S. d. [Entre 1698 et 1700]
Burin
H. 0,359, L. 0,250 au tr. c.; H. 0,372, L. 0,257 à la cuvette
Épreuve avant la lettre ; mention manuscrite à l’encre brune, en bas, sous la marque du cuivre :« Charles XI Roi de Suède ».
Armoiries : Ecartelé : aux 1 et 4, d’azur à trois couronnes d’or ; aux 2 et 3, d’azur à trois barres d’argent, au lion d’or, couronné du même, armé et lampassé de gueules, brochant sur les barres ; à la croix pattée d’or, brochante sur l’écartelé ; l’écu surmonté de la couronne royale.
Un seul état connu : l’état décrit, avant toute lettre ;(BNF, Est., Ed 99b rés., in-fol.)
Fils de Charles-Gustave X (cf. catalogue, numéro précédent), Charles XI, né en 1655, n’était âgé que de cinq ans à la mort de son père. Le conseil de régence, désigné par testament, n’a pas été confirmé par les États qui nommèrent la reine douairière et cinq dignitaires pour administrer le pays avec le sénat. Ce gouvernement ne su pas gérer convenablement les finances de l’État, augmentant arbitrairement les impôts et laissant naître la partition du pays en deux classes sociales : les nobles et le peuple. En 1672, Charles XI prend la tête du gouvernement, s’allie à la France, mais la guerre éclatant, il envahit le Brandebourg en 1674, déclanchant les hostilités de l’Allemagne, de la Hollande, du Danemark et du duc de Brunswick (cf. cat. n° 38). L’efficacité de l’armée française aidant et sur la proposition de négociation de Louis XIV, le traité de Nimègue est signé ; de plus, par le traité de Saint-Germain-en-Laye le mariage de Charles XI de Suède est déclaré avec Ulrique-Eléonore (cf. cat. n° 25), sœur de Christian V, roi de Danemark. La paix revenue en 1679, Charles XI améliore l’administration intérieure de son pays, développe les manufactures et le commerce. Les finances sont rétablies, les sciences, les lettres et les arts encouragés ; le roi fait voyager les artistes et les savants. Il meurt prématurément en 1697, laissant à son fils Charles qui lui succédera, un royaume florissant 1 . Saint-Simon et le marquis de Dangeau confèrent un tout autre éclairage à la politique et à la mort de ce roi 2 .
David Klöcker Ehrenstrahl est né à Hambourg en 1629 d’Anna Maria Ehrenstrahl, artiste peintre. A dix-neuf ans, le jeune-homme entre dans l’atelier du peintre Juriaen Jacobsz à Amsterdam et part à Rome où il travaille avec Pierre de Cortone. En 1651, on le retrouve en Suède, puis passant par l’Allemagne il retourne en Italie en 1654 d’ou il revient et devient peintre de la cour de Suède en 1661. Il peint pour les églises et les châteaux suédois et exécute des portraits de la famille royale. Il meurt en 1698 3 .
Un portrait peint par David Klöcker Ehrenstrahl, étrangement ressemblant à la gravure de Pierre Drevet, présente cependant quelques différences dans le manteau doublé d’hermine. Il se trouve à Stockholm, à la Swedish National Portrait gallery du Nationalmuseum 4 . On ne peut reprocher à Pierre Drevet d’avoir peu flatté son sujet car le peintre lui donne le même visage au menton fuyant, aux lèvres trop petites, enchâssées dans des joues trop enflées. L’estampe se présente en contrepartie du tableau.
Le cuivre est mentionné dans le Catalogue de vente de Claude Drevet. Il est répertorié avec ceux des portraits de Charles Gustave X et d’Eléonore de Suède, au nom de Pierre Drevet, dans le chapitre « peintres et dessinateurs ». Bénard, rédacteur du catalogue Paignon-Dijonval, indique que le dessin est de Pierre Drevet. Comme pour le portrait précédent et celui qui suit, le dessin a, sans doute, été réalisé par Pierre Drevet, mais le graveur s’est largement inspiré d’une miniature ou d’une copie du portrait peint par David Klöcker Ehrenstrahl, car le visage est très ressemblant. Pour ces deux raisons ce portrait est à classer dans la liste de ceux qui ont été dessinés par Pierre Drevet.
Ce portrait a été gravé conjointement avec ceux de Charles-Gustave de Suède et de Ulrique-Eléonore de Suède pour un même commanditaire, dans un format identique destiné peut-être à un ouvrage in-quarto. Les trois portraits ont été enchâssés dans un ovale placé sur un piédestal, sur un fonds orné d’une multitude de couronnes, toutes identiques.
Charles XI et le peintre étant morts respectivement en 1697 et 1698, Charles-Gustave ainsi qu’Ulrique Éléonore ayant disparus longtemps auparavant, on peut raisonnablement dater cette gravure, la précédente et la suivante de la fin du XVIIe siècle, entre 1698 et 1700 (voir cat. numéros 24 et 26).
Les cuivres des trois souverains de Suède ont été adjugés onze livres vingt sols, à la vente des biens de Claude Drevet en 1782, alors qu’ils avaient été estimés à soixante dix livres lors de l’inventaire de Pierre-Imbert Drevet en 1739.
(Voir volume I, pp. 109, 179).
bibliographie
Mariette 1740-1770, III, f° 47 r°, n° 52 ; Paignon-Dijonval 1810, 7738 ; Nagler 1836, III, p. 476 ; Michaud 1844, VII, pp. 605-607 ;Soulié, Dussieux & coll. 1854, Dangeau 1684-1720, VI, p. 106 ; Soulié, Dussieux & coll. 1854, Saint-Simon, VI, pp. 111-112 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 107 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr., n° 117 ;Audin et Vial 1919, p. 288 ; IFF XVIII e 1951, VII, P.Dr., n° 31 ; Thieme et Becker-Saur 2002, XXXII, pp. 450-452.
catalogues de ventes ( complément au Dictionnaire Mireur )
Claude Drevet 1782, n° 213, p. 21.
Michaud 1844, VII pp. 605-607.
Soulié, Dussieux & coll. 1854, Dangeau 1684-1720, VI, p. 106, Saint-Simon, pp. 111-112.
Voir Saur 2002, XXXII, pp. 450-452.
Inv. n° Nm Grh. 2265/1965 :18. Je dois ce renseignement à Anneli Magnusson, conservateur, Royal Castle collections & Swedish National Portrait gallery, Stockholm, Nationalmuseum, que je remercie.