Expérience 2 : Décision lexicale avec un amorçage visible

Comme nous venons de le noter, l’effet d’amorçage observé durant la compréhension d’articles définis dans l’expérience 1 peut avoir deux sources possibles : soit il reflète une contribution post-lexicale à un mécanisme de vérification de la congruence syntaxique ; soit à une utilisation du genre pour optimiser le processus de reconnaissance des mots par réduction de l’espace de recherche lexicale, impliquant une activation pré-lexicale automatique.

Une seconde expérience a été montée dans le but de tester la validité de ces deux hypothèses. Pour cela nous avons présenté aux participants le même matériel que celui utilisé au cours de l’expérience 1, sur lequel nous leur avons demandé de procéder à une tâche de décision lexicale en amorçage masqué, à la différence que les amorces n’étaient pas visibles. Une suite de lettres était présentée durant un temps très court (SOA : 47ms) juste après un pré-masque constitué d’un ensemble de symboles, de telle façon que les sujets étaient largement inconscients de la présence du stimulus amorce. L’avantage majeur de cette technique est qu’elle peut être prise comme indicatrice de la présence ou pas de mécanismes complètement automatiques, prenant place durant le traitement lexical. Les sujets ne réalisant pas qu’une amorce est diffusée visuellement en amont de la cible, ils ne peuvent donc pas la prendre en compte pour procéder à la décision lexicale. C’est pour cette raison que cette procédure offre une méthode d’étude des mécanismes libres de tous effets stratégiques.

Basé sur ce postulat, si les locuteurs utilisent les informations de genre véhiculées par les articles définis de façon précoce, un effet d’amorçage devrait être trouvé. Nous pourrons également en conclure que le lexique se ségrégue en deux blocs (i.e. féminin versus masculin) lors des premières étapes du mécanisme afin que la sélection du candidat pertinent s’opère plus rapidement. Par contre, si les temps de réaction dans les conditions d’incongruence et de congruence comparé à la ligne de base ne sont pas significativement différents, cela indiquera une utilisation des informations de genre de façon subséquente au processus d’accès au lexique.