7. Les relations de Pierre-Imbert avec l’Académie et son brevet de « Graveur du Roi »

Pierre-Imbert n’a pas encore reçu son brevet de graveur du roi lorsqu’il est agréé, à l’âge de vingt-sept ans, par l’Académie royale de peinture, de sculpture et gravure. Il se présente une première fois à la séance du 26 octobre 1724 au cours de laquelle les portraits de MM. Barois et Rigaud lui sont imposés pour sa réception. Le 30 décembre 1724, l’Académie confirme son agrément mais remplace le portrait de François Barois par celui de Nicolas Bertin 338 . Cependant Pierre-Imbert ne présenta jamais à l’Académie les deux portraits imposés et s’inscrit ainsi dans la liste des agréés qui ne furent jamais académiciens 339 . Il avait gravé l’année précédant 1724, le portrait de Bossuet, d’après Rigaud et venait de terminer, cette année là, celui du cardinal Guillaume Dubois, également d’après Rigaud (cat. P.-I.Dr. n° 21), ainsi que la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple (cat. P.-I.Dr. n° 5), d’après Louis de Boullogne, trois œuvres majeures. D’autres commandes devaient être honorées puisqu’en 1725, il gravait les portraits de Isaac-Jacques de Verthamon, évêque de Consérans, d’après François de Troy (cat. P.-I.Dr. n° 34), de Charles Jérôme Cisternay du Fay, d’après Rigaud (cat. P.-I.Dr. n° 26), et de Pierre Nolasque Couvay, secrétaire du roi d’après Robert Tournières (cat. P.-I.Dr. n° 27). Ces travaux pourraient expliquer que Pierre-Imbert n’ait pu répondre immédiatement aux exigences de l’Académie et qu’ensuite n’étant plus en mesure d’assurer un travail constant en raison de sa maladie, il ait abandonné l’idée de devenir académicien. D’autre part, on peut concevoir que l’exemple de son père présentant son morceau de réception dix-neuf ans après son agrément, n’ait pas été pour Pierre-Imbert source d'incitation à répondre dans les délais aux vœux de l’académie. Par ailleurs, dix ans plus tard, l’Académie royale, dans sa séance du 26 juin 1734, fait état de la maladie de Pierre-Imbert en proposant à François-Bernard Lépicié le sujet de réception de celui-ci, excepté le portrait de François Barois qui est remplacé par celui de Nicolas Bertin 340 .

La nomination de « Graveur du Roi » de Pierre-Imbert intervient cinq ans plus tard, en 1729. Pour obtenir le titre de graveur du roi, il fallait que Pierre-Imbert attende la libération d’une charge par la mort d’un graveur du roi. C’est la mort prématurée de François Chéreau, excellent graveur et ancien élève de Pierre Drevet, le 15 avril 1729, qui a permis à Pierre-Imbert d’obtenir cette charge le 21 avril suivant 341 . À trente-deux ans, Pierre-Imbert a donné l’essentiel de son œuvre et de ses chefs-d’œuvre, ce qui explique cette nomination par le roi plutôt que celle d’un autre graveur.

Notes
338.

Montaiglon, 1881-1883, IV, p. 386, et V, p. 17.

339.

Chennevières, Montaiglon 1851-1852, I, p. 398.

340.

Montaiglon, 1883, V, p. 141. « Aujourd’hui, samedi 24ème de juin 1734, M. Lépicié, graveur, a présenté à l’Académie plusieurs estampes qu’il a gravées. Les voix ayant été prises à l’ordinaire, elle agrée sa présentation et il lui a été ordonné les portraits de Rigaud et Bertin que M. Drevet devoit faire, ce qu’il n’a pu à cause de son indisposition ».

341.

A. N., Maison du Roi, O1, 73, p. 131, voir annexes, vol. III, p. 24