10. Abbé de Fontenai (1776)
Après le dictionnaire de François Basan, l’abbé de Fontenai publie son Dictionnaire des artistes parisiens, dans lequel on trouve surtout des jugements de valeur sur les artistes ― étayés sur certaines de leurs œuvres ― plutôt qu’un catalogue détaillé. Les deux notices concernant Pierre et Pierre-Imbert Drevet, présentées dans son ouvrage, sont très élogieuses.
‘« …Il s’attacha particulièrement au genre du portrait, où il excella par l’intelligence et la pureté de son burin. Personne, jusqu’à lui, n’avoit réussi à rendre le portrait avec autant d’élégance et de variété dans les détails ; personne n’avoit sçu y répandre autant d’harmonie et de suavité. On a de lui quantité d’excellents morceaux, entr’autres
le Portrait de Louis XIV en pied, et de
Louis XV sur son trône faisant pendant, d’après Rigaud ; ceux de
M. de Beauvau, archevêque de Narbonne et de la
duchesse de Nemours, du
duc de Villars, de
Despréaux etc. d’après le même peintre
805
».’
‘« …Il a surpassé son père en travaillant à l’égaler, par le charme et la délicatesse de son burin, ainsi que dans l’art de rendre le portrait d’une manière si supérieure qu’il est impossible d’aller au-delà. Il a porté l’art du burin au point de donner à chaque corps le caractère distinctif qui lui est propre, à faire sentir les tons variés des étoffes, et les couleurs de tons des objets qu’il traitait. Parmi quantité d’estampes qu’il a gravées d’après Rigaud, le portrait du grand
Bossuet fera toujours l’admiration des connoisseurs.
Cet artiste n’a pas borné ses connoissances au seul genre du portrait : entr’autres sujets d’histoire, il a rendu, sous des traits simples et moëlleux, le tableau de la
Présentation au Temple, d’après Louis Boullogne, et celui de
la Prière au Jardin des Olives, d’après Restou [sic] ; celui-ci est un de ses derniers ouvrages. Dans ses divers sujets, il a, pour ainsi dire, métamorphosé son burin en pointe, et l’a conduit avec autant de liberté et de hardiesse, que de goût et d’harmonie ; jamais il n’a perdu de vue la correction du dessin, l’esprit, le sentiment, le caractère et l’effet de l’original qu’il a traduit, qualités indispensables, et sans lesquelles les efforts du burin le plus brillant ne représentent qu’un cuivre habillement sillonné
806
».’