La sélection des articles en production

Nous avons dans un premier temps exploré les différents modèles théoriques des étapes impliquées dans la production des mots. Cela nous a conduit à l’élaboration d’un modèle succinct de la récupération des articles tenant compte de la séquentialité des étapes d’intégrations des informations phonologiques et de genre ainsi que de la nature du traitement (sérielle ou en cascade).

Plusieurs conclusions ont été tirées des expériences menées : (1) nous avons confirmé que l’accès aux propriétés syntaxiques (i.e. le genre grammatical) s’effectuait prioritairement aux propriétés phonologiques (i.e. nature du premier phonème) ; (2) dans les langues romanes, tel que le français, la sélection des déterminants prend place tardivement, c‘est à dire après la récupération du lemme et du lexème comparé aux langues germaniques ou le processus prend place dès spécification du genre des mots ; (3) le passage d’un niveau de traitement à un autre se fait sur un modèle interactif, c'est-à-dire par des flux bidirectionnels des informations (le niveau n+1 peut être pré-activé par les informations extraites au niveau n et mise à disposition du système) ; (4) la question d’indépendance des propriétés syntaxiques et phonologiques n’ayant pas été éclaircie, nous n’avons pu départager si le processus de production de mots se basait sur le modèle dit en cascade ou plutôt sur le modèle en réseaux indépendants ; (5) le mécanisme de récupération des déterminants est en partie influencée par l’action couplée de la fréquence d’occurrence des articles et de la fréquence d’une forme particulière au sein d’une classe de genre donnée. Les conséquences de ce dernier point sont que les articles indéfinis vont être récupérés plus rapidement et avec moins de difficulté que les articles possessifs. Enfin, (6) si en règle générale le traitement des mots féminins est plus rapide que celui des mots masculins à l’opposé, lors de la récupération des possessifs, le système va être fortement ralenti pour les féminins.

Pour plus de précisions, il serait nécessaire de reconduire les expériences de potentiels évoqués afin de déterminer si les processus sont effectués de façon sérielle ou pas ; mais également de reconduire la tâche de catégorisation selon les possessifs, cette fois ci en équilibrant les pourcentage respectifs de réponses mon et ma, afin de définir si les informations phonologiques et de genre agissent indépendamment l’une de l’autre ou pas sur la sélection des déterminants.