c) ORGANISER SON UNICITE

Les deux premières réalisations romanesques de Camil Petrescu : La dernière nuit d’amour et Madame T ont en égale mesure surpris par leur récit novateur et par la structure... déstructurée et ont trouvé, paradoxalement, auprès de la critique et du public une enthousiaste adhésion. C’est qu’au-delà des aspects qui auraient pu heurter le lecteur, celui-ci était conquis au projet de l’écrivain roumain par une qualité rare qui émanait de son écriture et qui participe de l’organicité de sa création.

L’unité de l’œuvre de Camil se trouve, en effet et d’une manière plus qu’évidente dans sa stylistique de « véridicité ». Elle agit au niveau de la langue, comme de la structure du récit, en élément unificateur. Faire croire à son lecteur que les personnages ont réellement existé ne lui déplaît point : quelques critiques des années 30 ont cru reconnaître dans Ladima un poète contemporain qu’ils ont eu l’élégance de ne pas nommer et qui fait penser, par son aspect vestimentaire, à la description que faisait Edmond Jaloux du Proust de 1917 - rapportée par A. Maurois : « Jamais il ne s’est décidé à renoncer aux modes de sa jeunesse: col droit très haut, plastron empesé, ouverture du gilet, cravate régate » (A la recherche de Marcel Proust, p., 281) - portrait proche de celui que Fred réalise de son ami poète à croire que son auteur – certainement au courant de cet aspect de la biographie proustienne - nous entraîne dans son jeu subtil de pistes. Le lecteur y est continuellement sollicité et entraîné. La relation dans la quelle se positionne l’auteur et ses personnages prend les formes les plus étonnantes et le jeu qui régit ce genre de relations est d’une grande complexité. Pour le fixer dans le cadre imposé par le concept d’authenticité, Camil Petrescu a recours à des moyens divers. D’abord l’écrivain nous présente le personnage-signataire des lettres (madame T.), au besoin il renvoie à son roman précédent (pour Fred) : « il est le fils de ce grand industriel auquel j’ai conventionnellement donné le nom de Tànasé Vasilescu dans le roman Dernière nuit d’amour, première nuit de guerre (MT, p.29). (Les inconditionnels du "proustianisme" verraient ici une continuité narrative permettant aux deux romans d'être pris dans un ensemble romanesque à l'image de la Recherche. Il s'agit pourtant de deux oeuvres différentes bien que des thèmes communs et une recherche esthétique permanente les rapprochent )

Il arrive que le personnage s’adresse directement à l’auteur : Madame T. dialogue avec l’écrivain (qui est aussi auteur dramatique, pas de doute, il s’appelle Camil Petrescu !) Dès le premier mot (en français, car en roumain l’adjectif possessif est post-posé) « Vos remontrances sont inutiles comme la colère de quelqu’un qui frapperait à la porte fermée d’à côté au lieu de frapper à celle qu’il cherche… » la relation bizarre – pour un lecteur de l’époque, mais aussi d’aujourd’hui - entre le personnage et l’auteur est acquise par ce dialogue à distance, et la phrase contient déjà une comparaison dans un registre assez simple sinon banal. ( Car la femme qui l’écrit n’est qu’une novice !) Sans la mettre sur un plan d’égalité avec l’inégalable phrase par laquelle débute la Recherche, (Longtemps je me suis couché de bonheur) dont elle n’a pas la prodigieuse musicalité, l’on peut quand même s’aventurer à la considérer comme laissant présager de la structure du récit, de sa nature dialogique. ( Un dialogue un peu spécial, établi entre l’auteur du livre et ses personnages, dialogue qui est converti, à la lecture, entre le romancier et le lecteur). Lorsque Madame T. évoque l’épisode du train et l’arrivée d’un ami, elle s’adresse encore à l’auteur du roman : « un ami à moi, à Fred et à vous ».

Le narrateur du chapitre l’Après -midi du mois d’août raconte le déjeuner qu’il fait en compagnie de l’auteur des notes en bas de la page qui contiennent la propre confession de Fred ! Le lecteur a la nette impression que l’auteur est en train de lire par-dessus son épaule la même histoire, prêt, au besoin, à intervenir : « Le jeune Fred Vasilescu, fils d’un industriel plus de cent fois millionnaire… » Ladima, à son tour, écrit à Emilie qu’il a intercédé auprès de l’auteur en sa faveur ! Le romancier intervient alors en bas de la page, comme à l’accoutumé, sous le prétexte d’une précision en se révélant ainsi au grand jour ! Dans la Recherche il arrive qu’Albertine écrive un petit billet à son cher Marcel ( ou que le Narrateur dialogue avec elle sur le vécu dostoïevskian).

Au besoin, l’auteur de Madame T., aura joué au détective « avec la vague excuse d’un intérêt d’écrivain » lorsqu’il veut découvrir qui se cache derrière le X des lettres de madame T. et la persuade d’avouer. L’authenticité qui prend appui sur la sincérité (mais pas seulement) implique la crédibilité ; il faut que le lecteur soit convaincu par le narrateur. La confiance instaurée dès les premières notes en bas de page doit être entretenue: soit en doublant le récit du personnage avec les affirmations contenues dans les notes, avec des articles de journaux de l’époque, soit en rappelant tout simplement au lecteur les événements politiques contemporains aux faits évoqués par Fred, l’« actualité » -comme diraient de nos jours les journalistes !

Si Madame T. est une belle femme raffinée, élégante, distinguée, instruite, discrète, bref, si elle a toutes les qualités d’un personnage parfait, elle risque de passer pour un création invraisemblable, pour un personnage de rêve, un personnage romanesque! Alors, l’auteur dira d’elle qu’elle est « d’une beauté sur le fil du rasoir », pour la rendre ainsi plus réelle, plus vraie. Fred, l'inconditionnel amoureux, se trouve un instant dans le doute ( l’épisode de l'exposition, lorsqu’un ami perfide lance quelques paroles désobligeantes sur « cette mocheté de madame T. »), ensuite il se flatte à l'idée que la femme aimée n'est belle que pour lui. A un autre degré on peut interpréter cet épisode comme une réflexion philosophique sur la connaissance et son caractère subjectif : on ne peut connaître qu’à travers le moi ! Mais au premier degré, même le lecteur avisé se laisse prendre au piège tendu au nom de la transfiguration littéraire : le vécu devenu écrit. Si le « je » est la première personne de Madame T. ou de Fred Vasilescu ou de Ladima, il est la somme, comme nous l'avons déjà dit, la quintessence du « je »« auctorial », le subjectif multiforme de Camil Petrescu. Les histoires des personnages sont chères au lecteur qui se dit qu’elles pourraient être celles de l’auteur ou tout au moins imprégnées d’éléments biographiques tant elles débordent de vérité. Le lecteur interprétera ici l’authentique comme du concret vécu. En cela, Camil pourrait être rapproché du Narrateurdont on croit lire la confession, puisque dans la Recherche nous avons à faire à l’utilisation quasi excessive du « moi » et du « je ». Une confession allant jusqu’au dévoilement douloureux.

De la confession, procèdent aussi les deux personnages de Madame T. ; les lettres de Ladima sont, à leur tour et par nature, des lignes écrites sur un ton de confession. Lorsqu’il y a des « intrus », comme les paroles d’Émilie ou de sa sœur Valérie, ou, encore, des anciens amis de Ladima, que Fred contacte pour mieux comprendre le suicide du poète, ces « voix » nous sont rapportées par le narrateur du moment, le plus souvent par Fred. Parfois par le romancier. Camil Petrescu est le premier qui joue au plus haut point avec son public à peine sorti de l’école « traditionaliste » à ce jeu narratif dont il est l’initiateur. Il est vrai que sur le plan européen, les confessions ont un bel âge au moment de la parution du roman de C. Petrescu. La tradition littéraire renvoie, à tout le moins, pour les débuts du genre, aux « Confessions » de J.J. Rousseau, comme on le sait. Dans la culture roumaine, il n’y a pas d’autre précédent, à part les quelques écrits de jeunesse de Hortensia P. Bengescu. Le seul roman de la littérature roumaine qui se présente sous la forme d’un journal (son sous-titre le désigne clairement journal d’Emil Codrescu ) – inclus de par sa nature dans le genre de littérature de confession par excellence - Adèle de Garabet Ibràileanu, unique roman du grand critique ! n’a été publié qu’en 1934 ( alors que Madame T. paraît en 1933). Une preuve de plus de l’originalité de Camil (qui, de toute façon n’appréciait pas la confession à la manière gidienne). Faire croire à la véridicité des personnages n’était pas une idée complètement nouvelle ; c’est une convention littéraire bien ancrée dans l’histoire des œuvres littéraires. Italo Svevo, l’écrivain triestin, commence son célèbre roman La Coscienza di Zeno avec une « préface » d’une demi-page qui appartiendrait au docteur S., celui-là même qui a soigné le patient Zeno et qui s’excuse auprès des lecteurs : « di aver indotto il mio paziente a scrivere la sua autobiografia… » Et que dire du début de Jean Santeuil où l’on nous fait croire que le roman que nous allons lire a été offert aux deux jeunes amis de l’écrivain C. sous la forme d’une copie qu’il vont publier ? Les deux jeunes hommes avaient connu C., auteur qu’ils mettent au-dessus de tous les autres, dans une station où ils passaient leurs vacances. Quatre ans après, l’écrivain les fait venir, se sentant mourant, et les deux jeunes, ne trouvant après la mort du maître aucune trace du roman parmi ses papiers ni aucune allusion publique à ce manuscrit, se décident à publier la copie dont ils disposent. Ce n’est qu’après ce préambule que démarre le véritable Jean Santeuil. Étant donné que Marcel Proust a renoncé à ce roman pour A la recherche du temps perdu et qu’il n’a été publié qu’après sa mort, en 1952, nous pensons qu’il n’était pas encore connu des lecteurs roumains, ni de Camil (pourtant au courant de toute la vie littéraire française de cette époque) au moment où il rédigeait son Madame T. et que l’on ne saurait y puiser une quelconque influence ! Il s’agirait plus d’un genre romanesque à la mode à cette époque. Une convention littéraire similaire est celle à laquelle fait appel, vers 1886, Paul Bourget pour un roman "de confession" écrit à la première personne aussi: il s'agit d'André Cornélis (publié en 1887, chez Alphonse Lemerre, Éditeur) qui est le témoignage que le héros s'impose d'écrire comme une thérapie dont le résultat devrait être analogue à celui de la confession qu'il faisait, enfant, à l'église. Un journal qui, une fois la grande douleur transposée sur le papier, sera à l'usage exclusif de son écrivain et qui recherche ce "principe de délivrance" qui rajeunit l’âme et qui est à trouver "dans le fait d'avoir dit mes fautes, jeté au-dehors ce poids de la conscience qui nous étouffe". Thérapie par l’écriture qui rappelle, par le soulagement apporté, les phrases de Fred le narrateur.

« C'est alors que j'ai conçu l'idée, afin de tromper ma douleur, de me confesser ici, pour moi tout seul, sur un cahier de papier blanc, -comme je le ferais au prêtre. Je jetterai là tout le détail de cette affreuse histoire, morceau par morceau, comme le souvenir viendra »... ( André Cornélis, p.3)

Les Liaisons dangereuses présente aussi un subterfuge d’éditeur qui essaie de persuader le lecteur de l’existence réelle des auteurs des lettres données en lecture. Tout comme L’École des femmes de Gide (un auteur que l’écrivain roumain ne tient pas en grande estime !)

Ce qui est différent chez Camil Petrescu, c’est que la convention est remplacée par la conviction qu’il cherche à tout prix à inculquer au lecteur quant à la réalité de ses personnages, par diverses manières dont la donnée historique n’est pas exclue. On sait l’ampleur qu’a prise pour Proust l’affaire Dreyfus, les allusions à des réalités historiques contemporaines, comme la guerre de 14, les scandales financiers, etc. Dans Madame T. l’auteur roumain ajoute en notes en bas de page des articles de journaux contemporains de la vie de Ladima, relatifs à la vie économique du pays et à des scandales politiques de l’époque. Pour faire vrai, donc, l’auteur donne le texte d’un politicien véreux, Naé Gheorghidiu, qui avait engagé Ladima pour créer (et écrire à lui seul tout) un journal – « Le Siècle »- en sa faveur ; avec l’honnêteté foncière qui le caractérisait, ce dernier refusera le compromis une fois qu’il aura compris le subterfuge de Gheorghidiu. Toujours en bas de page, le lecteur peut lire et l’intervention de Gheorghidiu à la Chambre et les échos dans les journaux ; mais cela pourrait être pure fiction (pour les générations de lecteurs à venir, éloignés donc de l'actualité évoquée) si l’auteur ne faisait glisser des noms réels de chef de parti de l’époque (les Bràtianu) ou s’il n’utilisait de convaincantes astuces comme on le voit par exemple, page 220. Au début de la page, sur à peu près un quart de sa totalité, c’est Fred qui raconte l’épisode :

‘« Le soir, après la séance à la Chambre, il y a eu chez nous une sorte de fête. On a bu du champagne, on a fait tous les commentaires possibles sur cette séance devenue désormais fameuse, on a tracé des plans d’avenir… »’

En une première note en bas de page et en petits caractères typographiques, sur un tiers de page, intervention de l’auteur qui explique :

‘« Le succès de Gheorghidiu a été réellement remarquable…Si dans certains journaux, l’interpellation et la réponse n’ont eu droit qu’à deux ou trois lignes de plus qu’une communication à propos d’un pont coupé (Monsieur Gheorghidiu dans une affaire personnelle), « L’Avenir » et les journaux de tendance libérale en ont publié de pleines colonnes. « Le Siècle » portait naturellement sur toute la largeur de sa page le titre : « La mise en pièce d’un système de calomnies »… Ce n’est évidemment pas le lieu de reproduire l’intégralité de l’article, bien qu’il nous semble être caractéristique et des personnages, et de la vie politique, et de la manière dont l’État roumain était servi, alors… ».’ ‘« En voici quand même quelques phrases et quelques passages pris tantôt au début, tantôt à la fin » : ’

(suivent les exemples promis sur plusieurs tiers de pages !)

Enfin, sur le dernier tiers de cette même 220éme page, la suite d'une autre note, appartenant à l’auteur (et à l’écrivain Camil Petrescu !), commencée à la page 211 à propos d’un article courageux signé par Ladima et publié dans « Le Siècle », note grâce à laquelle l’auteur est présent dans le récit, comme un simple personnage, mais un personnage réel, une personne, sinon une personnalité de l’époque :

‘« …La rédaction du Siècle était très intéressante en son genre. De sempiternelles discussions…des visites d’actrices, car Émilie y venait souvent, accompagnée d’amies à elle. Personnellement je n’ai jamais été au nombre des rédacteurs… Mais un jour où nous sortions ensemble d’une réunion du comité de la Société des Écrivains Roumains, j’ai eu avec Ladima une longue conversation et je lui ai exprimé très sincèrement et sans aucune intention (je me serais senti pourtant très à mon aise dans un tel journal car je n’ai appris que beaucoup plus tard qu’il appartenait à Gheorghidiu), la grande estime que j’avais pour son attitude et pour le nerf avec lequel le journal était dirigé… » (M.T.,p. 211)’

Cette manière de nier le statut biographique de l’auteur n’est pas loin de rappeler celle du Narrateur qui, pendant la discussion avec Albertine sur Dostoïevski et le sentiment criminel (la culpabilité) de l’écrivain russe, il dit qu’il connaît mal cet auteur, qu’il « est certain que comme tout le monde, il a connu le péché sous une forme ou sous une autre… En ce sens-là il devait être un peu criminel comme ses héros, qui ne le sont d’ailleurs pas tout à fait, qu’on condamne avec des circonstances atténuantes…Je ne suis pas romancier, ma petite Albertine, il est possible que les créateurs soient tentés par certaines formes de vie qu’ils n’ont pas personnellement éprouvées » (La Prisonnière, p.379), alors que deux pages plus loin, le Narrateur revient sur une de ses expériences, (par une connexion de pensée avec les phrases de Vinteuil), dont nous savons qu’elles sont à la base de son « roman » :

‘« je me disais qu’après tout il se pourrait que si les phrases de Vinteuil semblaient les expressions de certains états de l’âme analogues à celui que j’avais éprouvé en goûtant la madeleine trempée dans la tasse de thé, rien ne m’assurait que le vague de tels états fût une marque de leur profondeur, mais seulement de ce que nous n’avons pas encore su les analyser, qu’il n’y aurait donc rien de plus réel en eux que dans d’autres. » (L.P.,p.381).’

De même, l’auteur de Madame T., se plait à osciller - dans le même passage - entre nier et avouer, voiler et dévoiler les données réelles ( personnelles) qu’il prête au personnage de Ladima en son hypostase de journaliste :

‘« Il m’a invité à y collaborer mais seulement après un temps de vague réflexion et plutôt par politesse… Je n’ai pas réussi à savoir si c’était le succès qui l’avait égaré au point de l’amener à croire qu’il n’avait plus besoin de personne ou si cela ne venait pas de ce qu’il m’estimait finalement assez peu, malgré nos très nombreux points de vue communs. (…) J’ai accepté et je me rendais souvent à la rédaction où s’étaient mis à venir, depuis quelque temps, des personnages d’une certaine « surface politique », s’il m’est permis d’employer cette expression… »’

La distance manifeste qu’il prend par rapport à Ladima n’est qu’un artifice supplémentaire pour brouiller les pistes :

‘« Avec son excessive sentimentalité, G. Ladima prenait pour de l’amitié le geste de ces gens qui venaient lui rendre visite - peut-être était-il aussi assez flatté de ce qui était plus ou moins un acte de vassalité- et ils avaient, eux, la satisfaction de s’assurer, pour le prix de deux cigarettes, qu’ils fumaient là-bas, la sympathie d’un journal si redouté, où l’on pouvait faire d’intéressantes mises au point, publier des notes qui s’en prenaient toujours à quelque chose ou des caricatures, etc. » (passim, 212). ’

A un autre endroit, toujours dans la même logique du « faire vrai », l’auteur ajoute, immédiatement après nous avoir donné à lire en entier un des articles, signé de Ladima : 

‘« P. S. : Pour mieux faire comprendre le moment, pour essayer de justifier les violences de Ladima et pour rendre de manière plus vraisemblable l’atmosphère de ces événements, nous joignons à cela, au moment où on met le livre sous presse, plus de quatre ans après sa mort, la reproduction exacte d’une lettre récemment publiée dans un de nos grands quotidiens sous un titre de deux colonnes en caractères gras : (A PROPOS DE L’ACHAT DE LA FABRIQUE « ASTRA » d’ARAD). Nous avons reçu, du général M. Ionescu, directeur général des Chemins de Fer, la lettre suivante, etc »…( M.T., p. 225)’

L’abondance des notes qui pourrait, à priori, être fastidieuse voire nuisible pour la lecture, favorise finalement l’adhésion du lecteur ; à la parution de la traduction du livre en France, le critique du « Monde des Livres », Edgar Reichmann, en saisissait l’importance dans une chronique enthousiaste dont le sous-titre était, « La fête proustienne d’un grand écrivain roumain, Camil Petrescu » :

« Mais à cette fête roumaine l’événement trivial, politique et social souhaite participer lui aussi. Pour l’évacuer, tout en l’utilisant, Camil Petrescu fait appel aux notes en bas de page. Loin d’alourdir le texte, elles finissent par s’imposer comme certaines musiques de fond obsédantes, qui accompagnent le lent ballet des acteurs principaux .» (in « Le Monde des livres », du 19 janvier 1990, p. 17).