Problématique

Dans notre langue, un cas lors duquel les informations de genre doivent être sélectionnées est celui de la compréhension de phrases. Ainsi, l’accès à ces indices est nécessaire et essentiel puisque le genre d’un déterminant se doit de correspondre avec celui du mot associé. En effet, comme dans les autres langues romanes, les marques de genre sont généralement utilisées pour le calcul des relations de longues distances entre les divers éléments constituant une phrase (i.e. accord en genre, voir Vigliocco & Franck, 1999), tout comme entre un article et un nom ou entre un adjectif et un nom. Par exemple, les mots débutant par une consonne catégorisés comme masculins sont précédés par l’article défini le (e.g. le fauteuil) alors que les noms féminins se trouvent associés à l’article la (e.g. la table). Ces règles d’accord induisent que les locuteurs de langue maternelle française se doivent de récupérer les informations de genre stockées dans le lexique mental rapidement et avec exactitude.

Relatif à cette observation, la première partie c’est donc attachée à répondre à deux grandes questions : (1) la première concerne la nature des indices de genre où comment les marques de genre portées par un article défini vont-elles influencer la reconnaissance des mots subséquents ? Ce qui amène à la question plus large du rôle d’un contexte marqué en genre sur le processus d’accès au lexique ; (2) la seconde est relative au décours temporel, c'est-à-dire quand est-ce que cette information va être extraite et à quel moment va-t-elle affecter le traitement lexical en modalité visuelle des mots ?

Deux grands points de vue se confrontent dans la littérature : (1) selon la première hypothèse, l’information de genre portée par exemple par un adjectif ou un article contribuerait à réduire l’espace de recherche lexicale à un unique groupe de mots ayant un genre particulier (mécanisme impliquant la subdivision du lexique en deux sous-classes : masculins et féminins) ; (2) la seconde théorie veut, au contraire, que l’information de genre véhiculée par les marqueurs syntaxiques ne participent pas à la sélection des représentations lexicales. Les informations de genre interviendraient plutôt à un stade plus tardif du traitement, dit post-lexical, c'est-à-dire au cours du processus de vérification des règles d’accord. Répondre à une telle question nous amènerait à conclure quant à la possible ségrégation du lexique en deux en fonction des informations de genre, et donc à étoffer les modèles visuels d'accès au lexique. En effet, une extraction précoce présupposerait une utilisation de ces informations pour diviser l'espace de recherche en deux afin d'accélération la sélection de la représentation lexicale associée à la cible. Tandis que de l'utilisation tardive de ces indices découlerait une non subdivision.