Outre ces trois grands peintres portraitistes, Pierre Drevet a aussi interprété les portraits de trente et un autres peintres, appartenant aux tenants du grand genre ou uniquement portraitistes. Citons, gravé d’après Charles Le Brun pour un in-quarto, le portrait d’André Félibien des Avaux, encore jeune (cat. P. Dr., n° 105), pour lequel Pierre a su interpréter, dans un environnement simple, l’étude psychologique que le peintre en a fait. Depuis le portrait du président Claude Le Peletier, d’après Pierre Mignard (cat. P. Dr., n° 61), dont Pierre ne reproduit que la tête 689 ― l’imposante tenue de premier président du parlement ayant été dessinée par lui 690 , comme il aura l’occasion de le faire à plusieurs reprises, ― en passant par celui de Nicolas-Pierre Camus de Pontcarré, d’après Jean Jouvenet(cat. P. Dr., n° 86), jusqu’aux portraits du prince de Condé, Louis-Henri de Bourbon (cat. P. Dr., n° 29) 691 , dit Monsieur le Duc et du marquis de La Vrillière (cat. P. Dr., n° 60), d’après Pierre Gobert, Pierre ne ménage pas le nombre et la complexité de ses tailles pour donner vie, relief et velouté et atténuer ainsi le côté hiératique des personnages : les collets d’hermine et les alternances de fourrure grise et blanche des manteaux des magistrats, savamment mis en relief, ne nuisent pas à l’expression des visages pourtant entourés d’une ample perruque. Quant au portrait du prince de Condé, Pierre a compensé la raideur des bras et de la « main de fer » qui tient le bâton de commandement par la mise en lumière du visage, la légèreté de la cravate de dentelle, les reflets du ruban de moire et de l’écharpe de commandement. En ce qui concerne le portrait de La Vrillière, le travail du brocart de l’habit et de la dentelle satisfait l’œil et détourne l’attention de l’allure guindée du personnage.
Dans un tout autre genre, le portrait de l’historien Louis Le Gendre, d’après Jean Jouvenet (cat. P. Dr., nos 111, 112), est traité très sobrement en soutane et manteau. Concernant un autre portrait d’après Jean Jouvenet, celui du supérieur général des bénédictins de Saint-Maur, Dom Arnoul de Loo (cat. P. Dr., n° 78), qui ne s’inscrit pas dans un ovale et en buste, mais présente l’abbé à mi-jambes et assis, on constate que le visage est finement gravé, ce qui pourrait expliquer l’attribution de cette planche à Pierre-Imbertpar certains auteurs 692 .
Parmi les peintres portraitistes, on retiendra Joseph Vivien et Robert Le Vrac dit Tournières, dont Pierre a gravé deux superbes portraits, chacun d’entre eux étant inscrit dans un ovale : il s’agit de celui de François Girardon (cat. P. Dr., n° 107), d’après le premier et de celui du président Antoine Portail (cat. P. Dr., n° 100), d’après le second. Il est aisé de lire dans le portrait d’Antoine Portail, l’influence de Rigaud auprès de qui Robert Tournières a travaillé pour réaliser des copies : le collet d’hermine n’est pas plaqué sur les épaules, le manteau doublé d’hermine, élégamment drapé sur le bras droit, quitte le cadre, les nombreux plis, nécessitant des parties ombrées ou mises en lumière, donnent du relief au portrait, ce que Pierre a su rendre par la combinaison de tailles fines et assurées, ajoutant velouté, reflets et irisation du coloris dans la totalité de l’estampe.
Pierre a aussi réalisé quelques portraits d’après des peintres étrangers, allemands, hollandais, ou italiens. Citons Johann Matthias Schild (Düsseldorf 1701-Bonn 1775), pour le portrait de Lillienstedt dont les caractéristiques du burin rejoignent celles des portraits décrits au paragraphe précédent (cat. P. Dr., n° 62), Adriaen Van der Werff (Kralinger près Rotterdam 1659-Rotterdam 1722) d’après lequel les portraits de Charles II d’Angleterre, Cromwel et Fairfax (cat. P. Dr., nos 14, 57, 59) 693 , sont moins réussis pour les raisons citées plus haut, et Benedetto Gennari, (Cento 1633-Bologne 1715), pour le portrait du Duc de Berwick (cat. P. Dr., n° 38).
Notons encore que Pierre a gravé pour l’édition, interprétant des œuvres de peintres portraitistes, à l’époque moins en vue et pour certains, actuellement inconnus. Un chapitre sera consacré plus loin à cette question.
Paris, musée Carnavalet, inv. P. 655, dim. : H. 0,700 x L. 0,550, dans un ovale.
Ce même vêtement revient quatre fois dans l’œuvre de Pierre Drevet pour les portraits : en 1697, de Jean-Antoine de Mêmes, d’après Rigaud (cat. P. Dr., n° 96) et de Charles-François de Montholon, d’après Largillierre (cat. P. Dr., n° 98), en 1704, de Nicolas-Pierre Camus de Pontcarré, d’après Jean Jouvenet(cat. P. Dr., n° 86), en 1711 de Claude Le Peletier, d’après Pierre Mignard (cat. P. Dr., n° 61), le portrait du président Antoine Portail étant traité d’une manière moins conventionnelle d’après Robert Tournières (cat. P. Dr., n° 100).
Chantilly, musée Condé, inv. n° 365, dim. : H. 1,35 x L. 1,04.
Huber et Rost, Le Blanc, Firmin-Didot et Portalis et Béraldi attribuent cette gravure à Pierre-Imbert, mais Mariette la dit de Pierre Drevet le père. Voir le catalogue.
Cf. IIe partie, III, n° 4.