II. l’apôgée de la carrière de Pierre Drevet (1698-1714) et de son atelier (1703-1730)

1. L’installation de l’atelier de Pierre Drevet en 1702-1703

Les locaux de la rue du Foin, sans doute trop exigus et ne correspondant plus à son activité ou désirant simplement s’installer rue Saint-Jacques, Pierre Drevet signe le 20 octobre 1702, un transport de bail à son profit, pour une durée de quatre ans à compter de Noël de cette même année. Ce bail concerne une maison située sur la paroisse Saint-Benoît, attenante à l’église-chapelle Saint-Yves. Les administrateurs de cette église en sont les bailleurs, alors que le curé de la paroisse Saint-Cosme et Saint-Damien en est le responsable spirituel. C’est ce dernier qui donne son consentement. Pierre devra payer quatre-cent-trente livres de loyer annuel. La maison est vaste. Elle comprend une boutique sur la rue et une « salle » à l’arrière, six chambres sur trois étages, le tout, sur cave 271 . Le bail est reconduit le 16 mai 1706 pour le même loyer, néanmoins Pierre obtient le prolongement de sa durée à six ans 272 . Le 5 juin 1712, Pierre signe pour la troisième fois le renouvellement de son bail, encore pour six ans et sans changement du prix du loyer 273 . Le quatrième renouvellement du bail intervient le 22 novembre 1718 avec l’augmentation du loyer porté à cinq cents livres annuelles 274 .

Les dernières archives retrouvées concernant cette maison sont consécutives à l’attribution à Pierre Drevet d’un logement aux galeries du Louvre. En effet, on trouve à la date du 16 juillet 1726, un transport de bail par Pierre Drevet et son épouse au profit du « sieur Antoine Léger maître patissier à Paris » 275 . C’est dans ce dernier acte notarié que la description de la maison de la rue Saint-Jacques est la plus complète. La boutique ouvrant sur la rue permet à Pierre de faire le commerce de l’estampe, qu’il s’agisse des tirages des cuivres qu’il a gravés ou fait gravé par ses élèves ou de l’édition de cuivres acquis 276 . La salle située sur l’arrière de la maison sert probablement d’atelier. Les six pièces réparties sur trois étages sont les lieux de vie de sa famille et de ses élèves. L’acte indique que Pierre réclame à Antoine Léger la somme de cent-quatre-vingt livres pour les installations qu’il a fait réaliser dans ces chambres : armoires, porte-manteaux, chambranles de cheminées avec « coutisses ». Deux chambres situées aux second et troisième étages renferment chacune deux armoires « toutes lesdites armoires garnies de bonnes serrures et loctaux ». La location par Pierre Drevet et son épouse, à la fin de l’année 1702, de cette grande maison, indique que le graveur doit ― en dehors de sa famille composée de trois personnes en 1702 ― loger des élèves qui peuvent s’installer et mettre en sécurité ce qui leur appartient, dans des armoires fermées à clef 277 .

Notes
271.

A. N., m. c., ET/XLIX/425, Barbar et Doyen, notaires, voir annexes, vol. III, p. 14, 1702.

272.

A. N., m. c., ET/XLIX/436, Louis Doyen, notaire, voir annexes, vol. III, p. 16, 1706.

273.

A. N., m. c., ET/XLIX/458, Louis Doyen, notaire,voir annexes, vol. III, p. 17, 1712.

274.

A. N., m. c., ET/XLIX/485, Louis Doyen, notaire, voir annexes, vol. III, p. 18, 1718.

275.

A. N., m. c., ET/XLIX/517, Louis Doyen, notaire, voir annexes, vol. III, p. 22, 1726.

276.

Voir Pierre Drevet éditeur et marchand d’estampes, p. 111.

277.

Voir Pierre Drevet et ses élèves pensionnaires, p. 93.