1. Mercure Galant et Mercure de France dédié au Roy

Ce périodique et annonceur est, non seulement un trésor de renseignements sur les peintres, sculpteurs, graveurs, écrivains et comédiens de son temps, mais aussi sur les coutumes artistiques et le regard qu’il pose sur l’art en général.

  • Pierre Drevet. Une relation au Portrait de Louis XIV, d’après Poerson, gravé par Pierre avait paru dès l’année 1692, dans le Mercure Galant :
‘« …il ne faut pas s’étonner si on souhaite de voir de ses Portraits par toute la terre, et si le grand débit qui s’en fait, engage toutes sortes de peintres à en faire, et toutes sortes de graveurs à en graver. C’est ce qui est cause qu’on en trouve un si grand nombre qui sont si défigurez, qu’on n’y reconnoist point le Roy, et que les Etrangers qui croyent le connoitre sur les portraits qu’ils ont fait venir de France, n’en peuvent concevoir de justes idées, ny trouver dans ses traits tout ce qu’ils promettent de grand et d’heureux. Ils ne seroient peut-être pas fâchez d’apprendre que de tous ceux qui ont esté faits, celui de M. Person a été trouvé un des plus ressemblans pour ne pas dire le plus. C’est ce qui a causé l’empressement du public pour en avoir. La surprise a esté grande pour ceux qui croyaient qu’on leur en avoit envoyé de la main de Monsieur Person lors qu’ils ont connu que ce n’estoit que des copies d’après luy. La supercherie a esté poussée si loin, que des Peintres ont osé prendre son nom pour débiter de leurs copies. Ce portrait avoit fait trop de bruit pour n’estre pas gravé. Il l’a esté par le Sieur Drevet, qui loge rüe S. Jacques, près de S. Severin, et qui en donne les Estampes pour un écu. Les curieux qui souhaiteront avoir des premières tirées, ne doivent point perdre de temps, s’ils veulent satisfaire leur curiosité sur le peu qui en reste 789 ».’

Trois ans plus tard, une autre notice paraît dans ce même périodique ― à l’occasion du tirage du Portrait de Louis-Alexandre de Bourbon, Comte de Toulouse, d’après François de Troy ― dont le contenu est très élogieux pour Pierre :

‘« …La thèse gravée exprès par le Sr Drevet, estoit magnifique. Elle representoit au naturel, la personne du Prince en buste sur un beau Piedestal, et elle avoit esté gravée d’après un Portrait fait par M. de Troye. Les Dames à l’exemple de Madame la Procureuse Générale, ont fait enchasser ce buste dans un Cadre dorré, de sorte qu’à l’heure qu’il est, il n’y a point de Maison de qualité à Bordeaux où l’on ne voye le Portrait de cet aimable Prince… 790 ».

Étonnamment, il ne sera fait plus aucune autre mention des travaux de Pierre Drevet par la suite. On peut imaginer que la publicité ne lui était plus nécessaire.

  • Pierre-Imbert Drevet. Trois articles seront consacrés plus tard à Pierre-Imbert. Le premier, paru au mois de juillet 1726, concerne le tirage de la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple, d’après Louis de Boullogne :
‘« N’oublions pas d’annoncer ici une nouvelle Estampe de consequence qui vient de paroitre admirablement gravée par M. Pierre Drevet, a qui le Roy vient de donner le logement qu’occupoit feu Beren [sic], aux Galeries du Louvre. Cette Estampe dédiée au duc d’Epernon, a été faite sur l’un des Tableaux du chœur de Notre Dame de Paris, excellemment peint par M. L. de Boullogne, Ecuyer, Premier Peintre du Roy, qui représente de la manière la plus noble, la plus riche et la plus expressive, la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple par le vieillard Siméon, ou la Purification de la Vierge. Ce magnifique Tableau fait pendant à un autre du même Auteur, qui doit être gravé dans peu. C’est une grande composition d’une très belle ordonnance, d’une correction, d’une variété et avec des grâces infinies, représentant un Repos d’Egypte 791  ».’

Au mois de décembre 1731, le Portrait d’Adrienne Lecouvreur, d’après Charles-Antoine Coypel, est salué en ces termes :

‘« Il paroît depuis peu une Estampe qui a un très grand débit, et qui mérite bien l’approbation qu’elle a des Curieux. C’est une très heureuse production du Pinceau et du Burin de Mrs Charles Coypel et N. [sic] Drevet, dont la réputation est assez connuë par des morceaux de plus grande conséquence ; mais on peut dire, qu’en son genre, celui-cy doit passer pour leur chef d’œuvre. C’est le portrait de Mlle Le Couvreur, Actrice du Theatre François, célèbre par ses talens pour la declamation, morte, generalement regrettée, au mois de Mars 1730. On en trouvera un Article assez étendu dans le Mercure de ce mois-là. Elle est représentée en Cornélie, tenant l’Urne qui renferme les cendres de Pompée. Cette estampe se vend chez Mr Francoeur, ruë Neuve des petits Champs, vis-à-vis la Compagnie des Indes, et chez Mr Drevet, aux Galleries du Louvre 792  ».’

Plus de deux ans après la mort de Pierre-Imbert, en juin 1742, un article lui est spécialement consacré lors de l’édition par Surugue du Christ au Jardin des Oliviers, d’après Jean II Restout :

‘« Les talens de M. Pierre Imbert Drevet, le fils, graveur du Cabinet du Roy, sont si généralement connus du Public, qu’il serait inutile d’en faire l’éloge ; une seule chose mérite une attention particulière. Il a eü le malheur d’être attaqué d’une maladie d’esprit, causée, sans doute, par un excès d’aplication [sic] à son Art, qui cependant ne l’a pas empêché de faire depuis plusieurs ouvrages dignes des éloges qu’il a toujours mérités ; tel est celui dont il s’agit ici, c’est une très-belle Estampe en hauteur, qui représente Notre Seigneur, priant au Jardin des Olives, avec les trois Apôtres endormis, qui l’avoient accompagné. Le Tableau est de la composition de M. Restout, dont le nom seul fait l’Eloge.
La manière dont M. Drevet a traité ce Morceau est des plus admirables, on n’a rien vû de mieux conduit, ni de mieux raisonné, suivant les principes de l’Art, et il peut passer pour un de ses plus beaux ouvrages. Le dérangement de son esprit, dont il avoit pleine connaissance, et dont il étoit penetré dans ses bonnes intervalles, fut pour lui une occasion de laisser à la Postérité une marque singulière de son humiliation et de sa pieté, par ces mots qu’on lit gravés de sa main au bas du Plan de la premiere terrasse. Gravé par Pierre Drevet fils, priez Dieu pour lui. Cette Estampe se trouve chés le Sr Surugue, Graveur du Roy, rue des Noyers, vis-à-vis S. Yves… 793  ».’
  • Claude Drevet. Le Portrait du Cardinal Henri Oswald de la Tour d’Auvergne, gravé par Claude et tiré en 1749, a donné lieu à un article très élogieux sur son talent :
‘« Le Sieur Drevet, Graveur du Roi, vient de finir le Portrait du Cardinal d’Auvergne, gravé d’après le celèbre Rigaud. Cette estampe, qui est de la grandeur de celle de M. Bossuet, répond parfaitement à la réputation du Sieur Drevet, et ce fameux Artiste a surpassé encore dans celle-ci par la douceur et la force de son burin les excellents morceaux qu’il a déjà donnés au public. On trouvera cette estampe chez l’Auteur aux Galeries du Louvre 794 ».’

Notes
789.

Mercure Galant, février 1692, pp. 212-214.

790.

Mercure Galant, septembre 1695, pp.132-134.

791.

Mercure de France dédié au Roy, juillet 1726, pp.1649-1650. 

792.

Mercure de France dédié au Roy, décembre 1731, pp. 2850-2851.

793.

Mercure de France dédié au Roy, juin 1742, pp. 1415-1416.

794.

Mercure de France dédié au Roy, octobre 1749, p. 161.