27. louis de bourbon, dit le grand dauphin , d’après Hyacinthe Rigaud

S. d. [1701 : 1er et 2e états ; entre 1762 et 1782 : 3e état]

Burin ; un trait échappé en bas, b. g. et plusieurs en bas, b. dr. ;

H. 0,458, L. 0,339 au tr. c. ; H. 0,465, L. 0,344/5 à la cuvette

Sur le pourtour de l’ovale, de part et d’autre d’un cartouche armorié : à g., louis dauphin de france.; sur la plinthe du socle, à g. : Hyacint 9 . Rigaud pinxit ; P. Dreuet Sculp. ;

En buste et en armure, de trois quarts, tourné à gauche, le regard de face, la tête couverte d’une longue perruque dont la dernière mèche est attachée, le prince est placé devant un décor de verdure et un ciel nuageux. Armoiries surmontées de la couronne royale fermée et entourées des colliers de l’ordre de Saint-Michel et du Saint-Esprit : de France écartelé du Viennois.

I : avant la lettre ;(BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. - Londres, BM)

II : l’état décrit, avec de nouveaux travaux : quelques reprises dans la perruque à g., pour donner une plus grande précision aux boucles ; nouvelles contre-tailles pour noircir l’armure sur laquelle se détache mieux la couronne royale ; le reflet clair sur la volute droite du cartouche a été ombré, de même que le bas de l’ovale et le pan du rideau près du médaillon, pour former une ombre oblique continue depuis le bas de l’estampe à gauche jusqu’au centre du bord droit ; l’ombre portée du rideau à droite a été supprimée par des contre-tailles noircissant le fond du médaillon ; travaux dans le ciel à l’aide de contre-tailles pour faire ressortir les nuages ;

(BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol. ; Paris, ENSBA, fol. 1439, rés., p. 4 - Bruxelles, BR, Estampes - Genève, MAH, Estampes - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Stockholm, Nm)

II bis : identique au précédent mais une dédicace est inscrite au bas de l’estampe, sur un cuivre séparé, de part et d’autre des armoiries des Bourbon-Conti et Bourbon-Condé : Dedié à Son Altesse // Sérénissime Madame // la Princesse // de Conti ; plus bas à dr. : Par son très humble et très obéissant Serviteur Drevet  ; au-dessous, à g. : Se vend à Paris chez P. Drevet rue du Foin devant les Mathurins. ; (BNF, Est. : Ed 99a rés., in-fol. ; Da 62, in-fol.,p. 25, Mf E066740 [sous la signature de Drevet, la mention : 1700 à l’encre noire] ; N3, in-fol., vol. 30, Mf D287957 - Londres, BM - Londres, V&A - Philadelphie, MA - Farnesina, 53814 - Vienne, Albertina)

III : identique au second état, mais avec cette nouvelle adresse sous le tr.c., : à Paris Chez Bligny, Peintre, Doreur et Vitrier Lancier du Roi Cour du Manége au Thuillerie [sic] ; (BNF, Est., Ed 99a rés., in-fol.- Genève, MAH, Estampes - Londres, V&A - Philadelphie, MA)

Épreuves non consultées : Caen, MBA - Rouen, BM - Amsterdam, Rijks - Bologne, PN, G.D.S. - Dresde, SK - New York, MM.

Fils aîné de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse d’Espagne, Louis de France (Fontainebleau, 1661-Meudon, 1711), épouse Marie-Anne de Bavière en 1680. Dès 1681, il suit son père dans les guerres successives entreprises par celui-ci et, très jeune, s’illustre à la tête de son armée. En 1684 il l’accompagne sur le front de Flandres. La Trève de vingt ans conclue la même année avec l’empereur d’Allemagne et le roi d’Espagne ne permet plus aux jeunes seigneurs de la cour de s’illustrer par les armes. Le prince passe son temps dans les tournois et les carrousels dont l’éclat attire à Versailles les princes étrangers. Louis XIV reprenant les armes en 1688, le Dauphin se rend en Allemagne à la tête d’une armée importante dont il est nommé généralissime. Il se rend maître de Philisbourg le 1er novembre de la même année puis des villes de Wormes, Spire, Neustadt, Mayence, Manhein... Il s’empare du Palatinat pour la conservation des droits de succession de la Duchesse d’Orléans. En 1690, à la tête d’une armée considérable, il oblige l’armée impériale à repasser le Rhin. Il accompagne le roi au siège et à la prise de Mons en 1691 puis l’année suivante à celle de la ville de Namur et enfin aux Pays-Bas pour la campagne de 1693. Il obtient le commandement général des armées de Flandres en 1694 et repousse courageusement le prince d’Orange à la tête de la cavalerie. Désigné par le roi généralissime des armées de Flandres en 1709 où il doit faire campagne avec ses fils les ducs de Bourgogne et de Berry, il est emporté par la petite vérole le 14 avril 1711 au château de Meudon et inhumé sans cérémonie à Saint-Denis 1 .

Biographie de Rigaud : se reporter au catalogue P. Dr., n° 117.

Rigaudmentionne le portrait original à l’année 1697 en spécifiant que le fonds est de Parrocel. Il en reçoit deux mille livres 2 . Pas moins de sept copies ont été répertoriées pour le musée de Versailles, dont une en pied, trois à mi-jambes et trois en buste 3 . Une réplique se trouve à Madrid, au musée du Prado 4 . Le portrait original a été exposé au Salon de 1704 5 .

Ce portrait ayant beaucoup plû à Louis XIV, Rigaud est choisi par le roi en 1700 pour réaliser celui de Philippe V 6 (cat. P. Dr., n° 17). La copie en buste du musée de Versailles serait celle d’un portrait connu par la gravure de Drevet 7 . Van Hulst explique « [gravure] en buste, seulement avec un encadrement de M. Rigaud ; le fond du tableau est de Parrocel 8 » ; Mariette confirme que le tableau original représentait le prince jusqu’aux genoux : « buste sans mains tiré d’un portrait qui va jusqu’au genou [sic]». Le modèle qui a servi à Pierre Drevet était donc une réplique en pied ou à mi-corps avec un fonds différent de celui du tableau original, puisqu’il ne représentait qu’un paysage et non le siège de Philipsbourg. L’estampe se présente en contrepartie du tableau de Versailles.

D’après l’abbé Lelong, Pierre Drevet aurait gravé le portrait en 1700, ce qui est plausible, le tableau ayant été brossé en 1697. Quant à Van Hulst, il donne la date de 1701 pour l’achêvement de la gravure. On observe que Pierre dédicace l’estampe à la Princesse de Conti. Le graveur est, depuis plusieurs années, au sommet de son art, et ce portrait est à compter dans ses plus belles réalisations. La commande intervient trois ans avant son agrément à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture.

Le troisième état est beaucoup plus tardif puisque l’activité de Bligny se situe entre 1762 et 1782 9 . Celui-ci a emprunté le cuivre à Claude Drevet pour éditer le Recueil des Portraits de la Famille royale et des autres princes, des ministres, et des hommes illustres de l’Europe, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, gravés par les meilleurs artistes et suite d’autres gravures qui se vendent A Paris, chez Bligny, lancier du Roi, Cour du manège aux Thuilleries [sans date, in-fol.] 233 portraits par Morin, Le Beau, Cathelin, Gaucher, Littret, Edelinck, Duflos, Drevet, Ingouf etc. 1 .

Le cuivre et quatre épreuves ont été adjugés quinze livres à la vente de Claude Drevet en 1782.

Gravé également d’après Rigaud par Tardieu, Gaillard, Simonneau en petits formats, Lemoine en grand format (voir BNF, estampes, Œuvre de Rigaud).

(Voir vol. I, pp. 147, 166-167, 170, 202).

bibliographie

Anselme 1726, I, pp. 177-178 ; Mariette 1740-1770, III, f° 46 v°, n° 35, VII, f ° 8 ; Moreri 1759, IX, p. 207; Lelong 1775, p. 197, n° 28 ; Huber et Rost 1797, VIII p. 4 ; Paignon-Dijonval 1810, 7458 ; Nagler 1836, III, p. 479 ; Dussieux & coll. 1854, II, pp. 118, 165 ; Le Blanc 1856, II, P. Dr., n° 62 ; Firmin-Didot 1876, P. Dr.,n° 56 ; Firmin-Didot 1875-1877, P. Dr., n° 435 ; Portalis et Beraldi 1881, II, p. 19 n° 33 ; Bellier et Auvray 1882, I, p. 446 ; Potier de Courcy 1884-90, repr. Anselme 1726, IX, p. 265 ; Bryan 1893, I, p. 425 ; Engerand 1901, I, p. 622 ; Mireur 1910, II, pp. 534, 536-538, 540 ; Cohen 1912, p. 164 ; Thieme et Becker 1913, IX, p. 559 ; Soulange-Bodin 1914, pp. 6-49 ; Roman 1919, p. 59 ; Audin et Vial 1919, p. 287 ; IFF XVIII e 1951, VII, P. Dr., n° 24 ; Luna 1978, pp. 187-188  ; Rosenfeld 1982, p. 297, n° 62b ; O’Neil 1884, pp. 682; Préaud 1987, p. 56 ; Constans 1995, II, pp. 756-765 ; Brême 2000, p. 35 ; Thieme et Becker-Saur 2001, XXIX, p. 409.

catalogues de ventes (complément au Dictionnaire Mireur )

Claude Drevet 1782,p. 24n° 269 ; Paul Prouté 1960.

Notes
1.

Anselme 1726, I pp. 177-178.

2.

Roman 1919, p. 59.

3.

Constans 1995, II, pp. 756-765.

4.

Luna, GBA 1978, mai-juin, pp. 187-188.

5.

Voir Liste des tableaux et des ouvrages de sculpture, exposez dans la Grande Gallerie du Louvre…, en la présente année 1704, à Paris, J.-B. Coignard éd., 1704, p. 5.

6.

Moreri 1759, IX, p. 207.

7.

Constans 1995, II, p. 762. Numéro d’inventaire de la copie : MV 4297 B 1871.

8.

Dussieux & coll. 1854, p. 165.

9.

Préaud 1987,p. 56.

1.

Vente Destailleur, 1891, n° 451. Voir Cohen 1912, p. 164.