12. la famille de darius aux pieds d’alexandre,d’après Pierre Mignard

S. d. [peu après 1707]

Burin en deux cuivres

au tr. c. : H. 0,625, L. totale : 0,910 ; épr. de g., L. 0,430 ; épr. de dr., L. 0,480

A la cuvette : H. 0,685, L. totale : 0,930 ; épr. de g., L. 0,438 ; épreuve de dr., L. 0,492

Épreuve de g., sous le tr.c., à g., : P. Mignard prim’ Reg. pictor pinxit ; au-dessous : superatis hostibus est abstinere. ; plus bas, on lit l’explication du sujet en latin : Triumphantibus ad issum Macedonibus, pulcherrimum hoc Alexandri beneficium in matrem uxoremque Darij, & duas filias // virgines captivas extitit, quod, earum fortunâ permotus, nihil neque audirent, neque suspicarentur crudele vel inhonestum. // sous le texte : Se vend à Paris chez P. Drevet graveur du Roy rüe S t . Jacques pres S t . Yves à l’Annonciation. Avec Privilege du Roy. ; épreuve de dr., sous le tr. c., à dr. : G. Edelinck eques in aes incidere coepit. // P. Drevet Reg. Calcograp. perfecit. ; au-dessous, traduction du texte en latin : la moderation est vne seconde victoire . // Après la bataille d’Jsse, la mere, la femme et les filles de Darius, se trouvèrent prisonnières dans le camp des Macedoniens ; et Alexandre // touché du malheur de ces princesses vint lui-mesme les assoîrer qu’elles n’avoient rien à craindre de honteux ou de cruel de la part des vainqueurs. ;

La scène se passe sous une tente dont l’ouverture se trouve sur l’épreuve de droite. Sur l’épreuve de gauche, des femmes, jeunes et moins jeunes, suivies de serviteurs, se pressent pour implorer grâce. Elles sont, pour la plupart, à genoux, exceptée une qui se tient debout au centre de l’estampe. Sur l’épreuve de droite et à gauche, la première d’entre elles, probablement la mère de Darius, agenouillée devant Alexandre, le supplie le bras droit tendu. Alexandre, accompagné d’un officier, s’avance vers elle. À l’arrière-plan, on peut voir, devant des tentes, un groupe de soldats armés de lances.

Un seul état connu : l’état décrit ; (BNF, Est., AA5 rés., à Drevet - Bruxelles, BR, Estampes)

Destiné à la médecine par son père, Pierre Mignard (Troyes 1612-Paris 1695) se montre si habile à dessiner les portraits des malades visités qu’il est envoyé à Bourges chez un peintre nommé Boucher. De là, il étudie pendant deux ans les antiques et les œuvres du Primatice à Fontainebleau. De retour à Troyes, il travaille à Paris dans l’atelier de Vouet. Le jeune-homme ayant décidé de faire le voyage d’Italie, arrive à Rome en 1636. Ce séjour devait durer vingt-deux ans au cours desquels il excella dans le portrait, bien que peintre d’histoire. Alors qu’il venait d’épouser une belle romaine, fille d’un architecte, Louis XIV le rappelle à Paris où il lui est présenté par Mazarin. Mignard brosse alors les portraits du roi, de la reine-mère et de la cour. Son inimitié pour Le Brun lui fait préférer l’Académie de Saint-Luc à l’Académie Royale de peinture. En 1687, le duc d’Orléans le nomme son premier peintre et Louis XIV l’anoblit. Après la mort de Le Brun en 1690, il est nommé premier peintre du roi et directeur des manufactures 1 . Parmi les œuvres de Mignard qui ne sont pas des portraits on peut citer la fresque de la coupole du Val de Grâce et la Famille de Darius « qu’il ne fit que pour opposer à celui de Le Brun 2  ». Il meurt le 30 mai 1695 à l’âge de quatre-vingt-cinq ans 3 .

Mignard brosse le tableau en 1689 sur une commande de Louvois. Après le décès du ministre, le tableau est vendu en 1691 4 . Acquis par les Villeroy, on le retrouve à l’archevêché de Lyon sous François-Paul de Villeroy (1677-1731, voir cat. P. Dr., n° 80), sacré archevêque en 1714 1 . En 1770, Dezallier signale que la toile se trouve au Louvre, dans la galerie d’Apollon 2 . Elle est actuellement conservée à Saint-Petersbourg, au musée de l’Ermitage.

Nous savons par Mariette que cette « planche avoit été commencée de graver par Gérard Edelinck, mais ce graveur étant mort et l’ayant laissée imparfaitte, elle a été rachevée par Pierre Drevet le père d’après le tableau peint par Pierre Mignard ». Les propos recueillis dans les Mémoires inédits précisent qu’Edelinck « étoit mort le 3 avril 1707, temps au-quel il gravoit les Statues de Versailles, et la Famille de Darius de Mignard, que M. Drevet le père a terminée... 3  ». La planche a donc été achevée par Drevet après le 3 avril 1707. Le tirage de l’estampe a dû intervenir rapidement après la mort de celui-ci 5 . L’estampe se présente dans le sens contraire du tableau.

Les deux cuivres ont été prisés cinq cents livres dans l’inventaire après décès de Pierre-Imbert Drevet en 1739 4 . Ils avaient été conservés par les Drevet jusqu’en 1782 puisqu’ils figurent au catalogue de la vente de Claude. Leur prix de vente n’a atteint que deux cent quarante livres à cette vente 5 .

On retrouve l’estampe en deux planches dans un recueil ayant appartenu à M. Detienne et décrit dans le catalogue de sa vente en 1807. Ce recueil contenait vingt gravures d’après Girard Audran, Étienne Baudet, Pierre Drevet, Alexis Loir, Jean Pesne, Jean-Baptiste Poilly, Claudine Bouzonnet-Stella.

La Réserve du Département des estampes de la Bibliothèque nationale de France a acquis en juin 2000, les deux cuivres de La Famille de Darius, provenant du fonds Hautecoeur qui les tenait du fonds Basan (vente du fonds Basan : 1798), Basan lui-même les ayant peut-être acquis à la vente de Claude Drevet en 1782.

Une composition sur le même sujet, connue sous le nom de la Tente de Darius, peinte par Ch. Le Brun, a été également gravée par Edelinck. Ces deux estampes ont été décrites, dans l’œuvre de ce graveur, par Robert Dumesnil 6 .

(Voir volume I : pp. 62, 69, 77, 113-114, 185).

bibliographie

Mariette 1740-1770, III, f° 49 r°, n° 12 ; Dezallier 1745, II, pp. 275-282 ; Dezallier 1770, p. 56 ; Paignon-Dijonval 1810, p. 221, n° 6313 ; Joubert 1821,I, p. 435 ; Nagler 1836, III, p. 476 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr.,n° 12 ; Dussieux & coll. 1854, II, p. 58 ; Robert-Dumesnil 1835-1871, VII, pp. 201-203 ; Firmin-Didot 1876, P.Dr., p. 9 n° 11 ; Fidière 1883, p. 57, CXIX ; Mireur 1910, II, pp. 532, 543, 548 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Thieme et Becker 1930, XXIV, p. 546 ; Weigert 1938, p. 241 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 10 ; Clapasson 1741, repr. Chomer et Perez 1982, p. 191 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, pp. 409.

catalogues de vente (complément au Dictionnaire Mireur)

Claude Drevet 1782, p. 23, n° 242 ; Bazan 1798, p. 114, n° 517 ; Detienne 1807, p. 28.

catalogues d’expositions

Catalogue de l’Exposition Paris, Musée du Louvre, 1990, janv.-avr., p. 19 .

Notes
1.

Dezallier 1745, II, pp. 275-282.

2.

Dezallier 1770, p. 56.

3.

Fidière 1883, p. 57, CXIX.

4.

Catalogue de l’Exposition « Le peintre, le roi, le héros. L’Andromède de Pierre Mignard » Paris, Musée du Louvre, 17 janv.-23 avr. Paris, 1990, dossier n°37 du Département des peintures, p. 19.

1.

Clapasson 1741, repr. Chomer et Perez 1982, p. 191.

2.

Dezallier 1770, p. 56.

3.

Dussieux et coll. 1854, II, p. 58.

5.

Drevet s’était procuré bon nombre de cuivres de cet artiste après la mort de celui-ci. Voir vol. I, pp. 113, 114.

4.

Weigert 1938, p. 241.

5.

Catalogue de la vente de Claude Drevet 1782, p. 23, n° 242.

6.

Robert-Dumesnil, 1835-1868, VII, p. 202.