S. d. [Entre 1694 et début 1696 : 1er état ; fin 1696/1697 : 2e état ; 1703 : 3e état ; 1704 : 4e état d’après Rigaud ; après 1704 : 5e état]
Burin ; traits échappés, en bas, b. g.
H. 0,570, L. 0,442 au tr. du dessin ; H. 0,580, L. 0,452 à la cuvette
Sur le pourtour de l’ovale posé sur une console : ludovicvs magnus franciÆ et navarrÆ rex christianissimus. ; sur le b. de l’ovale, en bas, de part et d’autre du cartouche armorié : fait. par - Dreuet. ; sur la face de la console, de part et d’autre du cartouche : Et se vend à Paris - Chez ledit Dreuet // Rue du Foin - Vis a Vis les Mathurins [mention manuscrite à l’encre grasse : 1696]
Dans un ovale, tourné de trois quarts vers la droite, le regard de face, le roi est revêtu d’une armure, la tête couverte d’une longue perruque. Au centre de la console : les armes de France surmontées de la couronne royale, de la main de justice et du sceptre, entourées des colliers de l’ordre de Saint Michel et du Saint-Esprit.
I : Avec l’adresse suivante : Et se Vend à Paris Chez ledit Dreuet // Rue Saint Jacques Vis a Vis les Mathurins // a l’Image Saint Prosper ;(Vienne, Albertina, Fr. I, 31)
II : l’état décrit avec l’adresse Rue du Foin. Travaux au centre de la perruque tendant à réduire la raie ; retouches dans les boucles bordant le front ; (BNF, Est. : Ed 99d rés., gr.in-fol. ; N4, à Louis XIV - Londres, V&A - Vienne, Albertina)
III : sur le b. de l’ovale, de part et d’autre de la couronne royale : fait par - Dreuet rue S Jacques a l’Annonciation. ; sur la face de la console, la dédicace : Offerebat Provincia - Provencæ Minimorum // Pro Comitis generalibus - Massiliæ Celebrandis anno 1703. Traduction du texte en latin : Offert par la Provence au Provincial des Minimes à l’occasion des Assemblées générales à tenir à Marseille en l’an 1703. Le visage a été vieilli par différents travaux : rides sur le front, sous les yeux, autour de la bouche, sourcils plus nourris ; la perruque a été élargie sur le côté droit ; des boucles de cheveux ont été ajoutées à gauche ; ajout de contre-tailles à dr., sur le manteau à hauteur d’épaule ; (BNF, Est. : Ed 99d rés., gr. in-fol. ; N4, à Louis XIV - Londres, V&A)
IV : la dédicace a été effacée ; on en devine les traces. Sur le b. de l’ovale : à g., Hya. Rigaud pinx - à dr., 1704 Dreuet rue S t jacques a l’Annonciation. Autres travaux au burin : rides du visages accusées, particulièrement autour de la bouche, sourcils broussailleux. Tailles supplémentaires dans l’ensemble de la perruque ; (BNF, Est. : Ed 99d rés., gr.in-fol. ; N4, à Louis XIV Gravelines, Dessins & Estampes - Paris, ENSBA, fol. 1439, rés., p. 3 - Francfort, Städel - Londres, V&A - Madrid, MN - Vienne, Albertina)
V : la planche a encore été retouchée ; la date de 1704 a été supprimée : elle est recouverte de tailles ; (Vienne, Albertina, Fr. I, 31)
Épreuves non consultées :Bologne, PN, G.D.S. - Caen, MBA - Dresde, SK
Biographie du roi : se reporter au catalogue, n° 18.
Biographie de Rigaud : voir cat. P. Dr,n° 117.
Les auteurs de catalogues, dont particulièrement Charles Le Blanc, veulent traditionnellement que ce portrait soit un second état du portrait précédent alors que Mariette la considère comme « une seconde gravure de la planche précédente depuis qu’elle a été remise dans une forme ovale et que Drevet y a travaillé considérablement surtout dans la teste pour la rendre plus ressemblante. »
La planche « précédente » dont Mariette parle, est celle gravée par Drevet, représentant le roi à mi-jambes devant un champ de bataille dans un cadre rectangulaire (cf. numéro précédent). Mariette envisage la gravure en ovale non pas comme une retouche de cette planche, mais comme une seconde gravure tant les modifications ont été importantes. Drevet a passé au brunissoir toutes les parties du cuivre entourant le buste pour placer le portrait dans un ovale posé sur un socle armorié. Il a rogné le cuivre d’environ 87mm en hauteur et de 65mm en largeur. Le visage a été retouché pour être rajeuni (deux premiers états). Les travaux exécutés par Drevet étant importants il convient de considérer cette estampe comme nouvelle. Le modèle reste, pour les trois premiers états, le même que pour le portrait précédent, soit le portrait de Poerson, soit un tableau de Rigaud de 1694 dont la localisation est inconnue (cf. cat. numéro précédent).
Sur le quatrième état daté de 1704, apparaît pour la première fois le nom du peintre. Le portrait a été considérablement retouché et le roi a été vieilli. Sans doute, Pierre Drevet s’est-il inspiré, pour ce quatrième état, de l’un des portraits du roi peints par Rigaud en 1701, soit en tenue d’apparat, soit en armure 1 , et a-t-il adapté la ressemblance et ajouté honnêtement le nom du peintre. Si Drevet n’a pas jugé bon d’inscrire le nom de Rigaud sur les trois premiers états, c’est que la composition était le fruit de son travail, ceci étant confirmé par l’absence de la mention habituelle Drevet sculp. remplacée par fait par Dreuet suivie de l’adresse, (cf. cat. numéro précédent.) Concernant les convictions de Maumené et d’Harcourt 2 relatives aux deux portraits de Louis XIV peints par Rigaud, se reporter au numéro suivant.
Pierre Drevet effectue les tirages du premier état dans l’atelier de Guillaume Desprez à l’Image Saint Prosper. A la fin de sa vie, Girard Audran loue un appartement rue St Jacques, a l’image St Prosper et meurt à cette adresse 3 ,mais il ne s’agissait que d’un logement. Pierre Drevet, tout en travaillant à son compte, jouit à cette époque des locaux et du matériel appartenant à Guillaume Desprez. Il ne s’installe rue du Foin que dans la seconde partie de l’année 1696. Le premier état se trouvant à l’Albertina est donc antérieur à 1696.
Trop de différences apparaissent dans le dessin et le traitement de la gravure pour que ce portrait, enchâssé dans un ovale, soit un second état du portrait de Louis XIV au champ de bataille (voir numéro précédent).
(Voir volume I : pp. 57-58, 179, 202-203).
bibliographie
Mariette 1740-1770, f° 46 v° n° 30, VII, f ° 11 ; Lelong 1775, n° 119 p. 196 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 61 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 53 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n°433 ; Mireur 1910, II, p. 534, 538, 540 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; Roman 1919, p. 38 ; Maumené et d’Harcourt 1931, XVI pp. 95-99 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 79 ; Thuillier et Châtelet 1964, II, p.136 ; Luna, mai-juin 1978, pp. 185-191.
Voir la notice suivante.
Maumené & d’Harcourt 1931, pp. 95-98.
Janand ,Lyon, 1997, I, p. 67.