Pierre Drevet a probablement déjà bénéficié chez Girard Audran, de l’appui bienveillant de son maître auprès d’autres artistes graveurs, peintres et sculpteurs de l’Académie, de sorte que, lorsqu’il prend son indépendance en 1692, sa connaissance du milieu artistique est déjà étendue. Hyacinthe Rigaud, qui était en relation avec l’Académie de Peinture et de Sculpture pour en avoir reçu le premier prix en 1682, a vraisemblablement parlé du talent de Pierre Drevet aux artistes cités plus haut, le faisant connaître, en outre, par les six premiers portraits gravés d’après lui.
En définitive, les signatures inscrites dans le contrat de mariage de Pierre Drevet en 1696 242 , reflétent bien le milieu artistique dans lequel Pierre travaille et vit déjà durant les dix dernières années du XVIIe siècle. Les signatures à ce contrat parlent d’elles-mêmes : le monde de la gravure est représenté par Girard Audran et son épouse Hélène Licherie, ses deux neveux, Benoît et Jean Audran, sa sœur Antoinette Audran. Appartenant à la corporation des imprimeurs, on trouve le très fortuné Guillaume Desprez, libraire et imprimeur du roi 243 ; la sculpture et la peinture sont représentées par François Girardon, qui vient d’être nommé chancelier de l’Académie royale, accompagné de son épouse, Catherine Duchemin, peintre de fleurs et académicienne, Nicolas de Largillierre, François de Troy et son épouse Jeanne Cotelle. Notons que Pierre gravera les portraits de François Girardon et François de Troy la même année. L’architecture a également sa place puisque Pierre Lepautre, architecte et graveur du roi, appose aussi sa signature. Il ne manquait à ce mariage que la présence de Hyacinthe Rigaud encore en voyage auprès de sa mère, à Perpignan.
Les meilleurs graveurs de ce temps lui sont connus, tels que Étienne Picart le Romain 244 ou Jean-Louis Roullet 245 . Pierre admire aussi Gérard Edelinck, car non seulement il a acquis dans les premières années du XVIIIe siècle des planches du graveur 246 mais aussi des estampes, dites d’une grande beauté, gravées d’après Léonard de Vinci, Raphaël, Guido Reni, Le Brun… ainsi qu’un recueil de trois-cent-quatre-vingt-huit estampes en deux volumes de portraits et de sujets gravés par Edelinck 247 . Pierre Drevet manifeste deux autres marques d’estime et d’amitié envers Edelinck. La première est l’achèvement de l’estampe en deux cuivres de la Famille de Darius aux pieds d’Alexandre (cat. P. Dr., n° 12), d’après Pierre Mignard, qu’Edelinck n’a pas eu le temps de terminer 248 . La seconde est le don à l’Académie, qui était dans l’attente de son morceau de réception, du cuivre du Portrait de Charles Le Brun gravé par Gérard Edelinck, d’après Nicolas de Largillierre, que Pierre Drevet avait acquis après la mort du graveur 249 .
Pierre Drevet a donc bénéficié à cette époque, de la fréquentation de cet éminent entourage. En outre, à partir de 1703, année pendant laquelle Pierre est agréé à l’Académie royale de Peinture, de Sculpture et de Gravure, il agrandira le cercle de ses connaissances et fréquentera à l’Académie les meilleurs artistes de son temps.
A. N., m. c. ET/LXIX/163, voir annexes, vol. III, p. 12.
Martin 1969, II, p. 730.
Nous verrons plus bas que Pierre Drevet a travaillé pour lui pendant quelque temps.
Pierre Drevet a terminé gratuitement le Portrait de François de Poilly que Roullet avait commencé et n’avait pas achevé avant sa mort (cat. P. Dr., n° 115)
Cat. vente Claude Drevet 1782, p. 21, n° 216
Cat. vente Claude Drevet 1782, pp. 8-16.
Voir cat. P. Dr., n° 12.
Montaiglon 1878, IV, pp. 47-48-49.