35. Antony Griffiths (1996b)

‘« Depuis le milieu du XVIIe siècle, la réputation des graveurs français tenait une place internationalement reconnue pour leurs portraits. Si les portraits gravés en mezzotinte étaient une spécialité anglaise, les portraits gravés au burin étaient français. Pierre-Imbert était le meilleur des trois membres de la famille Drevet qui s’était spécialisée dans ce moyen d’expression, et son œuvre gravé d’après l’œuvre de Hyacinthe Rigaud a toujours été considéré comme son chef-d’œuvre. Son œuvre complet ne comporte que trente-trois planches, dans une carrière qui s’est brusquement interrompue en 1726 quand il est tombé malade. Les auteurs ont souvent affirmé que le temps et la peine passés à graver ainsi les planches lui avait fait perdre la raison. Les critiques ont admiré, par-dessus tout, tant la manière avec laquelle il exprima la couleur et les textures d’un riche éventail de matériaux et de surfaces, que la force de l’expression du portrait 842  ».’

La lecture de l’ensemble de ces textes et les différentes recherches faites jusqu’au XXe siècle, en particulier par R.-A. Weigert, témoignent que, les siècles passant, les Drevet n’ont jamais laissé indifférents les amateurs de la gravure au burin et qu’il s’est toujours trouvé quelque collectionneur averti ou quelque spécialiste pour se pencher sur leur œuvre. Un regard sur les catalogues de ventes confirmera ces faits.

La postérité des Drevet est encore illustrée de différentes manières. À Paris, une petite rue du XVIIIe arrondissement porte leur nom ; à Lyon, le Portrait de Pierre Drevet, peint par Hyacinthe Rigaud entre 1698 et 1700, peut être admiré au musée des Beaux-Arts 843  ; les voûtes du cloître de ce même musée abritent deux médaillons parmi ceux représentant les artistes d’origine lyonnaise, l’un au nom de Pierre Drevet, l’autre au nom de Claude Drevet ; à Loire-sur-Rhône, le nom de Pierre Drevet a été donné à l’ensemble du groupe scolaire.

On trouve également trois portraits de Pierre Drevet, gravés au XIXe siècle d’après Rigaud. L’un, réalisé au burin par Jean-Baptiste Danguin (1823-1894), l’autre, gravé à l’eau-forte par Paul-Edme Le Rat (1849-1892) et reproduit dans l’ouvrage d’Ambroise Firmin-Didot ; le troisième par Pierre Miciol a été publié à Lyon par Fugère frères 844 . Un dessin de J.-B. Poncet, toujours d’après Rigaud, a été exposé à Lyon au Salon de 1853-1854.

Un portrait présumé de Pierre Drevet, peint par Largillierre, se trouverait dans une collection particulière 845 . Ce portrait aurait été peint en 1710, ce qui n’est pas vraisemblable, car, à cette époque, Pierre Drevet a 47 ans alors qu’il est représenté très jeune encore. Cependant, le modèle tient une estampe représentant Rigaud tel qu’il s’est peint et tel qu’il a été gravé par Pierre Drevet ; on ne peut donc nier qu’il s’agisse du graveur. Présentant peu ou pas de ressemblance avec le portrait de Pierre peint par Rigaud, il est possible d’en déduire que Nicolas de Largillierre, n’a certainement pas terminé son tableau ou que le portrait n’est pas de lui.

Notes
842.

Griffiths 1996b, pp. 129-139, n° 47.

843.

Lyon, musée des Beaux-Arts, inv. A-2865 (huile sur toile, dim. 116,5 x 89,5 cm). Les sources manuscrites ou imprimées du XVIIIe siècle n’ont jamais fait allusion à ce portrait qui apparaît en 1878 à l’Exposition de Paris, sous le numéro 315. En mars 1853, son propriétaire, M. Charles Michel fils, en avait fait don au musée des Beaux-Arts de Lyon. Voir catalogues des expositions : Visages du grand siècle « Le Portrait français sous le règne de Louis XIV, 1660-1715 », Nantes, musée des Beaux-arts, du 20 juin au 15 septembre 1997, Toulouse, Musée des Augustins, du 8 octobre 1997 au 5 janvier 1998, pp. 242-243 et Le Portrait dans les collections des musées Rhône-Alpes,Bourg-en Bresse, Chambéry, Valence, 2001, p. 260, n° 5, ill. p. 71.

844.

BML, fonds ancien, boîte portraits à Drevet. H. 0,273 ; L. 0,215 au tr. c. ; H. 0,286 ; L. 0,225 à la cuvette.

845.

BNF, Est., Da 58 in-fol., vol. II ; voir annexes, vol. III.