20. Ambroise Firmin-Didot (1876)

Ce collectionneur ― issu d’une famille d’imprimeurs réputée, élu à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ― a rédigé le catalogue raisonné de l’œuvre de Pierre, Pierre-Imbert et Claude Drevet, à la suite de l’étude de sa propre collection et de recherches au Cabinet des estampes et auprès de différentes bibliothèques tant françaises qu’étrangères. Il s’agit du premier catalogue raisonné depuis les Notes de Mariette, les ouvrages antérieurs des XVIIIe et XIXe siècles, s’apparentant davantage à des dictionnaires, des manuels, des articles ou des listes comme celle de l’Abbé Lelong. Son analyse esthétique démontre aussi, qu’au deuxième tiers du XIXe siècle, il restait encore des amateurs de l’art du burin.

‘« Pierre Drevet se fait remarquer par la pureté du burin, l’énergie du trait et la perfection des plus minutieurx détails, avec cette harmonieuse gradation des tons qui remplace en quelque sorte la couleur, au point qu’on ne saurait être facilement un plus fidèle interprète de la peinture... Il possédait cette qualité primordiale, essentielle, plus encore indispensable à un portraitiste qu’à un graveur d’histoire : la science approfondie du dessin 820  ».’ ‘« Pierre-Imbert [...] eut même l’honneur de surpasser [son père] à certains égards : son burin possède une douceur et une suavité rêveuse qui charment l’œil d’une façon inexprimable… Pierre-Imbert eut encore une autre supériorité sur son père : il se montra graveur de génie aussi bien dans les estampes religieuses que dans les portraits… Ces qualités hors ligne assurent à Pierre-Imbert Drevet l’une des premières places, sinon la première, parmi les graveurs de portraits en France 821  ».’ ‘« Claude Drevet chercha à unir la fermeté du burin de son oncle à la finesse et à l’éclat de celui de son cousin ; l’influence de ce dernier est même plus frappant. Bien qu’il ne parvint point à les égaler, il n’en est pas moins un artiste d’un grand talent, et quoiqu’il ne fit pas d’élèves, il eut des imitateurs de sa manière, tels que Daullé et ses émules 822  ».’ ‘« Les trois Drevet résument en eux l’esprit et les tendances de l’école française de gravure de portraits au dix-huitième siècle. Leur talent est éminemment national et ne se ressent point d’une influence étrangère directe. C’est gâce à eux que la gravure du portrait tint une si grande place au siècle de Louis XV, et que même la gravure au burin en général, minée sourdement par l’eau-forte et autres pratiques, fut remise en honneur et sut se préserver de la chute 823  ».’
Notes
820.

Firmin-Didot 1876, p. XXIV.

821.

Firmin-Didot 1876, pp. XXVI-XXVII, XXX.

822.

Firmin-Didot 1876, p. XXX.

823.

Firmin-Didot 1876, p. XXX.