17. philippe v d’ Espagne , d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. [1702 : 1er état ; vers 1762 : 2e état]

Burin

H. 0,528, L. 0,368 au tr. c. ext. ; H. 0,537, L. 0,377 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale : don phelipe V. por la gracia de dios rey de las espanas ; sur le b. ext. de l’ovale, de part et d’autre de la couronne royale surmontant les armes : à g., Hyacinthus Rigaud pinxit ; à dr., Petrus Dreuet Sculp. rue du Foin ;

En buste, le corps et la tête tournés de trois quarts à gauche, le regard de face, le visage entouré d’une imposante perruque, le jeune roi retient son manteau du bras gauche dont la main est posée sur la hanche. Il porte le grand cordon et le collier de la Toison d’Or. Les armoiries sont entourées des colliers de l’ordre du Saint-Esprit et de la Toison d’Or.

I : l’état décrit  ; (BNF, Est. : Ed 99 a rés.,in-fol. ; AA 4,à Drevet  ; Da 62, in-fol., Mf E066748 ; Paris, ENSBA, fol. 1439, rés., p. 7)

I bis : Une épreuve du même état présente le texte suivant, de part et d’autre d’un cartouche aux armes de France, dans un cuivre rapporté sous le tr. c., dont la hauteur est de 4,9 cm : Présenté à Monseigneur - Le Duc de Bourgogne // Par son très humble, tres obeïssant, // et tres soumis Seruiteur, Hiacinthe Rigaud. en 1702. – (Francfort, Städel - Londres, BM - Londres, V&A - Madrid, RB, Patrimoine National - Philadelphie, MA - Rome InG, Farnesina, 53781- Rome Casanatense, 20 B.I.94/46.)

II : cuivre retouché et crevé dans le bas ; sous le tr.c. : Aparis chez Bligny Doreur et Vitrier, Cour du Manège aux Thuilleries ; (BNF, Est. : N3, in-fol., vol. 76, Mf D 291441 Francfort, Städel - Londres, V&A) ; épreuve non inscrite à l’IFF.

Épreuves non consultées : Amsterdam, Rijks - Bruxelles, BR, Estampes - Dresde, SK.

Biographie de Rigaud : voir cat. P. Dr. n° 117.

Le roi désirant faire réaliser le portrait de son petit-fils avant son départ pour l’Espagne 1 , il en fait la demande à Hyacinthe Rigaud. Celui-ci exécute une première ébauche le 1er décembre 1700, lors d’une séance de pose signalée par le Mercure Galant 2 . Le peintre inscrit ce tableau dans son Livre de Raison à l’année 1701, date sans doute de l’achèvement du portrait. Il termine le tableau sans le modèle, puisque Philippe V part pour l’Espagne le 4 décembre 1700. Ayant pris le deuil de Charles II d’Espagne, le nouveau roi est représenté vêtu de noir 3 , en costume de cour espagnol, costume qui paraît désuet par rapport à la mode française de l’époque. Van Hulst, évoquant Rigaud, rapporte : « Sa réputation étant venue jusqu’au roi, par le portrait qu’il avoit fait de Monseigneur commandant devant le siège de Philisbourg, il eut l’honneur en 1700, d’être nommé par sa Majesté pour peindre Philippe V, roi d’Espagne, son petit fils, quelques jours avant son départ pour aller prendre possession de ses royaumes 4 ».

Rigaud expose le portrait au Salon de 1704 1 . Le tableau original se trouve aujourd’hui au musée du Louvre 2 ; il est conservé en répétition au musée national de Versailles et de Trianon 3 . Une réplique à mi-jambes, datée de 1701, se trouve à Madrid, au musée du Prado 4 . Le dessin préparatoire très abouti, qu’a fait Rigaud, qui a servi probablement pour la gravure, est conservé à New London, The Lyman Allyn Museum 5 .

La lettre indique que Drevet habite encore rue du Foin lorsqu’il exécute les tirages. Il quitte cette adresse pour la rue Saint-Jacques à l’Annonciation à Noël 1702 6 . Le tableau ayant été terminé au début de l’année 1701, la gravure a donc été exécutée rapidement entre 1701 et la fin de l’année 1702, contrairement à Van Hulst et Mariette qui indiquent 1703. Le second état à l’adresse de Bligny n’a pu être tiré avant 1662, année à partir de laquelle l’activité de Bligny est attestée 7 . Celui-ci a emprunté le cuivre à Claude Drevet pour éditer le Recueil des Portraits de la Famille royale et des autres princes, des ministres, et des hommes illustres de l’Europe, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, gravés par les meilleurs artistes et suite d’autres gravures qui se vendent A Paris, chez Bligny, lancier du Roi, Cour du manège aux Thuilleries [sans date, in-fol.] 233 portraits par Morin, Le Beau, Cathelin, Gaucher, Littret, Edelinck, Duflos, Drevet, Ingouf etc. 8

L’estampe se présente dans le même sens que le portrait peint. L’abbé Lelong ajoute au terme « beau » une liste des graveurs qui ont réalisé, après Drevet, le portrait du jeune roi d’après Rigaud : Poilly, Landry, Mariette, Edelinck, Desrochers, Vermeulen, Duflos… Il existe également une estampe de Simonneau en très petit format (voir BNF, Estampes, œ uvre de Rigaud).

Le Mercure de France d’août 1702 mentionne une thèse dédiée à Philippe V et soutenue au collège des Jésuites de Reims par M. Delvaux de Frias 9 . Cette thèse n’ayant pas été retrouvée, on ne sait si c’est le portrait de Philippe V, d’après Hyacinthe Rigaud, qui en ornait le frontispice.

Le cuivre ainsi que quatorze épreuves ont été adjugés vingt-sept livres à la vente de Claude Drevet en 1782.

(Voir volume I : pp. 54, 75, 147, 168, 176-177).

bibliographie

Le Mercure Galant, 12/1700, pp. 202-203 ; Larrey 1718, I, pp. 418-423, II ; 450-459  ; Mariette 1740-1770, III ; f° 47 r°, n° 48, VII, f ° 11 ; Gori 1771, I, p. 364 ; Lelong 1775, p. 181 ; Huber et Rost 1797, VIII, p. 4 ; Paignon-Dijonval 1810, 7477  ; Nagler 1836, III, p. 476 ; Soulié, Dussieux & coll. 1854, Dangeau 1684-1720,VII, pp. 418-448 ; Dussieux & coll. 1854, II, pp. 118, 181 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr.,n° 51 ; Villot 1855, p. 476 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 41 ; Firmin-Didot 1875-1877, P.Dr , n°424 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 20 n° 41 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Engerand 1899, p. 464 ; Marcel, 1906, p. 246 ; Mireur 1910,II, pp. 534-536, 538, 540 ; Cohen 1912, p. 164 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 559 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 84-85, 89 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Brière, 1924, p. 782 ; Thieme et Becker 1934, XXVIII, p. 350 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr.,n° 101 ; Luna 1978, pp. 188-190 ; O’Neill 1984, p. 188 ; Préaud 1987, p. 56 ; Ahrens 1990, p. 213 ; Bottineau 1962, rééd. 1993, pp. 130-131 ; Constans 1995, II, p. 756, n° 4265 ; Posner 1998, pp. 79-89 ;  Brême 2000, p. 38 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur

Claude Drevet, 1782, p. 24, n° 267 ; Marron 1832, p. 21, n° 98.

catalogues d’expositions

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre…en la présente année 1704, à Paris, J.-B. Coignard 1704, p. 8.

Catalogues Expositions de Paris : 1955 : n° 239, 1957-1958 : n° 73, 1958 : n° 35, 1960  : n° 663, 342 ;

Catalogue Expositions de Bordeaux, Paris, Madrid 1979-1980, n° 27. Catalogue Exposition de Sceaux, 1993, n° 26.

Notes
1.

Voir Posner 1998, pp. 79-89 : The genesis and political purposes of Rigaud’s portraits of Louis XIV and Philip V

2.

Mercure Galant, décembre 1700, p. 202-203.

3.

Le vêtement de deuil des rois français et anglais était violet. Voir Soulié, Dussieux & coll. 1854, Dangeau 1684-1720, VII, p. 426, voir annexes, vol. III, p. 70, n° 14.

4.

Dussieux & coll. 1854, II, p. 118.

1.

Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre…, en la présente année 1704, à Paris, J.-B. Coignard 1704, p. 8.

2.

Inv. n° 7499, H . 2,20 ; L. 115. Voir Rosenberg, Reynaud, Compin 1974, p. 82, n° 720, p. 215.

3.

Inv. n° 7499 ; B 2288. Voir Constans 1995, II, p. 756, n° 4265.

4.

Luna 1978, Gazette des Beaux-Arts,VIe période, t. 91, mai-juin 1978, pp. 188-190.

5.

Pierre noire, encre noire, rehauts de blanc sur papier bleu, dimension : H. 0,605 ; L. 0415. Voir Brême 2000, p. 38.

6.

A. N., m.c., ET/XLIX/425, voir annexes, vol. III, p. 14.

7.

Préaud 1987, p. 56.

8.

Vente Destailleur, 1891, n° 451. Voir Cohen 1912, p. 164.

9.

Pages 117-119. Ce renseignement m’a été transmis par madame Véronique Meyer que je remercie.