15. jacques françois edouard stuart , prince de Galles, dit Le Prétendant , d’après Nicolas de Largillierre

S. d. [1700, avant la mort de Jacques II]

Burin ; traits échappés en ht. à dr

H. 0,483, L. 0,368 au dessin. H. 0,488, L. 0,373 à la cuvette

Dans l’image à g., sur la décoration de l’ordre de la Jarretière, on peut lire : Honi [sic] soit qui mal y pense ; sur le pourtour de l’ovale : princeps walliæ; au-dessous de l’ovale, dans un philactère, la devise : Ick Dien [Je sers] ; dans l’image, en bas, entre les deux bras du philactère : à g., N. de Largillierre pinx. ; à dr., P. Dreuet Sc. ;

En buste, légèrement tourné à g., le regard de face, l’enfant porte des cheveux bouclés, une large cravate de dentelle et la décoration de l’ordre de la Jarretière.

I : avant la lettre mais avec la devise dans le philactère ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; Da 58, in-fol., vol. 3 ; N3, in-fol., vol. 43, Mf D288907 - Londres, BM - Londres, V&A - Stockholm, Nm)

II : l’état décrit, avec des reprises : ajout de tailles sous les yeux et dans les sourcils ; (BNF, Est. : Ed 99a, rés., in-fol. ; N3 in-fol., vol. 43, Mf D288908 - Londres, BM - Londres, V&A, E 251-1965 - Stockholm, Nm)

Épreuves non consultées : Caen, MBA - Bologne, PN, GDS. - Dresde, SK

Le prince de Galles, dit le Premier Prétendant, (Londres 1688-Rome 1766), était le neveu de Charles II d’Angleterre et le fils du roi Jacques II et de Marie de Modène. Il suit son père, converti au catholicisme et allié à Louis XIV, pour un exil en France. Le prince de Galles a donc grandi en France, au château de Saint-Germain-en-Laye. A la suite du décès de son père à Saint-Germain-en-Laye en septembre 1701, le prince de Galles est reconnu roi d’Angleterre d’Ecosse et d’Irlande sous le nom de Jacques III par Louis XIV, Philippe V d’Espagne et le pape. Guillaume III, prince d’Orange, et l’Europe se sont émus de cette reconnaissance par la France, la considérant comme une injure 1 . Dangeau rapporte : « Vendredi, 16 septembre 1701… M. le Nonce a reconnu de la part du Pape, le prince de Galles roi d’Angleterre ; il prendra le nom de Jacques III, et sera Jacques Septième d’Ecosse… Mardi 20 septembre 1701... Le roi en sortant de dîner alla à Saint-Germain voir le nouveau roi d’Angleterre Jacques III … La reine demeurera toujours à Saint-Germain avec le roi, son fils et la princesse sa fille 2 ». Jacques III tente vainement de reconquérir militairement son trône par les campagnes de 1708-1709 et de 1715-1716. Finalement il décide de s’exiler en Italie et épouse Marie-ClémentineSobieska (cat. P.-I. Dr., n° 14) à Rome le 3 septembre 1719 3 . Son fils aîné Charles Edouard, tenta de remonter sur le trône d’Angleterre en 1745, mais ce fut en vain 4 .

Fils du chapelier Jean-Antoine et de Marie Migeon, Nicolas de Largillierre (Paris 1656-id. 1746) est baptisé à l’église Saint Barthélemy de Paris, le 10 octobre 1656. Sa famille se transporte quelques années plus tard à Anvers, patrie de Rubens à qui Largillierre a rendu hommage durant sa vie. Il est reçu maître à la Gilde d’Anvers en 1672. Parti pour Londres, il entre en 1674 dans l’atelier du portraitiste Van der Faes appelé communément Peter Lely ; ce séjour londonien décidera de sa vocation de portraitiste. Agréé en 1683, il est reçu à l’Académie en 1686 comme peintre de portait et d’histoire avec le Portrait de Charles Le Brun, assis et peignant. En 1699, il épouse Marie-Elisabeth, fille du paysagiste Jean Forest, et expose au premier « Salon » de l’Académie du Louvre. Nommé la même année par l’Académie adjoint à professeur, en 1705 professeur, en 1722 recteur, il est élu en 1733 chancelier puis directeur en 1738. Admiré et aimé, Nicolas de Largillierre meurt à Paris le 20 mars 1646 dans sa quatre-vingt-dixième année 1 . Il était connu de son vivant pour posséder une collection exceptionnelle de « curiositez 2 »

Le tableau original, représentant le petit prince et sa sœur Louise-Marie-Thérèse dans le parc de Saint-Germain-en-Laye, se trouve à Londres, à la National Portrait Gallery, daté 1695. Une copie anonyme, d’après Nicolas de Largillierre, du petit prince représenté seul dans un ovale, se trouve actuellement en Ecosse, dans une collection particulière 3 . Cette copie, d’un format facile à transporter, présente un nombre important de similitudes avec la gravure de Drevet et pourrait, si elle a été réalisée à cette époque, avoir servi à Pierre. Cependant, le graveur a pu copier le modèle lorsque le grand tableau se trouvait encore dans l’atelier de Largillierre, ce qui est vraisemblable.

Firmin-Didot fait erreur en indiquant, sans autre précision, que la « planche » a probablement été gravée vers 1705, d’après le portrait peint par Largillierre en 1695, représentant le prince et sa sœur Louise-Marie. En fait le portrait a été gravé avant septembre 1701 date à laquelle le prince a été reconnu par Louis XIV, Philippe V d’Espagne et le Pape comme successeur de Jacques II son père, sous le titre de Jacques III. En effet, le personnage représenté est celui d’un enfant d’une douzaine d’années, correspondant, pour le prince, à l’année 1700. En outre, le titre royal aurait été inscrit sur le pourtour de l’ovale si la gravure avait été exécutée après septembre 1701, sachant qu’à l’époque, le portrait gravé de tels personnages était habituellement le support d’événements récents dont la communication était de portée nationale ou internationale. De plus, les commanditaires ou les graveurs, généralement opportunistes, n’auraient pas commandé ou réalisé un portrait au nom du Prince de Galles alors que celui-ci venait d’être reconnu roi par les rois de France et d’Espagne ainsi que par le Pape.

L’estampe se présente dans le sens inverse du tableau. La pose de l’enfant est naturelle et le burin de Pierre Drevet n’a pas altéré la fraîcheur du portrait peint. Le graveur donne ici le meilleur de son art 4 .

Gravé également par Edelinck d’après François de Troy : Aetatis suae 12, donc en 1700.

(Voir volume I : pp. 67-68, 75, 168).

bibliographie

Larrey 1707-1713, IV, p. 403 ; Mariette 1740-1770, III,f° 47 r°, n° 49 ; Lacombe 1769, II, pp. 260-267 ; Paignon-Dijonval 1810, 7308 ; Soulié, Dussieux et coll. 1854, Dangeau 1684-1720, VIII à XVI  ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 63 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 13 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n°400 ; Pradel (Du) 1878, I, p. 239, II, p. 95 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 18, n° 25 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Mireur 1910, II, p. 534, 538 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Duportal 1926,5 p. 32, pl. IV ; Pascal 1928, pp. 1-14 et p. 69 n° 133-135, pl. XXV ; Thieme & Becker 1928, XXII, pp. 382-384  ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 52 ; Rosenfeld 1982, pp. 207-208, n° 41 ; Coirault 1983, II, p. 142 ; Turner et Macmillan 1996, XVIII, pp. 787-790; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

Notes
1.

Saint-Simon cf. Coirault 1983, II, p. 142.

2.

Soulié, Dussieux & coll. 1854, Dangeau 1684-1720,VIII, 194 ; VIII, 196-197 

3.

Voir Larrey 1707-1713, IV, p. 880.

4.

Voir aussi Lacombe 1769, II, pp. 260-267.

1.

Pascal 1928, pp. I-14. Voir aussi Brême, 2003-2004, « La vie et l’œuvre de Nicolas de Largillierre ».

2.

Pradel (Du) 1878, I, p. 239, II, p. 95.

3.

Tableau de 1695 :inv. NPG. 976, dimensions : H. 1,928 m, L. 1,457 m. Dimensions de la copie : H. 0, 24 m, L. 0, 18 m.Je dois ce renseignement à M. Paul Cox, conservateur, Heinz Archive & Library, National Portrait Gallery, à Londres. Voir annexes, vol. III, pp. 128,129.

4.

Voir annexes, vol. III, pp. 128-129.