombre de réponses mon et ma sont en égales proportions (moy. 0,289) comparé à l’expérience faisant intervenir une disproportion, i.e. expérience 2Poss (moy. 0,136) [F1 (1,39)=6.58, p=.014 ; F2 (1,60)=257.3, p<.0001]. Cette hausse de forte amplitude nous a amené à reconsidérer l’effet de Tâche entre les décisions de genre mettant en jeu les possessifs et celles faisant intervenir les étiquettes de genre. Nous avons donc conduit une ANOVA à un facteur (Tâche) afin de comparer les moyennes globales pour les expériences 2Genre et 3 : aucune différence n’étant trouvée entre les latences [F1<1 ; F2 (1,63)=1,347 ; p=.250] nous pouvons dire que le temps nécessaire à la catégorisation ne varie pas selon la consigne, i.e. que les réponses soient données en fonction des articles possessifs ou des labels de genre.

En second lieu, le facteur tâche n’interagit pas avec le Phonème [Fs<1] bien que l’effet global de ce dernier soit significatif [F1 (1,39)=14.26, p=.0005 ; F2 (1,60)=7.36, p=.009] : quelque soit le pourcentage de chaque réponse, l’augmentation du temps nécessaire à la décision entre les items débutant par une consonne (moy. 0,264) et ceux par une voyelle (moy. 0,310) persiste.

On retrouve également l’effet de Genre [F1 (1,39)=14.26, p=.0005 ; F2 (1,60)=11.05, p=.0015]. Il faut néanmoins souligner la tendance à la diminution de l’écart de latences établit entre les items masculins et les items féminins dans l’expérience 3 (différence moyenne de .045) par rapport à l’expérience 2Poss (différence moyenne de .080) puisque l’interaction s’approche de la significativité, mais par item uniquement [F1 (1,39)=1.45, p=.236 ; F2 (1,60)=3.4, p=.07].  

Pour terminer avec l’analyse des latences, il émerge une tendance à l’interaction entre les facteurs Genre et Phonème par sujet [F1 (1,39)=3.725, p=.061 ; F2 (1,62)=2.45, p=.123], alors que l’interaction entre les trois variables (Tâche * Genre * Phonème) tend à la significativité par sujet et émerge totalement par item [F1 (1,39)=3.81, p=.058 ; F2 (1,60)=11.61, p=.0012]. Différemment de la précédente expérience de catégorisation en fonction des articles possessifs, lorsque les proportions de réponses mon et ma sont identiques, on noterait la présence d’une interaction entre les deux facteurs. Cette hypothèse se voit confirmée par la significativité de l’interaction lorsque l’on procède à l’analyse des latences en négligeant cette fois ci la variable Tâche [F1 (1,17)=5.852 ; p=.0271]. Les items demandant le plus de temps pour être catégorisés sont ceux appartenant à la condition des mots féminins débutant par une voyelle, et ce par rapport à toutes les autres conditions.

Tableau 26 : Moyennes des temps de réaction et pourcentage d'erreurs par condition pour l’expérience 3 NOTE : Les données du tableau représentent les valeurs pondérées par la ligne de base pour les moyennes des temps de réaction (TR en ms), les Déviations Standards (SD) et les taux d'erreurs (ER) selon le genre (masculin Vs féminin) et la nature du premier phonème (voyelle Vs consonne) pour les 18 sujets et 96 items pour l’expérience 3.
  voyelle Consonne Moy. Générale
  TR SD ER TR SD ER TR SD ER
Féminin .362 .218 4.67 .258 .235 0.22 .310 .104 2.44
Masculin .265 .219 -0.47 .270 .236 -0.32 .268 .088 -0.40
Moy. .310 .095 2.10 .264 .096 -0.05 .289 .098 1.02

Les analyses des erreurs ont été conduites de manière identique à celles des temps de réaction.

On note tout d’abord une absence d’effet de Tâche [Fs<1] : quelque soit la proportion de chaque réponse, la décision est prise aussi aisément.

Les items débutant par une voyelle sont sujets à plus d’erreurs que ceux commençant par une consonne selon l‘analyse par participant, alors que seule une tendance est obtenue par item [F1 (1,39)=16.74, p=.0002 ; F2 (1,60)=3.06, p=.085]. Nous observons que l’influence de la nature du Phonème interagit avec le facteur Tâche par sujet [F1 (1,39)=5.25, p=.028 ; F2<1] : on trouve une influence de l’initiale seulement dans l’expérience 3.

L’effet de Genre [F1 (1,39)=45.56, p<.0001 ; F2 (1,60)=48.58, p<.0001] est identique pour les deux tâches puisque l’interaction entre les deux facteurs est nulle [Fs<1] : les participants font significativement plus d’erreurs de catégorisation sur les mots féminins que sur les masculins et ce quelque soit l’expérience considérée.

L’interaction entre les facteurs Genre et Phonème est significative [F1 (1,39)=24.1, p<.0001 ; F2 (1,60)=10.45, p=.002] alors que la triple interaction n’émerge que par sujet [F1 (1,39)=4.12, p=.05 ; F2<1] : si dans les deux expériences la condition produisant le plus d’erreurs par rapport à toute les autres est celle des mots féminins débutant par une voyelle, l’inhibition du traitement est de plus grande amplitude dans la tâche où les pourcentages de réponses mon et ma sont équivalents.