Germain Audran, aux dires de nombreux auteurs, aurait enseigné le dessin à l’école académique lyonnaise de peinture et de dessin dont Dezallier d’Argenville nous informe qu’elle a été dirigée par Thomas Blanchet 185 . De cette école, nous ne savons pratiquement rien à l’époque où Pierre vivait à Lyon. En 1836, A. Pericaud relève à l’année 1677 des tables lyonnaises : « Au commencement de cette année une école de dessins avait été établie à Lyon. Coysevox et Blanchet, l’un sculpteur, et l’autre peintre, furent chargés de l’ériger, après en avoir été nommés professeurs. Le 13 février de l’année suivante, cette école fit présenter des statuts à l’Académie qui les approuva 186 ». Charvet observe également, dans un mémoire lu à la Sorbonne le 24 avril 1878, que Thomas Blanchet, peintre de la ville de Lyon « avait conçu le projet d’établir dans cette ville, soit une Académie de peinture et de sculpture, soit une école de dessin ». Pourtant, l’auteur pense que le peintre n’a pas obtenu les lettres patentes pour la ville de Lyon 187 .
On trouve dans l’ouvrage de Lucie Galacteros-de Boissier sur Thomas Blanchet confirmation que Germain Audran a bien été adjoint puis professeur à l’Académie fondée par Thomas Blanchet à Lyon 188 . Blanchet avait exposé son projet à Charles Le Brun en 1676. Ce projet ayant été accepté, Coyzevox (Lyon 1640-Paris 1720) avait été chargé de porter les copies des lettres patentes, des statuts et des règlements à Blanchet qui travaillait à Lyon 189 .
Le « 2 janvier 1677, Blanchet et Coyzevox sont officiellement chargés d’établir l’école de Lyon et le 13 février, le sculpteur présente de la part de ses collègues lyonnais un projet d’Ordre pour son organisation. Le projet est accepté ainsi qu’une proposition de ces Messieurs de Lyon … 190 ». D’autre part, le procès-verbal de l’Académie royale de peinture, sculpture et gravure en date du vendredi 27 février 1682, expose que « Monsieur Blanchet … a esté reçeu, et a fourny son tableau comme les autres Académiciens, et a esté esleu et nommé Professeur, le mesme jour de sa réception, en considération du soin qu’il vouloit prendre de l’establissement d’une École Académique en la Ville de Lyon, il prendra séance en qualité de professeur selon l’ordre de sa réception … 191 ». Ce procès-verbal est signé par Le Brun qui n’a probablement rien fait pour aider Blanchet à réaliser officiellement cette création en raison de sa politique de centralisation parisienne 192 .
On ignore tout sur l’existence de cette école académique lyonnaise de peinture et de dessin jusqu’à sa réorganisation par le Consulat en 1769, si ce n’est que Louis XV donna au mois d’aôut 1724, des lettres patentes, à la demande du maréchal, duc de Villeroy, pour l’établissement à Lyon d’une Académie divisée en « deux compagnies », l’une sous le nom d’Académie des sciences et des belles-Lettres, l’autre sous celui des Beaux-Arts 193 .
Thomas Blanchet a-t-il réellement organisé cette école dans les années où Pierre Drevet se trouvait à Lyon, c’est-à-dire entre 1675 et 1683 ? Rien ne permet de l’affirmer 194 . Néanmoins, il est certain qu’un groupe d’artistes informel travaillait autour de Thomas Blanchet et de Germain Audran depuis 1676-1677, peut-être dans leurs ateliers respectifs. Il est incontestable que Pierre a bénéficié de cet enseignement auprès de Germain Audran, et qu’à Paris, Girard Audran (Lyon 1640-Paris 1703) a accueilli, non pas un simple apprenti mais un graveur expérimenté, formé au dessin, qui a gravé pour lui tout en se perfectionnant.
Dezallier d’Argenville 1745-1752,II pp. 298-301.
Péricaud 1836, p. lj.
Charvet 1878, pp. 6-7.
Galactéros-de Boissier 1991, p. 472.
Galactéros-de Boissier 1991, p. 246-247.
Galactéros-de Boissier 1991, p. 249.
Montaiglon 1878, II, p. 216-217. Voir également Charvet 1878, pp. 6-7.
Charvet 1878, p. 7.
Dumas 1839, pp. 17-20.
Galactéros-de Boissier 1991, p. 252.