PREMIERE PARTIE
AFFINITES ELECTIVES

En tant que nation latine, la Roumanie est naturellement destinée à se rapprocher de la France à laquelle elle se sent, structurellement, semblable. L’Occident a toujours exercé un attrait pour les pays situés aux confins de l’Europe, l’Allemagne ou l’Italie ont fasciné et séduit par moment, voire étendu leur influence dans tel ou tel domaine culturel (le seul qui nous préoccupe ici), à diverses époques. Mais le pays de prédilection pour les Roumains a été, - à toute époque et en toute circonstance - la France !

S’il est unanimement admis que la France fut, à plus d’un titre, un modèle pour l’Europe du dix-huitième et du dix-neuvième siècles, elle le fut, par voie de conséquence, également pour ces contrées situées aux portes de l’Orient que l’on connaissait surtout sous le nom de Principautés danubiennes ou de Valachie, (qui vient du nom « valaque » que les slaves utilisent pour « latin, romain ») et de Moldavie, et que les Roumains appellent plus globalement « Tàrile Române »- Les Pays roumains, jusqu’en 1859, lorsque la province du Nord-Est, la Moldavie, s’unit avec la Valachie, formant ainsi la Roumanie (mais sans la Transylvanie qu’elle n’intègre qu’à la fin de la première guerre mondiale). Sans nous lancer dans un récit historique fastidieux, nous rappelons seulement que ces trois provinces séparées par des frontières dues à des aberrations ou à des hasards de l’Histoire, étaient unies linguistiquement puisque - c’est un fait reconnu par les spécialistes - on y parle la même langue (issue du latin vulgaire) qui ne connaît pas le moindre patois local. Précision nécessaire, nous semble-t-il, pour comprendre les ressorts du mécanisme d’influence ou la nécessité des modèles et leur fonctionnement, facilité par l’unité linguistique.