PARTIE EXPERIMENTALE

Expérience 1 : Mode de réponse standard

Le but de cette expérience était de déterminer si les informations de genre portées par un nom pouvaient influencer la vitesse de réponse lors d’une tâche de catégorisation du mot suivant. Pour cela nous avons monté une tâche de décision de genre avec un paradigme d’amorçage. Il parait important, dans le contexte présent, d’utiliser une tâche permettant de capter le processus à un niveau précoce, sans que celui-ci ne soit affecté par des facteurs stratégiques et post-lexicaux. Une façon de procéder consiste en l’utilisation d’une mesure indirecte des effets de genre, telle que la technique d’amorçage. L’amorçage, en général, a lieu lorsque l’exposition à un premier stimulus, constituant l’amorce, facilite ou inhibe la réponse donnée au stimulus cible suivant. Si la présence de l’amorce module la vitesse de traitement de la cible subséquente (i.e. via une augmentation ou un ralentissement des temps de réaction) en fonction de la relation existant entre les deux items, alors ces résultats sont susceptibles de nous apporter des indications sur l’organisation lexicale et sur les mécanismes d’extraction des mots stockés dans notre lexique mental. De plus, pour atténuer les effets post-lexicaux il est possible de masquer les amorces. En effet, si cette dernière n’est pas vue de façon consciente, on minimise alors les effets de stratégies mis en place par les sujets. Cette procédure de masquage est très largement employée, comme nous l’avons vu précédemment, dans les études de reconnaissance de mots chez les adultes (Forster, 1981 ; Forster & Davis, 1984 ; Grainger & Ferrand, 1994, 1996 ; Lukatela & Turvey, 1990, 1994). Donc, les sujets devaient simplement décider si un mot, précédé par une amorce masquée (SOA : 58ms) était féminin ou masculin. Deux relations possibles s’établissaient entre les amorces et les cibles : soit leur genre était identique, ce qui correspondait à la condition de congruence (e.g. cuisine fem -larme fem ; fusil masc –pavé masc) ; soit leur genre différait et c’est ce que nous avons appelé la condition d’incongruence (e.g. cuisine fem –pavé masc ; fusil masc -larme fem). Si un amorçage de réponse causé par un processeur fonctionnant de manière automatique a bien lieu, nous nous attendons à trouver des temps de réaction plus long dans la condition d’incongruence comparés à ceux de la condition de congruence. A l’opposé, l’obtention de latences équivalentes dans les deux conditions signifiera que le choix de la réponse pour les items cibles n’est pas préparé conformément aux informations de genre véhiculées par l’amorce.