Discussion

Le but de cette analyse complémentaire était de vérifier la présence d’un effet de fréquence dans les deux expériences de catégorisation de genre, ainsi que de déterminer l’avantage du système de réponse go-nogo sur le système classique oui-non. En premier lieu, pour les sujets un effet de fréquence d’amplitude identique prend place sur les temps de réaction et les pourcentages d’erreurs dans les expériences 1 et 2. Les données par item, quant à elles, indiquent qu’un effet de fréquence n’est obtenu que dans l’expérience 1. Enfin, globalement le système go-nogo induit des réponses plus précises et plus rapides.

Le pattern de résultats montre clairement que la fréquence des mots affecte leur vitesse de catégorisation et ce quelque soit le système de réponse impliqué. Cette constatation est compatible avec les données trouvées dans la littérature selon lesquelles le traitement des noms de basse fréquence est ralentit et plus complexe que celui des mots de haute fréquence. Donc l’absence d’effet d’amorçage par le genre n’aurait pas pour origine la qualité des items présentés, mais serait plutôt une conséquence du mécanisme responsable du traitement des informations de genre lors de la reconnaissance visuelle des mots.

Concernant l’influence du système de réponse les données sont un peu moins claires de par la présence d’une divergence des effets entre les analyses par sujet et par item. Si l’effet de fréquence apparaît bien avec une amplitude similaire dans les deux tâches par sujet, seule la catégorisation selon le mode standard implique un effet par item. Une hypothèse quant aux causes de cette variation serait que le faible écart de fréquence entre les moyennes des groupes LF et HF aurait écrasé certains effets. Ce postulat repose sur le fait que la fréquence joue un rôle variable sur les temps de catégorisation uniquement sur les items. Il est peu probable d’envisager l’implication du paradigme d’amorçage, puisque la présence d’un effet de fréquence a été contrôlée sur les items cibles et que nous nous sommes pas intéressés aux caractéristiques des mots employés en temps qu’amorces.

Le produit de l'analyse comparée des deux expériences indique que les latences de décision sont plus hautes lorsque les sujets doivent effectuer un double choix, la différence entre le système standard et d'inhibition de réponse se montant à 92ms. Cette variation des latences est associée à un effet de tâche également sur les erreurs : un pourcentage de mauvaises catégorisation plus élevé dans la tâche standard que selon le mode go-nogo.

Si l’on considère l'influence du système de réponse employé sur les moyennes des TRs et des taux d'erreurs, le système go-nogo fourni des réponses plus rapides et plus précises que le mode standard. Ces résultats viennent confirmer la théorie de Gordon (1983) selon laquelle le système standard de réponse nécessite un processus cognitif supplémentaire demandeur de temps.

Même si l’amplitude des effets ne semblent pas être influencée par le système de réponse, ce qui peut aisément être imputé à l’écartype réduit de la moyenne des fréquences, les résultats compilés dans ce paragraphe confirment néanmoins l’hypothèse selon laquelle la prise de décision à double choix correspond à un processus nécessitant un délai supplémentaire comparativement au mode go-nogo, ce qui entraînerait un plus grande imprécision des réponses. L’emploi des réponses go-nogo au détriment du mode oui-non est donc avantageux non seulement lors des tâches de décision lexicale, mais également lors de paradigmes sous-tendant des processus plus tardifs, tel que la catégorisation en genre. Selon cette assomption, il apparaît que l’influence du système de réponse se situe au niveau du choix de la réponse et non pas sur les processus cognitifs amenant à la reconnaissance visuelle des mots.