1707 : 1er et 2e états ; [après 1726 : 3e état]
Burin
H. 0,499 , L. 0,385 au tr. c. ext. ; H. 0,545, L. 0,397 à la cuvette
Entre l’image et le cadre, en bas à g., : A Paris chez P. Drevet Graveur du Roy rüe S t . Iâque [sic] à l’Annonciation. Avec Privilege du Roy. ; sous le tr. c. ext. à g. : Anton s Coypel pinxit ; à dr. : Petr s . Drevet sculpsit // 1707 ; au dessous, de part et d’autre du cartouche armorié, au c. : Nunc cognovi quode times // Deum & non pepercisti // unigenito filio tuo propter me. Genes. 22. V.12. ; // Dedié a Monseigneur = le Duc de Noailles. // Pair et Maréchal de France, Commandeur des trois Ordres du Roy, // Gouverneur des Comtés de Roussillon, Conflans, et Cerdaigne ; Gouverneur // particulier des Ville, Chàteau [sic] et Citadelle de Perpignan ; cy-devant // viceroy de Catalogne. ; au-dessous : Par son très humble et tres obeissant serviteur // Ant. Coypel ;
Traduction de la légende : « Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. »
Au centre de la composition, Abraham, le bras gauche montrant le ciel, la tête appuyée sur celle d’Isaac, tient l’épaule de son fils de la main droite ; à sa droite, Isaac regarde le ciel, la main gauche posée sur la poitrine et la main droite désignant le bûcher. Armoiries de Noailles surmontées d’une couronne princière et entourées des colliers des ordres de Saint-Michel, du Saint-Esprit et de la Toison d’Or : De gueules à la bande d’or.
I : avant toute lettre. État non décrit à ce jour ; (Londres, BM, French XVIIIe, à P. Drevet, mounted)
II : l’état décrit ; (BNF, Est., Ed 99c rés., in-fol. - Paris, ENSBA, fol. 369 rés., t. I - Caen, MBA - Amsterdam, Rijks - Dresde, SK - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Vienne, ABK, Kupferstichkabinett)
III : les mots : rüe S t . Iaque à l’Annonciation ont été supprimés dans l’adresse (Francfort, Städel - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Vienne, Albertina) ; correspond au deuxième état de Firmin-Didot.
Épreuves non consultées : Strasbourg, Musées, Estampes - Genève, MAH, Estampes.
Fils du peintre Noël Coypel (1628-1707) et de Madeleine Hérault (1641-1682) également peintre et fille de peintre, Antoine Coypel (Paris 1661-id. 1722), baigne dès onze ans, dans un milieu artistique intense. Il accompagne son père nommé Directeur de l’Académie de France à Rome d’où ils repartent trois ans après, pour regagner Paris en 1675 1 . Antoine est reçu à l’Académie dès 1681, élu adjoint à professeur en 1684 et obtient le titre de premier peintre de Monsieur le duc d’Orléans en 1688. Il est élu professeur à l’Académie en 1692, obtenant son brevet de premier peintre du Roi en 1716. Il meurt aux Galeries du Louvre en 1722 2 . Dans la querelle qui opposa Rubénistes et Poussinistes à la fin du dix-septième siècle, l’œuvre d’Antoine Coypel le place dans les rangs des premiers par la richesse de son coloris et la volubilité de son pinceau, plutôt que parmi les tenants du classisisme de Poussin.
La dédicace est adressée à Anne-Jules de Noailles, fils d’Anne de Noailles, né le 5 février 1650. En 1677, par démission de son père, il devient maréchal de camp, duc de Noailles et pair de France. Il est fait chevalier des ordres du roi en 1688 et reçoit le bâton de maréchal de France en 1693. Nommé vice-roi de Catalogne en 1694, il meurt à Versailles en 1708, âgé de cinquante-neuf ans. Il eut vingt-et-un enfants de son épouse Françoise de Bournonville, la plupart morts en bas âge, excepté Adrien Maurice (cat. P. Dr. n°49), son second fils 1 .
Le tableau original n’est plus connu à ce jour. Une copie en réduction existe à Valenciennes, au Musée des Beaux-Arts. Une autre copie en largeur et en sens inverse du tableau de Valenciennes se trouve à New York (collection particulière). Mais le tableau qui a servi de modèle à Pierre Drevet se présentait en hauteur et mesurait 8 pieds, 7 pouces, 8 lignes de haut sur 6 pieds, 8 pouces, 9 lignes de large 2 . Il a été exposé au Salon de 1704 3 .
Pierre Drevet a certainement vu le tableau soit au Salon de 1704, soit dans l’atelier de Coypel. S’il a pris quelques libertés pour le rendu de l’arbre et des nuages, il a, en revanche, parfaitement respecté l’œuvre et la pensée du peintre pour l’expression des deux personnages, la luminosité qui nimbe le jeune Isaac et la tête d’Abraham. L’estampe se présente en contrepartie du tableau de Valenciennes.
Pierre ne se trouvait probablement plus rue Saint-Jacques à l’Annonciation pour le tirage du troisième état puisque l’adresse a été enlevée. Deux hypothèses se présentent : soit il était établi aux galeries du Louvre, mais dans ce cas il aurait inscrit cette adresse, soit, ce qui est plus probable, il s’agit d’un tirage tardif réalisé par Claude Drevet, après la mort de son oncle et celle de son cousin. En effet, le cuivre avait été conservé par Claude Drevet car il figure au catalogue de sa vente; une épreuve dite très belle, est inscrite aux côtés de celle de l’Annonciation dans cette même vente, sous le numéro 98. Le cuivre figure dans l’inventaire après décès de Pierre-Imbert Drevet 4 .
Lorsqu’il travaillait chez Drevet, Simon Vallée, avait copié et gravé ce sujet d’après la gravure de Pierre et sous sa conduite. Selon Mariette, l’estampe était présentée dans un « cadre cintré, et Pierre Drevet y avait mis son « excudit ». L’estampe de Vallée est inconnue de l’Inventaire du Fonds Français. Cependant une épreuve existe à Paris, à l’École nationale supérieure des Beaux Arts (voir cat., chapitre Gravures achevées par Pierre Drevet). Une épreuve en contrepartie de celle de Drevet et sa contre-épreuve existent aussi dans deux collections particulières à Paris 5 . Le même sujet d’après Coypel a été gravé pour des ouvrages par de nombreux artistes étrangers 6 .
Joubert inscrit une première estampe à l’œuvre de Pierre et une seconde à l’œuvre de Pierre-Imbert. Il a, sans doute, attribué à Pierre-Imbert la copie réalisée par Simon Vallée.
Quatre estampes, le Sacrifice d’Abraham, le Mariage de la Vierge, l’Annonciation gravés par Pierre et Adam et Eve gravé par Pierre-Imbert, faisaient partie d’un recueil contenant des estampes d’après Raphaël, Dominiquin, Ph. de Champaigne, Poussin, Le Sueur, Mignard, Le Brun, Jouvenet, Antoine Coypel… recueil mentionné dans le Catalogue de la vente du Cabinet de M. Detienne en 1807.
L’estampe encadrée a été vendue quarante livres, et le cuivre quatre-vingt-douze livres à la vente de Claude Drevet, en 1782.
(Voir volume I : pp. 69, 76, 183, 259).
bibliographie
Mariette 1740-1770,III, folios 49 r° n° 3, 49 v° n°18 ; Moreri 1759, VII, pp 1053-1054 ; Strutt 1785-1786, P.-I. Dr, I, p. 263 ; Huber et Rost 1804, P-I.Dr., p. 8, n° 4 ; Paignon-Dijonval 1810, 7664 ; Joubert 1821, I, pp. 435, 439 ; Nagler 1836, III, p. 477 ; Le Blanc 1856, II, P.Dr. n° 1 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 1 ; Portalis et Béraldi 1881, p. II, p. 21; Bellier et Auvray 1882, I, pp. 314-315 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Mireur 1910, II, p. 543, 548 ; Audin et Vial 1919, p. 286 ; Weigert 1938, p. 234 ; IFF XVIII e 1951, VII, P.Dr,. n° 1 ; Garnier 1989, pp. 3-7, 156 n° 98, fig. 283, 258-268 ; Wildenstein, 95 ; Thieme et Becker-Saur, 1999, XXII, pp. 97-99, 2001, XXIX, p. 409.
catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur) :
Claude Drevet 1782, p. 7, n° 24, p. 12, n° 98, p. 20, n° 203, ; Saint-Céran 1790, n° 125 ; Detienne 1807, p. 26-27 ; Guiot 1823, p. 23, n° 73.
catalogues d’expositions
Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre… en la présente année 1704, à Paris, J.-B. Coignard, 1704.,p. 14.
Garnier 1989, pp. 3-7, 258-268.
Bellier et Auvray 1882, I, pp. 314-315.
Moreri 1759, VII, pp 1053-1054.
Garnier 1989, p. 156, n° 98, fig. 283.
Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre… en la présente année 1704, p. 14.
Weigert 1938, Inventaire après décès de Pierre-Imbert Drevet, p. 234.
Garnier 1989, p. 156, n° 98.
Garnier 1989, ibid.