Expérience 3 : Décision lexicale et variation de l’ISI

Les expériences 1 & 2 permettaient de définir si des indices de genre préalables affectaient le processus d’accès au lexique des noms les suivant. Le patron des résultats de ces deux expériences suggère, par comparaison des temps de réaction obtenus dans la condition neutre (contrôle lexical) et de ceux observés en présence d’un article, qu’un effet d’amorçage émergeait entre les conditions de congruence et d’incongruence lorsque les amorces étaient présentées 200 et 47ms, mais ce uniquement pour les sujets les plus lents. L’hypothèse corrélée à cette observation était que les sujets utiliseraient l’information de genre à un stade relativement tardif du traitement (i.e. post-lexical) alors même que ces indices ne seraient intégrés qu’à un niveau pré-lexical.

Afin de vérifier cette proposition, nous avons monté une troisième expérience au cours de laquelle les sujets étaient forcés de délayer dans le temps leurs réponses. La procédure correspondait en une réplication de l’expérience 2 (même matériel et même dessin expérimental) et en l’ajout d’un post-masque (suite de consonnes phonologiquement non valide en français) juste après la présentation de l’amorce (SOA : 57ms). Visible durant 150ms, ce post-masque avait pour rôle de retarder les réponses des locuteurs et donc de leur laisser le temps d’intégrer et de traiter les indices pouvant influencer les latences de décision lexicale.

Si l’extraction des informations de genre prend place avant l’accès au lexique, nous nous attendons à trouver des temps de réaction plus rapides pour les mots précédés par un article valide plutôt que par un article inapproprié. A l’inverse, si les caractéristiques de genre sont extraites et traitées lors d’une étape post-lexicale, alors les latences de réponse seront équivalentes pour les noms précédés par un article défini congruent et incongruent.