1. Ce que Pierre-Imbert Drevet a retenu de l’enseignement de son père

Si Pierre Drevet a été le graveur que nous connaissons, c’est parce-qu’il a appris son métier autrement qu’en recopiant exclusivement des gravures comme les autres apprentis-graveurs de cette époque. Outre cet apprentissage, il a bénéficié d’une formation de dessinateur. Il a donc transmis à son fils, alors qu’il était encore enfant ou adolescent, cette science du dessin qui s’acquiert avec beaucoup de travail. La perspective, la mise des corps en espace, l’anatomie et ses proportions, les raccourcis, les drapés…, tout cela Pierre-Imbert l’a appris en dessinant, conseillé par son père, soit d’après des études de maîtres, soit d’après des tableaux et les moulages de sculptures que Pierre Drevet possédait et dont on trouve la description dans l’inventaire de 1739.

Comme nous l’avons vu dans la seconde partie de cette étude, son père l’a fait travailler très tôt sur le cuivre pour reproduire des gravures de maîtres, mais il faudra peu de temps à Pierre-Imbert pour assimiler la manière de son père et l’améliorer. On retrouve dans le maniement de son burin, les caractéristiques décrites précédemment pour Pierre Drevet. Néanmoins, Pierre-Imbert semble utiliser des burins plus fins, surtout pour les tailles, les contre-tailles et les petites entailles modelant un visage. Si, pour comparer leur manière, on regarde attentivement à la loupe quelques-unes de leurs œuvres marquantes, la main de Pierre-Imbert apparaît encore plus ferme que celle de son père : l’impact des minuscules coups du burin, tout en restant de mêmes dimensions, voire plus petits, est plus profond et son prolongement plus court. C’est, sans doute ce qui donne à ses estampes ce velouté inégalable. Cependant, sa main sait se faire encore plus légère et plus douce pour traduire des coloris, des lumières et les effets de différentes textures. Pierre-Imbert possédait donc, comme son père, cette facilité à traduire sur le cuivre les effets de la peinture.