Pierre Drevet a gravé pour les ouvrages imprimés, de vingt-trois à vingt-cinq cuivres environ, concernant tous, excepté un, le genre du portrait. Les commandes pour ces ouvrages se sont renouvelées tout au long de sa vie active, à partir de 1693, jusqu’en 1732-1733, avec, pour période privilégiée, les dernières années du XVIIe siècle jusqu’en 1710. Ces ouvrages ne sont pas tous connus aujourd’hui, c’est pourquoi il n’est pas possible de donner leur nombre exact. Les gravures, signalées dans le catalogue, dites de formats in-octavo ou in-quarto, formats souvent destinés à l’édition, ne présenteront que peu d’intérêt pour cette étude lorsque le titre de l’ouvrage est inconnu. Elles seront seulement énnumérés.
Dans la série des in-octavo, cinq estampes ayant illustré un ouvrage dont on connaît le titre, sont dénombrées avec certitude. Laurent d’Houry, éditeur à Paris, imprime en 1693 les Opérations de la Chirurgie par Jean-Baptiste Verduc, ouvrage dans lequel figure le portrait du médecin, d’après Charpentier (cat. P. Dr., n° 120). En 1697, Jean Anisson, directeur de l’Imprimerie royale « ruë de la Harpe, à la Fleur de Lys de Florence », édite Le parfait Missionnaire ou la Vie du R. P. Julien Maunoir de la Compagnie de Jésus, Missionnaire de Bretagne, par le R.P. Boschet, qu’il illustre avecle portrait de Julien Maunoir, (cat. P. Dr., n° 79), d’après un peintre anonyme. L’abbé Pierre de Maupéou fait éditer en 1702 par Laurent d’Houry, les deux tomes de La Vie du très révérend père Dom Armand Jean le Bouthillier de Rancé, abbé réformateur de la Trappe, dédié au roy, faisant figurer dans le premier tome la gravure de Drevet d’après Rigaud (cat. P. Dr., n° 83). Le Portrait de Madame d’Humières, d’après un peintre dont l’initiale est « P » (cat. P. Dr., n° 76), paraît en 1711 à Paris, chez l’éditeur Jacques Estienne, dans l’ouvrage de Dom Michel Félibien, La Vie de Madame d’Humières abbesse et réformatrice de l’abbaye de Mouchy de l’ordre de Citeaux... Le frontispice du volume, Juris civilis institutiones, dont la date est ignorée, appartient à cette suite, bien qu’il n’ait pas été retrouvé(cat. P. Dr., n° 10). Les in-octavo qui n’ont pas été retrouvés concernent les portraits de François Brunet de Montferrand, gravé en 1696, d’après François de Troy (cat. P. Dr., n° 85), du père Antoine Chevalard, d’après le peintre « G. B. » (cat. P. Dr., n° 69), et de Jean de La Bruyère (cat. P. Dr., n° 110), d’après Saint Jean.
Hormis Hyacinthe Rigaud et François de Troy d’après lesquels Pierre a gravé de chacun un portrait, il est notoire que les peintres dont Pierre a pris le modèle pour graver les in-octavo, sont, soit anonymes, soit inconnus. D’autre part, il faut bien admettre que la qualité des estampes est très moyenne par rapport aux travaux habituels du graveur. Le portrait de l’abbé de Rancé d’après Rigaud, dont le visage est finement gravé, fait exception.
Seuls, sept titres d’ouvrages in-quarto pour lesquels Pierre a gravé un portrait ont été retrouvés sur les dix-sept cuivres dont les tirages ont été publiés probablement dans un recueil. Entre 1697 et 1713, il exécute trois portraits, d’après Adriaen van der Werff, pour l’Histoire d’Angleterre d’Ecosse et d’Irlande écrite par Isaac de Larrey. L’édition est réalisée à Rotterdam par Fritsch et Böhm. Il s’agit des portraits de Charles II d’Angleterre (cat. P. Dr., n°14), de Olivier Cromwel (cat. P. Dr., n° 57), et de Thomas Faifax (cat. P. Dr., n° 59). Le Portrait de Saint Bernard (cat. P. Dr., n° 8), est édité à Paris en 1704, chez Jean de Nully, « rue Saint-Jacques, à l’Image Saint-Pierre ». Il figure en frontispice du volume intitulé La vie de St Bernard premier abbé de Clairvaux, pere et docteur de l’Eglise . Par Monsieur de Villefore, ouvrage dédié au duc de Bourgogne. La même année, Pierre grave le Portrait du Duc du Maine à la couronne fermée (cat. P. Dr., n° 33), d’après François de Troy, pour servir de frontispice au premier tome du Dictionnaire universel français et latin, contenant la signification et la définition tant des mots de l’une et de l’autre langue… la description de toutes choses naturelles et artificielles… l’explication de tout ce que renferment les sciences et les arts soit Libéraux ou Mechaniques... Imprimé par ordre de S.A.S. Monseigneur prince souverain de Dombes… Estienne Ganneau, imprimeur à Trévoux (Ain) en réalise l’édition entrois volumes. Le Portrait de Boileau, d’après François de Troy (cat. P. Dr., n° 103), a été commandé à Pierre pour la nouvelle édition en 1713 des Œuvres de Nicolas Boileau Despréaux, par l’éditeur parisien Esprit Billot.En 1713, l’écrivain Bernard de Montfaucon, fait publier à Paris son ouvrage Hexapleum Origenis quae supersunt, dans lequel figure le Portrait du Cardinal d’Estrées, gravé par Pierre en collaboration avec Pierre Giffart fils (cat. P. Dr., n° 43).
Il est certain que Pierre a gravé, au moins, dix autres portraits pour des ouvrages imprimés qui n’ont pas été retrouvés malgré les recherches. Chacun d’entre eux étant signalé comme « gravé pour un in-quarto » par l’abbé Lelong 737 dont la liste est fiable, il a semblé nécessaire de dresser le recensement des estampes réalisées par Drevet pour ces in-quarto. Le Portrait de Félibien des Avaux, d’après Charles Le Brun (cat. P. Dr., n° 105), gravé peu après 1695 ; les deux portraits de Catherine de Bar, gravés d’après C. Courtin peu après 1698 (cat. P. Dr., nos 66, 67) ; le Portrait de Catherine de Mailly dit aussi d’Anne-Marie Drevet, d’après un peintre anonyme, gravé en 1698 (cat. P. Dr., n° 113) ; celui de Jean Issali (cat. P. Dr., n° 91), gravé d’après Nicolas de Largillierre peu après 1707 ; les deux portraits de l’historien Louis Le Gendre (cat. P. Dr., nos 111, 112), gravés en 1708 d’après Jean Jouvenet ; le portrait du père Alexandre Piny (cat. P. Dr., n° 81),gravé d’après frère Jean André en 1710. Après une période de onze à douze ans, Pierre grave en collaboration avec Pierre-Imbert le Portrait de l’abbé Marcellin Rolin, d’après Dufourneau (cat. P. Dr., 128/VII), puis dix ans après, il grave seul celui de l’abbé Jean Desmoulins (cat. P. Dr., 72), d’après Liébault.
Cette énumération a l’avantage d’offrir l’enchaînement des dates des gravures et sans doute des éditions, ce qui peut, éventuellement, faciliter la recherche de ces ouvrages. Parmi les noms de peintres connus, on relève ceux de Charles Le Brun, Nicolas de Largillierre, Jean Jouvenet, Jean André. Quelques exceptions mises à part, Félibien des Avaux, Catherine de Mailly, et Marcellin Rolin, la qualité de gravure de l’ensemble de ces in-quarto n’atteint pas celle des grands portraits de Pierre Drevet.
Lelong 1775-1778, vol. IV, pp. 134-285.